Nemaska Lithium: le maire Angers envoie un message au ministre Fitzgibbon

SHAWINIGAN. La déclaration du ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon à la fin du mois d’avril à l’effet qu’il existe une incertitude concernant l’usine de transformation de Nemaska Lithium soit implantée à Shawinigan a fait couler beaucoup d’encre. Au cours des derniers jours, la région s’est mobilisée afin d’appuyer Shawinigan et le maire Michel Angers n’a pas mâché ses mots à l’endroit du ministre et de son incertitude.

C’est le député libéral Monsef Derraji, qui est porte-parole officiel en matière de PME et d’Innovation, qui a questionné le ministre Fitzgibbon à la fin avril. «Il n’y a pas eu de décision où va être l’usine», avait répondu le ministre.

La décision devrait être rendue publique d’ici deux mois pour l’emplacement de l’usine.

Il faut rappeler que lors d’un premier financement avec Nemaska Lithium, le gouvernement du Québec avait injecté une somme de 75 M$. L’usine de démonstration de phase 1 a été en activité à Shawinigan de février 2017 à décembre 2019. Puis, en raison de difficulté financière, Nemaska Lithium s’est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies en décembre 2019.

En octobre 2020, la Cour supérieure a accepté la proposition d’achat du groupe composé d’Investissement Québec, The Pallinghurst Group, et Orion Mine Finance. Cette dernière entité a été désignée comme principal créancier garanti. Le gouvernement du Québec injectant à ce moment une somme supplémentaire de 300 M$, tout comme The Pallighurst Group.

«Avec l’ajout de 300 M$ par Investissement Québec dans le projet actuel, le gouvernement a plus que son mot à dire pour l’emplacement de l’usine. Deuxièment, il y a une dette morale envers tous ces petits investisseurs qui ont perdu beaucoup d’argent dans l’aventure, parce qu’ils croyaient dans l’aventure Nemaska. On est dans un moment d’effervescence en matière de développement économique et ils sentaient le besoin de faire des placements et d’appuyer le développement économique. Si l’usine allait ailleurs, ça serait une double déception. Quelqu’un qui a perdu plus de 100 000$ m’a dit que c’était une déception de perdre son argent, mais si au moins l’usine était à Shawinigan, c’est un plus pour les gens de Shawinigan malgré l’argent qu’il a perdu. Ce n’est pas seulement un enjeu économique, mais il y a l’enjeu de l’éthique aussi», opine le maire de Shawinigan Michel Angers.

Le maire indique avoir discuté avec la direction générale de Nemaska Lithium il y a quelques semaines, et tout semblait encore poindre vers l’implantation de l’usine à Shawinigan. «Le chemin de fer qui part de la mine arrive pratiquement dans l’usine. Il y a une logique derrière le fait que ce soit là. Je ne cache pas que c’était une surprise d’apprendre ça suite à l’intervention du député libéral. Je ne m’attendais pas à ça pour avoir discuté avec Pierre Fitzgibbon avant. On s’est reparlé. Il mentionne que Pallighurst n’a absolument rien contre Shawinigan.»

Les nouveaux propriétaires ont fait refaire le plan d’affaires au complet par une firme externe qui donnera ses recommandations. «Quand on fait refaire un plan, on donne les grandes lignes du plan précédent. On ne montrera pas à un vieux singe à faire des grimaces. J’ai vu neiger. Si les grandes lignes ont été données en fonction de ce qu’on connait, ça sera la confirmation que ça sera du côté de Shawinigan. Si on a donné d’autres consignes, on devra m’expliquer pourquoi. Quand on demande un plan d’affaires, ce n’est pas vrai qu’on donne une feuille blanche. J’espère qu’on prendra en considération tout ce qui a été fait à Shawinigan.»

«Je demeure optimiste, mais il y a aiguille sous roche avec le fait que le ministre ne confirme rien et qu’il veut attendre le plan. Les appuis feront sans doute réfléchir le ministre. Quand on fait de la politique, on se doit d’écouter les communautés. Je suis convaincu à 100% que le gouvernement du Québec a son mot à dire là-dedans. Jamais, jamais, jamais je ne vais croire que le gouvernement met 300 M$ et laisse le soin à l’entreprise privée de choisir les orientations. Ça aussi j’ai vu neiger là-dedans», tranche le maire Angers.

Des appuis de partout en Mauricie

Au cours des assemblées publiques de Trois-Rivières, de La Tuque, et de la MRC de Mékinac au cours de la dernière semaine, les élus ont adopté une résolution d’appui à la Ville de Shawinigan dans ses démarches auprès du ministre de l’Économie pour l’établissement de l’usine de transformation en sol shawiniganais. Le maire Angers a aussi obtenu l’affirmation de la MRC des Chenaux et de Maskinongé qu’elles allaient aussi appuyer Shawinigan.

«Ça fait une bonne pression auprès de nos députés et ministres du côté de la Mauricie. C’est un projet où on a investi beaucoup de temps et d’énergie et où la Ville de Shawinigan a vendu pas trop cher les bâtiments de l’ancienne Laurentides pour Nemaska, avec comme objectif une création de 200 emplois et de créer de l’activité économique autour de cette usine», commente le maire Angers à propos des résolutions d’appui.

«C’est une usine qui représente des investissements d’un milliard de dollars et qui pourrait entraîner la création de 200 emplois. Ça aura certainement des retombées sur notre territoire aussi. On est dans une mobilisation positive et régionale. L’objectif est de donner des outils au ministre régional pour que le projet voie le jour à Shawinigan», indique le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche.

«C’est important. Oui, on travaille pour l’agglomération de La Tuque, mais on fait aussi partie de la Mauricie. Notre région a de grands besoins, je pense que d’ajouter l’électrochimie, ça tombe dans les cordes de la ville de Shawinigan […] On y tient à ce que Nemaska Lithium fasse partie de la Mauricie et se situe à Shawinigan», a dit le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay.

Les entrepreneurs de GROUPÉ Mauricie + Rive-Sud et des Manufacturiers de la Mauricie-Centre-du-Québec ont ajouté leur appui en soutien à la Ville de Shawinigan dans sa requête auprès du gouvernement du Québec.