Nomades des temps modernes

AVENTURE. Voyager plusieurs mois par année sans être millionnaire, c’est possible? C’est le pari qu’a fait la famille Calderon, qui a changé ses priorités et revu son mode de vie pour vivre son rêve.

«Je ne pensais pas que c’était possible d’avoir cette vie», laisse tomber Andrés Daniele Calderon, assis dans l’automne québécois à l’arrière de sa roulotte, sur un camping de Notre-Dame-du-Mont-Carmel. Dans moins d’une semaine, il repart à l’aventure pour quelques mois, qui le mènera cette fois vers le Sri Lanka.

Grande voyageuse, la Shawiniganaise Eve-Marie Gélinas a croisé la route de son conjoint il y a sept ans lors d’un voyage en Inde. Né d’une mère Italienne et d’un père Costaricain, ce dernier avait adopté le mode de vie nomade depuis plusieurs années déjà.

Depuis cette rencontre, ils ne se sont plus quittés. Ensemble, ils ont voyagé de quelques semaines à quelques mois en Espagne, en Italie, au Portugal, en France, en Colombie, au Panama, au Costa Rica, dans le Nord-du-Québec, en Californie, à Hawaï, au Palaos et aux États fédérés de la Micronésie en plein océan Pacifique, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Ils ont opté pour le chemin de Compostelle lorsque leur fille Dahlia India est arrivée dans leur vie il y a deux ans et demi. Riche en émotions, ce périple transitoire de 1000 kilomètres à la marche a servi à établir les fondations de leur nouvelle famille.

Avec cette enfant, est né le désir d’une relative stabilité. Ils ont choisi de s’établir dans un camping à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, où ils habitent maintenant de mai à octobre… avant de mieux repartir. C’est du moins le plan jusqu’à ce que leur fille soit en âge scolaire.

Et après? «On verra. On vit le moment présent. Jusqu’à maintenant, la vie a bien fait les choses, je lui fais confiance», sourit Eve-Marie Gélinas.

À la recherche d’humanité

Assoiffés d’histoire et de nouvelles cultures, les Calderon apprécient particulièrement les endroits les plus reculés du monde, le contact avec la nature et les peuples indigènes.

Ils ont chassé les chauves-souris, apprêté la tortue géante, appris les traditions des peuples autochtones québécois, dormi au milieu des armements de la Deuxième Guerre mondiale abandonnés dans la jungle de Peleliu et participé à la reconstruction de l’île de Kayangel après le passage du typhon Haiyan.

À la poursuite de quoi au juste? «L’humanité, clairement. Le cœur des gens», laisse tomber Andrés Daniele Calderon.» Vivre le moment présent, s’adapter, s’ouvrir à la différence: ces années à voyager ont forgé les personnes qu’ils sont devenues aujourd’hui.

Simplicité volontaire

En voyage comme à la «maison», les Calderon vivent avec peu de moyens. «Ça ne prend pas des millions. En voyage, notre vie entre dans un sac à dos. On se satisfait de ce qu’on a, on consomme seulement le nécessaire»», explique Andrés, qui, pour rien au monde de retournerait à la routine qu’il a connue pendant dix ans comme électricien dans une usine.

«Généralement, plus tu as d’argent, moins tu as de temps. Nous, nous avons choisi de passer du temps ensemble, même si nous avons moins de ressources financières. Nous n’avons pas de maison, pas d’épargne pour notre retraite, mais nous avons la chance d’avoir une vie et nous allons la vivre pleinement», croit Eve-Marie, qui a une formation en enseignement en adaptation scolaire.

Échanges de services, AirBnb, camping sauvage, hébergement chez des amis rencontrés sur le globe… ils ont développé des stratégies pour minimiser les coûts en voyage tout en s’imprégnant de la culture locale. Ils accumulent les contrats de travail ici et là. «On travaille pour ce qu’on a besoin pour vivre, sans plus.»

«Pirata y princesa», le pirate et la princesse: c’est le surnom que les deux voyageurs se sont donnés. Il est possible de suivre les aventures de la famille Calderon sur la page Facebook «Familia Calderon» ou sur leur blogue www.piratayprincesa.com.

Prêts? Partez.