Réussir

Novembre a passé en coup de vent, dans sa grisaille habituelle, apportant son lot de rhumes et de virus divers, minant le moral de plusieurs et nous faisant rêver à un paradis de sable et d’eau turquoise.

Pas fâchée que ce soit terminé! En plus, si vous avez des enfants d’âge scolaire, cette période de l’année coïncide avec la fin de la première étape, synonyme de remise de bulletins et de réunions de parents. Ah! les réunions de parents! Appréciées par certains, source d’anxiété  pour d’autres, évitées par quelques-uns, elles ne nous laissent jamais indifférents. Étant prof et maman, je connais les deux côtés de la médaille de ces fameuses rencontres. On veut tous que nos enfants réussissent, performent même (soyons honnêtes) et ça nous fait de la peine quand ce n’est pas le cas. Mais réussir, c’est quoi?

Quand mon plus grand, Mini B, a commencé l’école, je m’en faisais beaucoup avec ses notes. Je me demandais comment il pouvait être aussi curieux et articulé, mais avoir des résultats aussi moyens en classe. Je trouvais ça confrontant. Je me faisais du souci pour l’avenir.

Puis, il y a quelques années, je me suis entendue dire à des parents déçus de la note de leur enfant, au profil semblable à celui de mon fils: ‘’Vous savez, je ne m’inquiète pas pour lui. Il va faire son bout de chemin. Ses notes ne sont pas le reflet de son intelligence ou de son avenir. Votre garçon est gentil, poli, curieux et empathique. Il travaille fort et veut réussir. ‘’

Ce jour-là, je me suis arrêtée et je me suis dit que mes beaux principes de prof, je devrais les transférer dans ma vie de mère. On s’entend que d’apprendre à nos enfants à viser l’excellence, celle qu’ils sont capables d’atteindre, de les pousser à développer leur plein potentiel, à se surpasser, c’est super. Sauf que l’excellence se reflète de différentes façons, pas juste dans les résultats académiques.

C’est un ensemble d’éléments.

Être un petit humain avec de bonnes manières, de la persévérance, de la débrouillardise, le souci des autres, le désir d’être meilleur aujourd’hui qu’hier et la curiosité d’apprendre, ça ne te donne pas un 100% en maths, mais ça te donne une longueur d’avance dans la vie.

Je sais que les notes de nos enfants gonflent ou abîment notre ego de parents. C’est humain. Mais la réalité, c’est qu’il y a autant de façons d’apprendre qu’il y a d’enfants et qu’à moins d’avoir un prof pour cinq élèves, c’est impossible d’enseigner de façon complètement personnalisée. Dans ce contexte, donc, certains réussissent moins bien en classe que d’autres. La bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas parce que votre enfant a des notes moyennes à l’école qu’il ne fera pas de grandes choses dans la vie.

Cette année, quand l’enseignant de français de mon fils, une perle de prof, m’a dit que ça allait bien, qu’il avait vraiment cheminé d’enfant à adolescent depuis septembre, qu’il était maintenant un vrai élève du secondaire, qu’il travaillait fort et était plaisant, j’ai fait un grand sourire sincère, j’ai pris la note plus que moyenne et je me suis qu’il était sur la bonne voie.

Je ne suis pas experte, je ne suis que maman de 3 enfants, observatrice de la vie et enseignante depuis assez longtemps pour avoir d’anciens élèves devenus adultes (je sais, j’ai l’air d’avoir 88 ans quand j’écris ça). Mes observations ne sont pas scientifiques, elles valent ce qu’elles valent, mais ceux qui étaient des enfants persévérants, humbles, curieux, capables d’affronter l’échec, sont ceux qui sont devenus de grands humains épanouis, peu importe s’ils avaient 70 ou 90%. Et si on se concentrait là-dessus?