(OPINION) TES Canada: un projet nécessaire pour le Québec

LETTRE OUVERTE. Le ministre de l’Économie du Québec, Pierre Fitzgibbon, signe la lettre ouverte suivante au sujet du projet de TES Canada.

La production d’hydrogène vert est une contribution essentielle à l’atteinte de nos cibles de décarbonation. C’est pourquoi, en tant que ministre de l’Énergie, j’applaudis des initiatives privées comme celle de TES Canada en Mauricie. 

Ces temps-ci, nous entendons et nous lisons beaucoup de choses à ce sujet, et j’ai pensé qu’il était important de bien recadrer le débat en fournissant quelques informations.

En ce qui concerne l’implantation du projet, nous avons des règles très strictes au Québec. L’ensemble du projet TES, incluant le parc éolien, sera assujetti à l’examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). L’implantation des éoliennes en milieu agricole, pour sa part, est strictement encadrée par les règles de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ). 

Le gouvernement pourra également exiger la création d’un fonds dédié advenant le démantèlement des éoliennes. 

De plus, TES Canada s’engage à offrir une compensation financière totalisant 238 millions de dollars au cours des 20 prochaines années, ce qui inclut une redevance annuelle d’environ 25 000 $ par éolienne pour leurs propriétaires, 25 000 $ pour les voisins adjacents et 25 000 $ pour les municipalités.

Maintenant, voici quelques informations sur le projet :

  • À lui seul, il contribuera à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 800 000 tonnes, soit 3 % de la cible globale du Québec en 2030. L’hydrogène vert produit à Shawinigan servira à décarboner des secteurs de notre économie pouvant difficilement être électrifiés. 
  • Deux tiers de cette production servira à produire du gaz naturel de synthèse renouvelable (GNR). Cette production représente 20 % de l’objectif du gouvernement. 
  •  L’autre tiers de l’hydrogène produit servira à remplacer le diesel dans l’industrie du transport lourd de longue distance. C’est un bel exemple de projet entrepreneurial, et nous sommes privilégiés de le voir naître chez nous.  

 

En plus de participer concrètement à la nécessaire transition énergétique, le Projet Mauricie de TES Canada représente des investissements de 4 milliards de dollars en plein cœur de la Vallée de la transition énergétique. 

J’aimerais rappeler que ce montant n’inclut aucun financement de la part du gouvernement du Québec. Le projet sera admissible aux crédits d’impôt du gouvernement fédéral, comme c’est le cas pour tout autre projet semblable.

Le projet créera 200 emplois permanents bien rémunérés, et générera des retombées économiques majeures pour la région, en plus de contribuer à la décarbonation du Québec.

Certains se demandent pourquoi TES Canada a choisi de s’implanter en Mauricie. Pourquoi ne pas réaliser ce projet dans une région plus éloignée, loin des grands centres, là où le vent est meilleur?

Voilà une question légitime. 

TES Canada a décidé d’installer son électrolyseur à proximité des utilisateurs finaux, car le transport d’hydrogène sous forme liquide n’est tout simplement pas économique. C’est donc un emplacement stratégique près des principaux axes routiers utilisés par les grands transporteurs routiers. C’est aussi un endroit où le réseau de gaz naturel est accessible.

Ce projet requiert 500 MW de puissance énergétique, soit l’équivalent de la demande initiale de l’entreprise à Hydro-Québec. Il est impossible dans le contexte actuel de compter uniquement sur Hydro-Québec, dont les marges de manœuvre sont actuellement faibles. Nous avons donc autorisé l’allocation de seulement 150 MW par Hydro-Québec à l’automne dernier. C’est pourquoi l’entreprise doit combler les 350 MW manquants à l’aide de l’autoproduction provenant d’énergies éolienne et solaire. Ce qui est déjà permis par la loi actuelle. 

En ce qui concerne les éoliennes

Il faut se le dire, Hydro-Québec ne réussira pas seule à surmonter les défis de la transition énergétique. 

Nous aurons besoin de développer des solutions complémentaires aux efforts d’Hydro-Québec pour déployer des ressources nécessaires afin d’atteindre les objectifs de décarbonation et de développement économique du Québec. Et le temps presse. De plus, le coût de l’électricité produite par les éoliennes est beaucoup moins élevé que celui de l’électricité produite par de nouvelles centrales hydroélectriques. Les entreprises privées font partie de la solution, et le projet de TES Canada en est un bon exemple. 

 

En ce qui concerne la rentabilité du projet

Je sais que plusieurs universitaires se sont prononcés sur la rentabilité du projet. Mais ce n’est pas leur rôle ni celui du gouvernement de se prononcer sur la rentabilité d’un projet privé. Évaluons plutôt le projet de TES Canada sur la crédibilité de ses dirigeants, de ses partenaires, ainsi que sa mission essentielle pour la décarbonation du Québec. C’est pourquoi le gouvernement est en faveur du projet.

La crédibilité de l’équipe de TES Canada est rassurante, assurément plus que l’opinion de gens qui n’ont jamais travaillé dans une entreprise. L’entreprise est celle qui est la plus qualifiée pour démontrer la rentabilité du projet, ces dirigeants y investiront 4 milliards de dollars!

En conclusion, je suivrai la situation de près pour m’assurer que tout est fait dans les règles de l’art. Mais ne perdons pas de vue la course contre la montre dans laquelle nous sommes engagés sur les plans environnemental et énergétique, c’est pourquoi on doit accueillir ces projets importants avec toute l’ouverture nécessaire.

Pierre Fitzgibbon

Ministre de l’Économie du Québec