Qui me parle?

Par Amélie Vallée. CHRONIQUE. Aujourd’hui est un grand jour! J’ai décidé qu’il s’agirait de la «journée du silence». Pourquoi le silence mériterait-il qu’on lui dédie une case du calendrier? Au risque de vous surprendre, je pense qu’on aurait tous droit à un moment de répit.

Avez-vous déjà réalisé qu’une petite voix avait élu domicile dans votre tête? Je ne vous parle pas d’une voix à tendance schizophrène qui vous intimerait d’anéantir une cohorte de martiens venant tout juste d’atterrir dans un champ de maïs, non. Je vous parle plutôt de la petite voix qui, sournoisement, nous influence dans nos actions.

Souvenons-nous de la fois où nous avons eu envie de devenir entrepreneur. La petite voix nous susurrait doucement à l’oreille que nous n’y arriverions pas. Elle nous proposait de rester confortablement assis dans notre zone de confort.

Rappelons-nous aussi le moment où nous avons réalisé que notre vie n’était pas celle à laquelle on aspirait. La petite voix nous chuchotait qu’on n’aurait pas le courage de créer le mouvement nécessaire pour passer à autre chose. Elle nous suggérait de cesser d’envisager que ça puisse être mieux ailleurs.

Ainsi, je pense qu’on mériterait une journée officielle où cette petite voix accepterait de se taire.  En profitant de son silence, on aspirerait à tous les possibles. Comme lorsqu’on était enfant et où l’on baignait dans une naïveté qui nous rendait invincibles. À cette époque, notre petite voix dormait «sur la switch» nous permettant ainsi d’être les auteurs de petits miracles.

1988 – J’avais sept ans. Mon père œuvrait dans le domaine de la représentation pharmaceutique. La remise adjacente à la maison était remplie d’échantillons de pilules contraceptives utiles à son travail. Cette année-là, il avait décidé de se présenter comme échevin. Une idée me vint pour l’aider à gagner ses élections. Je décidai de faire du porte-à-porte et d’offrir un échantillon de pilules contraceptives à chaque personne qui accepterait de voter pour mon père…  C’est à ce moment-ci dans l’histoire que je vous rappelle que ma petite voix était en hibernation profonde. Or, jamais je me jugeai incapable d’y arriver et je m’exécutai.

Résultat: Mon père, avisé par une voisine, trouva mon idée disons… moins pertinente et, on le comprend! Tellement que je dus ramasser, à rebours, chacun des échantillons distribués.

Pourtant, quand mon père remporta ses élections, je ressentis une certaine fierté. J’étais candidement convaincue que j’y étais pour quelque chose. J’avais agi avec la conviction que je pouvais faire avancer les choses. 

Et aucune petite voix n’était venue me contredire.

Parfois, il peut être bénéfique de faire la sourde oreille à cette petite voix qui pense savoir ce qui est le mieux pour nous. De cette surdité intentionnelle naîtront peut-être de petits miracles!