Parcourir St-Élie en calèche

Il a 41 ans et son collègue de travail en a… 14. Ce duo hors de l’ordinaire est composé de Sébastien St-Pierre, cocher, et de Boutch, son cheval d’attelage. Le tandem fera visiter Saint-Élie-de-Caxton aux touristes et aux curieux qui voudront bien monter à bord du véhicule ancien à compter du mois de juin.

Il s’agit là d’une primeur dans le pittoresque village du conteur Fred Pellerin. Les touristes et habitants auront un nouvel attrait à se mettre sous la dent dès le 5e jour de juin. En effet, des tours de carriole pouvant contenir de quatre à cinq passagers seront offerts tous les jours de la semaine de 10h à 20h moyennant une somme de 25$.

Le cocher de Saint-Élie

«La carriole est couverte et le trajet dure une quarantaine de minutes, on passe dans les petites rues devant le magasin général notamment et par l’Église», explique l’initiateur Sébastien St-Pierre. Celui qui est natif de Sherbrooke, mais demeure maintenant dans le petit village des lutins, chérit ce projet de tours en carriole depuis deux ans déjà.

Si il a passé 10 ans de sa vie en vente de machinerie agricole, la vie, mais surtout, la passion des chevaux, l’ont mené à changer de cap dans les dernières années. «J’ai passé près d’un an au Baluchon (l’auberge) avec Laurent Pichette et j’ai eu la piqûre. Maintenant, je suis le propriétaire de Boutch!», relate avec plaisir le cocher sur celui qu’il appelle affectueusement son gros bébé. «J’y vais aussi d’un gros nono parfois, c’est selon», rigole celui qui apprécie se faire désigner par les habitants comme le «cocher de Saint-Élie».

«Je ne veux cependant pas offrir de visites guidées. J’offre un loisir. Je demande aux gens s’ils veulent discuter ou non. Si un couple vient pour être tranquille, je respecte ça. Par contre, si on me pose des questions et que je connais les réponses, j’y répondrai avec plaisir», illustre M. St-Pierre qui souhaite faire monter des passagers dans son véhicule ancien jusqu’aux beaux jours de l’automne.

«J’ai fait plusieurs démarches pour en arriver ici. J’ai mis beaucoup d’argent aussi. Une chance que j’ai eu l’appui de plusieurs amis du coin, dont Danny Plante, Richard Plante, de même que Gilles et Laurence Garceau», mentionne l’homme qui a passé par-dessus diverses embûches pour pouvoir offrir ce produit en toute légalité, une cinquante de coups de téléphone plus tard.

La bénédiction de Fred

«Des papiers à remplir, il y en a eu et j’ai été plutôt insistant auprès du maire et du conseil de ville. On a fini par me donner une approbation et j’attends mon permis au début juin. Je suis content de finalement pouvoir aller de l’avant», ajoute M. St-Pierre qui a investi temps, argent, mais aussi beaucoup d’énergie dans cette ambition pour égayer le village avec Boutch qu’il considère son égal. «Par contre, il ne faut pas lui dire. Il doit continuer à penser que c’est moi le plus fort. Il sait que je l’aime, mais c’est moi qui mène», précise l’homme, taquin.

Lorsqu’on sait qu’il en a coûté plus de 3000$ pour sa précieuse carriole (usagée) et environ 2000$ d’assurances, sans compter le permis pour se promener dans les rues et les autres papiers, on ne peut que reconnaître la détermination du quadragénaire à mener à bien son idée. «J’ai aussi eu la bénédiction de Fred Pellerin. On s’est contacté à quelques reprises et il m’a souligné que le projet était super trippant!», raconte-t-il.

«Rendre les habitants heureux!»

Le souhait de Sébastien St-Pierre, c’est de voir les Caxtoniens heureux de voir sa carriole passer dans le village et d’offrir un moment de détente aux clients qui prendront place dans sa calèche. «J’aimerais faire revivre la mentalité de ce temps-là, quand on prenait notre temps et qu’on travaillait fort. Maintenant tout va vite et tout est facile… J’espère qu’en entrant dans ma carriole les gens vont pouvoir déconnecter!», indique le cocher avec enthousiasme.

L’un de ses rêves les plus chers? Gagner sa vie avec les chevaux. «Pouvoir faire rouler ma calèche dans le village, mais détenir plusieurs carrioles et chevaux de selle qui rouleraient pour une auberge ou deux, pourquoi pas? Quitte à employer des gens qualifiés pour m’aider», soulève-t-il.

«Pour le moment, je n’ai que Boutch! Il est en pension dans l’écurie de mon amie Laurence. Éventuellement, j’aspire à quelque chose de plus grand», confie-t-il. Ces aspirations débuteront par un petit exposé 101 sur l’attelage que l’homme compte proposer à l’école primaire du coin. Comme quoi le cocher de Saint-Élie n’a pas terminé de faire parler de lui!