St-Hubert: le secret est dans la sauce

À défaut de connaître le secret de la sauce St-Hubert, les gens venus écouter Jean-Pierre Léger mercredi matin ont eu droit aux ingrédients de la recette du succès du célèbre coq à la crête rouge: humilité et passion.

Invité de la Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan (CCIS), le pdg du Groupe St-Hubert a raconté l’histoire de ce success story québécois fondé à Montréal en 1951.

Il y a 61 ans, Hélène et René Léger avaient investi 7500$ dans l’ouverture d’une rôtisserie comptant 75 places et située… sur la rue St-Hubert. L’homme, de qui le couple Léger avait acquis leurs équipements, leur avaient en bonis léguer sa recette de sauce BBQ. L’histoire était en marche…

«Alors que le concept de fidéliser la clientèle n’existait encore même pas, mes parents avaient déjà cette obsession de bien servir les clients», raconte Jean-Pierre Léger qui s’est joint à l’entreprise familiale à compter de 1966 avec sa sœur Claire.

Un coup de pouce à l’âge de 6 ans

Le pdg de St-Hubert s’amuse à penser qu’à l’âge de 6 ans en 1952, il a contribué indirectement à forger les bases du futur empire. En s’amusant avec des allumettes à la maison, il y mit le feu, rasant complètement le domicile familial. «Avec le chèque de l’assurance, il est resté 1500$ que mes parents ont réinvesti dans l’entreprise», a-t-il raconté, tout sourire.

L’ouverture du 2e succursale en 1958, la vente au détail de la fameuse sauce à partir de 1965, l’aménagement de deux restaurants sur le site d’Expo 67 – 16 000 clients par jour en moyenne – ont grandement contribué à établir la notoriété du poulet du clan Léger chez les Québécois.

Mais le véritable boum arrive vers la fin des années 1970, alors que Jean-Pierre Léger est aux commandes de l’entreprise. Cette époque marque la multiplication des franchises qui se chiffrent aujourd’hui à 120 établissements qui servent sur une base hebdomadaire plus de 130 000 poulets.

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Un homme de marketing

Jean-Pierre Léger n’hésite pas à rendre hommage à son père pour expliquer le succès du label St-Hubert. «C’était un homme de marketing, explique-t-il. Dès le début de la télévision en 1952, il investissait dans la publicité. Deux ans plus tard, le chiffre d’affaires avait doublé.» La rôtisserie de la rue St-Hubert est également reconnue comme le premier restaurant au Canada à avoir offert gratuitement la livraison à domicile.

Elle se démarque aussi pour avoir été la première à offrir un environnement sans fumée en 2005, avant même que le gouvernement ne légifère en ce sens. Ses publicités avec des personnalités (Simple Plan, René Angelil, Régis Labeaume, etc.) offrant leur cachet pour une bonne cause sont si populaires que ce sont les artistes aujourd’hui qui offrent leur service. «On a même une liste d’attente», relève M. Léger.

Apprendre de ses échecs

Les années fastes au cours desquelles Jean-Pierre Léger est au commande sont aussi marquées par des échecs. L’ouverture de restaurants en Ontario et aux États-Unis n’obtient pas les résultats attendus dans les années 1980. «Un échec dans la vie, c’est bon en autant que tu en tires des leçons», dit-il à propos de ces erreurs de parcours. Convaincu que la recette peut s’exporter, Jean-Pierre Léger tentera une nouvelle percée hors-Québec dans les prochaines semaines en ouvrant des franchises en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Une percée américaine, à Boston, est même prévue pour 2013. Cette fois-ci par contre, afin de ne pas répéter les erreurs du passé, St-Hubert ne tentera pas de faire un copier-coller de ses restaurants et adaptera plutôt la formule à la réalité de ses nouveaux marchés.

«Il faut toujours se remettre en question, résume l’homme d’affaires. Il faut demeurer humble car il y aura toujours des compétiteurs qui voudront prendre ta place. Le succès, c’est l’assemblage d’un millier de petits détails bien faits.»

Et la recette de la sauce St-Hubert dans tout ça? Jean-Pierre Léger sourit, consentant seulement à révéler qu’elle est constituée à base de tomates et de gras de poulet. «Elle est unique. Moi-même, je ne peux m’empêcher à la fin du repas de boire le reste…»