Possible abolition des CLD: une remise en question qui dérange

DÉVELOPPEMENT. L’avenir des centres locaux de développement est en train de se décider à Québec alors que le ministre des Affaires municipales Pierre Moreau parle, non seulement de couper de moitié le budget des organisations locales, mais aussi d’une possible abolition. Une éventualité qui ne fait pas de sens dans le paysage shawiniganais selon Luc Arvisais, directeur général du Centre local de développement de Shawinigan.

«On en est encore au stade de rumeur et je ne commenterai pas sur ces bases. Cependant, en tant que communauté, je crois qu’on n’a pas les moyens de se passer d’un apport économique et d’une expertise tel qu’on le connait dans le moment.»

Il faut dire que les discussions vont bon train du côté de l’Assemblée nationale et que la possibilité de sabrer les dépenses des CLD de 10% à 50%, de même que celle de tout simplement abandonner la structure sont des avenues envisagées.

Personnellement, le directeur général ne peut pas croire que ce qui se dit et ce qui se lit sur la place publique prendra effet. «Si ça s’avérait, je pourrais difficilement croire qu’on met fin à un réseau qu’on a bâti au cours des 15 dernières années seulement…», se désole-t-il.

M. Arvisais parle du centre local de développement comme d’un outil de travail «terrain» qui dessert bien la communauté avec son équipe de 12 professionnels. «On parle de gens qui travaillent au Salon des PME, au comité de diversification économique, au soutien entrepreneurial, au mentorat, en plus d’aider au démarrage en affaires», énumère le directeur général sur le CLD né en 1997.

Des organisations «indispensables»

Le dernier exercice financier de l’organisation (avec coupe de 10%) a permis de ne pas toucher aux services offerts, mais, pour cela, on a dû aller piger dans les surplus passés. «Dans notre cas, 10% ça représentait environ 76 000$. Quand on entend le ministre Moreau parler de couper à 50%, ça devient autre chose…On parle d’environ 390 000$. C’est de remettre en question l’expertise qui s’est développée dans des organisations comme la nôtre.»

Parlant de la mission des CLD, M. Arvisais pointe du doigt l’aide offerte aux gens d’affaires, mais aussi un rôle d’intermédiaire, d’accès aux fonds disponibles qui agissent comme leviers aux projets économiques.

Pas question de voir le mandat des CLD comme un portefeuille superflu et mal géré comme certains le laissent entendre. «On agit autant du côté du commerce que de l’économie sociale ou des industries de Shawinigan. Je suis fier de notre apport et je peux confirmer qu’à 12 têtes on fait un travail extraordinaire avec des ressources concentrées», soutient M. Arvisais.

«Si c’est dans une base d’économie ou de rationalisation, c’est une erreur. La ville a besoin de son CLD plus que jamais!», estime  le maire de Shawinigan Michel Angers. «Si on coupe de moitié dans le budget, ce sera à la Ville de maintenir la structure, possiblement réduite et moins efficace», soutient-il.

Ce dernier croit qu’aucune économie de ce nom n’est à envisager en sabrant dans le budget de l’organisation. «C’est assez fondamental de comprendre que la Ville et le CLD, agisse de concert avec le gouvernement en levier aux projets de la communauté.»

Le centre local de développement de Shawinigan peut compter sur l’expérience et l’engagement de bénévoles au sein de son conseil d’administration. Des noms comme André Buisson (Société Laurentide), Éric Morel (Subway), Chantal Trépanier (SIM), Luc Bellerive (Trou du Diable) apportent une valeur ajoutée, souligne le directeur général.

«Songer à fermer, c’est mettre en péril la capacité du milieu à travailler à son économie», résume-t-il. Enfin, il se dit fier du travail accompli jusqu’à présent par son organisation avec des réalisations comme le Centre d’Entrepreneuriat Alphonse Desjardins, Digihub Shawinigan et bientôt l’implantation de CGI Technologie en ville. «Une ville aura toujours besoin d’un département voué au développement économique, peu importe sa structure.»

Rappelons que les Libéraux procèdent présentement à un large exercice de restructuration qui a pour but de faire économiser les coffres de l’État. La somme économisée par la possible abolition des CLD est projetée à 40M$.