«On saute pour être encore plus en vie!» -Philippe Boisjoli
ADRÉNALINE. Ayant goûté au parachutisme en 2007 et au base jump en 2012, le Trifluvien de 34 ans Philippe Boisjoli sautera du haut de la Cité de l’énergie en compagnie du Shawiniganais Tommy Gagnon lors du Tribal fest.
Philippe qui travaille à Parachute Voltige, l’école de parachutisme de Guillaume Lemay-Thivierge, détient plus de 450 sauts en base jump à son actif. Le base jump consiste à sauter d’une structure fixe d’au moins 150 pieds en hauteur et de déployer le parachute immédiatement après avoir sauté.
La directrice générale du Tribal fest Andréanne Boisvert caressait l’idée de voir un saut du haut de la Cité de l’énergie dès la première année de l’événement, et voilà que les Shawiniganais pourront apprécier le spectacle cette année.
Philippe a déjà sauté à plusieurs endroits dans le monde: dans différents états de nos voisins du sud, dans l’Ouest canadien, en Europe, en Thaïlande…
Après avoir goûté à son premier saut en base jump en 2012, il a suivi sa formation officielle en 2013 aux États-Unis. «C’est plus difficile de sauter au Québec de façon légale comme nous n’avons pas autant de hautes montagnes. On peut sauter à partir d’éolienne, d’un édifice, une tour électrique. Un saut à partir d’une structure comme la Cité de l’énergie est rarement autorisé. Mais à plusieurs endroits dans le monde, c’est légal de sauter. Pour nous ici, c’est relativement nouveau.»
Philippe Boisjoli fait notamment référence à l’événement Jump off qui en est à sa quatrième année à Montréal. Les participants sautent à partir du sommet du Stade olympique.
C’est un certain Alex Hallé qui a donné la piqûre des sauts à Philippe. «Alex m’avait confirmé qu’il allait sauter avec moi du haut de la Cité de l’énergie. Mais il est décédé en juin dernier en France alors qu’il faisait un saut en wing suit. C’est certain que de voir un ami et un mentor mourir dans ce sport, c’est assez difficile. Ça fesse! Ça sera assez spécial lors de mon saut.»
Pour Philippe, son premier saut en base jump était encore plus enivrant que son premier saut en parachute. «On est des accros, et le fait que ce soit plus ou moins légal et que ce soit plus dangereux rajoutait à l’expérience. C’est un sentiment incroyable après le saut. Les sens sont encore plus présents. C’est un peu plus extrême parce qu’on a moins de marge de manœuvre.»
Question de vérifier la faisabilité, Philippe a déjà pu sauter à partir de la Cité de l’énergie après avoir reçu les autorisations. «Quand je venais pour l’entrevue en prenant le chemin de la baie de Shawinigan et que je voyais la tour, je me disais que j’avais déjà sauté à partir du haut que j’allais le refaire. C’était vraiment spécial! Ça prend des gens qualifiés pour faire ça, ce n’est pas tout le monde qui peut faire des sauts comme ça. On a un petit rituel avant de sauter. On sait que c’est un sport à risque. On est au courant que ça peut être toujours notre dernier saut. Avant de sauter, je pense au moment présent et il y a juste ça qui compte. On saute pour être encore plus en vie!»
Monteur d’acier le jour, base jumper le soir
Tommy Gagnon sera aussi l’un des cinq professionnels
qui s’élanceront du sommet de la tour d’observation de la Cité de l’énergie durant le week-end du Tribul Fest X du 26 au 28 juillet.
«C’est drôle parce que quand j’étais petit, j’avais été avec mon frère à la Cité de l’énergie voir sauter des parachutistes. C’est là que je m’étais dit que je le ferais un jour moi aussi.»
Le Shawiniganais compte environ 850 sauts en carrière en base jump (150) et parachute (700). L’été dernier, il s’était élancé du sommet du mat du Stade Olympique à Montréal, soit 540 pieds. À Shawinigan, c’est de 377 pieds qu’il se jettera dans le vide.
«Plus c’est court, plus c’est risqué, explique Tommy Gagnon. À cette hauteur, nous devrons déployer notre parachute dès les premières secondes.» La configuration du site est également un enjeu pris en compte par les bases jumpers. Comme la tour est un pylône, elle s’élargit à la base, obligeant les professionnels à s’éloigner le plus loin possible en sautant avant d’ouvrir leur parachute.
Le Shawiniganais est bien fier de pouvoir s’exécuter dans sa cour même si l’exercice n’est pas sans danger. «Contrairement au saut en avion où tu as deux parachutes, tu n’en as qu’un seul en base jump», explique celui qui dans la vie de tous les jours est monteur d’acier. «Sauter dans le vide, c’est l’adrénaline à l’état pur. C’est génial», termine-t-il.
Avec la collaboration de Bernard Lepage