Radio-Canada défend son reportage

Après le billet de l’animateur d’Enquête sur son blogue lundi, voilà que c’est au tour de l’un des hauts gradés du service de l’information à Radio-Canada d’intervenir publiquement suite à la diffusion jeudi dernier d’un reportage portant sur les liens d’affaires entre les Cataractes de Shawinigan et la Ville de Shawinigan.

Voici l’intégrale du texte de Jean Pelletier, Premier directeur, Information Télévision, Rédacteur en chef, Émission Enquête, disponible sur la page Facebook de Radio-Canada Mauricie/Centre-du-Québec.

Le reportage de notre journaliste Hugo Lavallée et du réalisateur Pierre Marceau sur la construction et la gestion du nouvel amphithéâtre Bionest des Cataractes de Shawinigan diffusé à l’émission ENQUÊTE le 29 mars dernier, a soulevé un tollé considérable en Mauricie. On reproche à Radio-Canada et à l’émission Enquête en particulier, d’avoir terni la réputation de la ville et des gestionnaires de son aréna en diffusant un reportage "bâclé", "produit sur un coin de table". Ces reproches sont sans fondement. Radio-Canada et ses journalistes ne font pas dans la calomnie et leur travail obéit aux plus hauts standards de la profession.

Alors que nous traversons une crise économique difficile, que nos gouvernements peinent à juguler les déficits, que les contribuables subissent de lourds fardeaux fiscaux, il va de soi, c’est leur devoir élémentaire, que les médias scrutent à la loupe la gestion des fonds publics. C’est ce qu’Enquête fait depuis sa création avec rigueur et détermination. Les citoyens de Shawinigan vivent encore des temps difficiles avec une économie qui peine à se refaire une santé depuis de trop nombreuses fermetures d’usines. A preuve, les données tirées du dernier recensement sur la fréquence du faible revenu dans une communauté, l’indice le plus révélateur du taux de pauvreté, place Shawinigan au 145e rang sur 149 parmi les régions métropolitaines de recensement du Canada. La construction du nouvel amphithéâtre est un placement considérable de fonds publics. Pourquoi les citoyens de Shawinigan ne pourraient pas être tenus au courant de sa gestion tant sur le plan des dépenses qu’il engendre que des revenus qu’il génère? En quoi le secret jouerait-il en leur faveur?

Notre équipe n’a fait que questionner les élus locaux et réclamer des comptes. Comment peut-on conclure aujourd’hui que de poser des questions sur la gestion de fonds publics, jette le discrédit sur une ville, une région, sa population ou son maire? Au lendemain de la diffusion de notre reportage, voilà que des chiffres que notre journaliste réclamait depuis des semaines, sont rendus publics. Pourquoi pareil revirement après un aussi lourd mutisme?

Radio-Canada est en Mauricie comme partout ailleurs au pays parce qu’elle juge primordial le service qu’elle rend aux citoyens: les informer de ce qui est susceptible d’affecter leur vie ici comme ailleurs. L’information rend libre même si elle peut déplaire en certains milieux. Notre reportage posait des questions que nous devons nous poser, comme citoyens et comme contribuables. Il ne portait pas de jugement de valeur sur les citoyens de Shawinigan, ses édiles municipaux ou ses gens d’affaires. Il ne poursuivait qu’une intention, rendre compte de la réalité dans le meilleur intérêt de tous.

Je rappelle en terminant que toute personne qui se considère lésée par un reportage de Radio-Canada peut soumettre le cas à un ombudsman indépendant qui enquêtera pour s’assurer que celui-ci a été réalisé selon les valeurs d’exactitude, d’équité, d’équilibre, d’impartialité et l’intégrité qui sous-tendent les normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada. Pour notre part, nous sommes convaincus que le reportage d’Hugo Lavallée et Pierre Marceau a été réalisé dans les règles de l’art et le respect de ses principes.