Novembre

Par Amélie Vallée | CHRONIQUE. C’est le mal-aimé du calendrier. Il n’évoque rien de bien enivrant.

Effectivement, il est difficile pour lui d’être convoité. Il débarque dans nos vies en traînant avec lui l’apparition des abris Tempo, l’installation des pneus d’hiver et un lot de messieurs arborant des moustaches déconcertantes. Sans compter qu’on l’affuble communément de l’épithète «mois des morts»! Pour le consoler, on lui a tout de même offert une journée festive: la fête de la Sainte-Catherine… Malheureusement pour Novembre, je connais peu de gens anticipant avec hâte le moment où ils se réuniront autour du poêle afin de confectionner des bonbons mous en hommage aux vieilles filles!

Comme si ce n’était pas suffisant, Novembre porte l’odieux d’être un instigateur de déprime. Tous s’unissent pour trouver des moyens pour le combattre sans y laisser sa peau. Pour les vampires, on suggère la fleur d’ail, le crucifix ou la lumière du soleil.  Pour Novembre, on conseille plutôt de porter des vêtements lumineux inspirés d’un vidéoclip de Let’s get physical, d’ingurgiter des litres de tisane de millepertuis ou d’élire domicile sous une multitude de lampes à la manière des poussins.

Si le calendrier était une famille, Novembre serait le 11e de douze enfants. Il ne bénéficierait donc ni de l’enthousiasme réservé aux premiers nés, ni de l’attachement nostalgique consacré au petit dernier. À titre de comparaison, Décembre et Janvier ont de quoi le rendre malade de jalousie: le réveillon de Noël, la Saint-Sylvestre, le Jour de l’An, les partys de bureau, les échanges de cadeaux, le gâteau aux fruits, la Fête des Rois, le calendrier de l’Avent et tous les artistes qui pondent des albums spéciaux bourrés de chansons leur étant expressément dédiés!

Je l’admets, je n’aime pas véritablement le mois de Novembre.

Je le trouve aussi long qu’il est gris.

Ma thérapie? Semer du rose dans le gris. Cette année, j’ai choisi autant de personnes importantes pour moi qu’il y a de jours en Novembre. Pour chacune de ces journées, j’irai semer du rose pour l’une d’entre elles. Une lettre à la poste, un appel, un câlin, une fleur, un service rendu, un moment privilégié, un fou rire, une délicate attention et ainsi de suite jusqu’à ce que la grisaille de Novembre capitule.

Pourquoi? Probablement parce que ces semences me procureront davantage d’énergie que ne le feraient un chandail jaune canari, une infusion d’eucalyptus ou une séance de luminothérapie.

Novembre ne brillera jamais autant qu’une épluchette de blé d’Inde sous le soleil mais ainsi, il goûtera aussi sucré qu’une tire Sainte-Catherine!