Partir ou rester: les snowbirds shawiniganais partagés sur la question
FRONTIÈRES. Même si les premiers ministres Trudeau et Legault ont exhorté les Québécois à demeurer ici tant que la pandémie ne serait pas sous contrôle, des Shawiniganais n’ont pas hésité à traverser les frontières tandis que d’autres attendent un signal officiel pour faire leurs valises.
Homme d’affaires à la retraite, un Shawiniganais dans la soixantaine s’est envolé cet automne pour l’Arizona où il possède un pied à terre. «J’avais laissé ma voiture ici au printemps quand la crise a commencé. De là, j’ai pris la direction du Texas, pour rénover une maison que mon fils vient d’acheter», raconte en entrevue celui qui préfère garder l’anonymat.
Il dit ne pas vraiment craindre la contamination. «Je porte le masque quand je vais dans les commerces. Je limite au maximum mes contacts et même si le Texas est une terre de cowboys, je dirais que 9 personnes sur 10 le portent aussi.»
Le nombre de cas aux États-Unis frappe l’esprit, mais le retraité rappelle que par tranche de 100 000 habitants, le Québec fait encore pire que son voisin au sud. «Je suis assuré et ma prime est la même que l’an dernier. S’il m’arrive quelque chose, je saute dans ma voiture et je reviens chez nous.»
Propriétaire d’une roulotte depuis une dizaine d’années au Sleepy Valley Resort, dans la ville de Mission au Texas, Pierre Ricard partait habituellement en octobre pour revenir à la mi-avril. «Là, on va faire du salon», se désole le Shawiniganais qui avait passé l’hiver au Québec il y a deux ans lorsque sa conjointe avait dû être opérée. «C’était terrible!», lance Pierre Ricard en riant de sa mauvaise fortune.
Dans son cas, c’est la situation sanitaire au sud de la frontière qui a été le principal facteur de décision. «Les Américains ne sont pas très respectueux des consignes, juge-t-il. Mission est située dans le comté d’Hidalgo qui compte environ le même nombre d’habitants que la Ville de Québec. On y dénombre près de 10 fois plus de personnes contaminées», explique le retraité de 68 ans qui a fait carrière comme technicien en laboratoire médical. Pierre Ricard ne ferme toutefois pas la porte à traverser au sud si la situation s’améliore en début d’année. «Même si les frontières ne rouvraient qu’en mars, on partirait quand même un mois ou deux.»
Faire transporter son VR…
Retraité de l’enseignement, Michel Lapierre possède une roulotte fifth wheel stationnée à Pompano Beach, en Floride, depuis 2003. Lui aussi a mis en suspend son pèlerinage annuel au soleil d’ici à que le gouvernement Trudeau rouvre les frontières terrestres. «Tant que ça ne sera pas plus sécuritaire, on ne partira pas c’est certain», souligne l’ancien directeur de l’école Immaculée-Conception.
Devant la perspective de passer l’hiver au froid, plusieurs Québécois ont opté pour une solution mise de l’avant par Transport KMC. Cette entreprise montréalaise offre le voyage en avion entre Saint-Hubert et Plattsburgh, aux États-Unis. Parallèlement, elle s’assure de transporter le véhicule de leurs clients jusqu’à Plattsburgh d’où ils repartent par voie terrestre jusqu’à leur destination. «Ça peut coûter environ 500$ par personne pour le voyage en avion et on peut compter un 1500$ pour faire transporter un VR par exemple», explique Michel Lapierre qui avait exploré cette avenue avant de faire marche arrière.
L’ancien enseignant souligne que plusieurs restrictions sont présentement imposées en Floride. «L’endroit où on reste, on n’a pas le droit de jouer aux quilles, au billard, au shuffleboard. La salle commune est fermée. Les gens me disent: »Confinés ici ou confinés là-bas, vous êtes mieux de rester ici. » La grosse différence, c’est le soleil et la plage», termine-t-il toujours avec l’espoir que la situation s’améliore en début d’année avec l’arrivée du vaccin.