Shawinigan ouvre les portes de l’usine
SHAWINIGAN. Au lendemain de la conférence de presse tenue par la Ville de Shawinigan afin de dévoiler les prochaines étapes pour la mise en marche transitoire de la Station de traitement de l’eau du Lac-à-la-Pêche (STELAP), la municipalité a ouvert les portes aux médias afin de découvrir l’usine et pour dévoiler l’état des fameuses membranes souillées qui sont au cœur du non-fonctionnement de l’usine.
C’est l’ingénieur André Lahaye, conseiller expert au Service de l’ingénierie de la Ville de Shawinigan depuis août 2021 qui a donné les explications techniques aux médias.
La Station détient quatre trains membranaires, qui comprennent chacun trois cassettes de membranes. Dans chaque cassette, on retrouve les modules de membranes de filtration, soit 66 par cassette. C’est donc un total de 792 modules de membranes qui sont disposés dans les trains pour la filtration. Une cassette peut peser plus de 2000 kg.
« Actuellement, ce que nous faisons est de retirer chacune des cassettes, et nous enlevons chacune des membranes usagées et colmatées par les sédiments et nous nous préparons à les remplacer par les nouvelles membranes que nous avons reçues à la mi-mars. Nous allons conserver quelques membranes colmatées pour effectuer des tests, et nous sommes en discussion avec nos experts pour voir quoi faire avec les membranes déjà utilisées. »
Au cours de la visite, M. Lahaye a présenté le banc d’essai conjoint avec la Polytechnique de Montréal afin de trouver la solution pour les membranes colmatées. « Avec le banc d’essai, on veut tester en continu à quel taux de perméabilité sont nos membranes. La perméabilité des membranes baisse en fonction du temps, de l’utilisation, du nombre de lavages de la membrane qu’on fait, le dosage de produits chimiques. Avec ce banc d’essai, on pourra suivre en continu après une semaine d’exploitation si la membrane a perdu de sa capacité. On va tester autant les nouvelles que les anciennes membranes pour faire un bilan. C’est ce qui nous permettra de valider nos tests pour trouver la nouvelle recette. »
Question de montrer l’ampleur de la problématique des membranes colmatées par les sédiments et la boue du lac, les employés ont retiré un module de membranes d’une cassette. Une membrane propre peut peser une vingtaine de kg, alors que la membrane souillée pesait plus de 44 kg.
« On voit la boue qui s’est accumulée sur les fibres, ce qui fait que l’eau a beaucoup plus de difficulté à circuler dans les pailles du module. La boue est un mélange de ce qu’on retrouve dans l’eau du lac, et les produits chimiques qu’on met pour la traiter, explique l’ingénieur expert. Il faut comprendre que ce que l’on voit ne se retrouve pas dans l’eau potable, c’est justement le rôle de la membrane de retenir la boue. Le problème, ce n’est pas que la membrane ne retient pas les saletés, l’eau potable filtrée est impeccable, le problème c’est qu’on ne parvient pas à évacuer cette boue qui reste prise dans les fibres. Alors tranquillement, on perd de la capacité. »
M. Lahaye ajoute que plusieurs méthodes ont été essayées afin d’enlever la boue. « Pour que la station fonctionne de nouveau, il faudra jouer sur la façon de laver les membranes, et sur la dose de produits chimiques qui provoque cette boue. C’est ce à quoi sert notre banc d’essai. On parle d’un suivi d’un mois pour le pilotage, mais ensuite le suivi de la membrane sera très rigoureux pour tout le temps de l’opération transitoire. Le banc d’essai nous permettra de voir si on s’en va vers des problèmes ou pas avec la nouvelle recette. »