Rester active grâce aux Amputés de guerre

RESTER ACTIF. Une résidente de ­Shawinigan, ­Ariane ­Lajeunesse, fait avec brio la démonstration qu’on peut demeurer actif et pratiquer différentes activités, lorsqu’on est une personne amputée.

Grâce à sa prothèse en fibre de carbone, qui lui a été payée par l’Association des ­Amputés de guerre, ­celle-ci pratique la course à pied et représente à elle seule un bel exemple de résilience.

Elle est née sans la partie de sa jambe sous le genou. Elle porte des prothèses depuis l’âge de 10 ou 11 mois. Les prothèses se succèdent à mesure qu’elle grandit.

Elle a été inscrite au ­Programme pour enfants amputés les ­Vainqueurs de l’Association des ­Amputés de guerre, qui fournit à ses adhérents de l’aide financière pour l’achat de membres artificiels ainsi que du soutien moral.

À 23 ans, elle vit bien avec le port quotidien d’une prothèse, mais ça n’a pas toujours été facile. Arrivée au secondaire, on l’appelait parfois «  ­Ariane, celle à qui il manque une jambe  ». Ce n’était pas du jugement ni de l’intimidation, mais ­Ariane vivait une certaine crainte. «  ­Je n’aimais pas ça, parce que j’étais bien plus que quelqu’un à qui il manque une jambe  ». Elle a commencé à porter des pantalons au lieu des shorts en été.

«  ­Je me cachais vraiment, ce n’était pas anodin, j’avais peur de ce que les gens allaient penser. Mais je ne me suis jamais fait intimider  » raconte ­Ariane ­Lajeunesse. Malgré tout, tout le monde l’acceptait dans son école secondaire de ­Grand-Mère et sa nature sociable faisait qu’elle avait des amis partout.

«  À la première année de cégep, je suis restée en shorts. J’ai fait : moi aussi, j’ai chaud. L’été quand il fait 30 ans une école, ce n’est pas évident.  »

Depuis ce temps, tout va bien, l’acceptation est meilleure : «  ­Les regards, je ne les vois même plus  ».

Elle n’a pas fait beaucoup de sport pendant son secondaire, mais de toute façon, elle n’était pas très portée sur les cours d’éducation physique : «  ­Ma prothèse, je m’en servais pour dire : je ne suis pas capable de faire ça  ».

Comment en ­est-elle arrivée à courir et faire de la randonnée ? ­Le déclic s’est fait au cégep. De son propre gré, elle a commencé à courir. Elle le fait depuis ce temps.

«  J’avais encore un peu la peur du jugement  ». Avec une de ses prothèses qui lui sert exclusivement pour courir, elle allait le faire d’abord dans le bois derrière chez elle.

«  J’ai demandé à ma prothésiste s’il y avait quelque chose pour que je coure mieux […] ­Depuis ce ­temps-là, j’ai commencé à courir dans les rues. Ce n’est pas pour faire un marathon ou de la compétition, c’est vraiment pour mon plaisir, à moi  » ­dit-elle.

Lorsqu’elle est en télétravail, à l’heure du dîner, elle va courir. «  À la fin d’une journée, ça me fait du bien et par la bande, ça me tient en forme  » ­confie-t-elle. Des fois, elle arrive même à oublier qu’il lui manque une jambe.

Toute jeune, les ­Amputés de guerre ont permis à ­Ariane et sa famille de réaliser qu’ils n’étaient pas seuls. Dans un séminaire, il a été réconfortant de voir que d’autres parents et d’autres enfants vivaient la même chose qu’eux.

Elle s’y est fait des amis : «  C’est juste le fun d’évoluer avec des gens qui vivent la même chose que toi  ».

Une bonne entraide a soudé tout ce groupe des ­Vainqueurs. «  ­Je vois ça comme une deuxième famille  »

Surtout, elle livre comme message que ce n’est pas parce qu’on a un membre en moins qu’on doit rester chez soi.

«  J’aime bien dire que je fais tout ce que je veux. C’est vrai, mais il y a certaines choses que je peux faire différemment. Monter des escaliers, je peux faire ça, mais je ne le ferai pas comme vous […] il n’y a pas vraiment d’amputés que je connais qui se limite dans la vie, mais quelqu’un qui ne pourrait pas c’est vraiment parce que la personne ne veut pas. Il y a tellement d’aide, de sortes de prothèses  ».

Avec les années, les prothèses ont évolué, mais ­Ariane ­Lajeunesse est fidèle au même type de prothèse depuis nombre d’années. On ne change pas une formule gagnante !

«  ­Ma prothèse de course, ç’a été un gros plus pour moi. Courir avec ça c’est magique ça va tellement bien. C’est quelque chose que, mettons il y a 20 ans, je n’aurais pas pu avoir comme ça  »

Elle a livré des conférences, jusqu’avant la ­COVID-19 dans les écoles primaires pour parler de l’Association des amputés et de son parcours. Elle le fait aussi pour ­Fillactive, un mouvement qui prône l’activité physique chez les filles au niveau secondaire.

Quel message ­peut-elle livrer à une personne qui vient d’être amputée ? «  Évidemment, je ne peux pas savoir ce que la personne vit parce que moi, je suis née comme ça […] ­Je n’ai pas eu de changement. Je sais que si on devient amputé, c’est une grosse adaptation, mais avec le temps, la personne va être capable de faire ce qu’elle faisait avant  », ­mentionne-t-elle, en insistant sur le temps d’adaptation aide pour le moral.

«  L’association considère que les membres artificiels et appareils conçus pour les loisirs sont essentiels pour les jeunes amputés afin qu’ils puissent être actifs et prendre part à différentes activités avec leurs amis et leur famille. Ainsi, l’association couvre 100 % des coûts des membres artificiels et appareils tels que ceux qui sont conçus pour nager, faire de la bicyclette ou jouer d’un instrument de musique. Aucune aide financière n’est fournie par les régimes médicaux provinciaux en ce qui a trait aux membres artificiels conçus pour les loisirs  », indique l’Association.

L’Association des ­Amputés de guerre ne reçoit aucune subvention gouvernementale. Ses programmes existent grâce au soutien du public envers le ­Service des plaques ­porte-clés et des ­étiquettes-adresse. Pour en savoir plus sur l’association, visitez le site amputesdeguerre.ca ou composez le 1 800 250‑3030.