«Tout allait bien, ça a déboulé du jour au lendemain»
ITINÉRANCE. Oubliez l’image du vieux clochard. Jeune et pleine d’ambition, Élisabeth, une Shawiniganaise de 19 ans, a vu sa vie basculer rapidement dans la dernière année… au point de ne plus avoir de toit. Personne n’est réellement à l’abri de cette situation selon elle.
«Si on m’avait dit, il y a un an, que j’allais faire une demande d’aide sociale, que j’allais passer six mois sur la CNESST, que je perdrais mon appartement et que je me retrouverais ici… je ne l’aurais pas cru», confie celle qui a généreusement accepté de partager son histoire. «J’avais deux emplois, ma voiture, quelqu’un dans ma vie. Tout allait bien. Ça a déboulé du jour au lendemain.»
Tout a commencé avec un accident de travail, puis des problèmes de santé mentale. Dans la dernière année, elle a fait deux séjours à l’hôpital pour dépression sévère et anxiété aigue.
«J’ai fait trois tentatives de suicide. À la troisième, ma mère a décidé qu’elle ne voulait plus m’avoir chez nous parce qu’elle n’avait pas la force de me soutenir à cause de son cancer. Ça n’allait plus trop bien avec mon copain et je ne parle plus à mon père», confie-t-elle.
C’est là qu’elle s’est tournée vers le Hamac, centre d’hébergement pour personnes sans-abri ou en crise psychosociale affilié au Centre Roland-Bertrand à Shawinigan. «Je trouve que ça a été un bon choix parce que nous sommes très bien traités», exprime-t-elle. «Ils m’ont aidé avec ma demande d’aide sociale et dans ma recherche de logement. Ils m’ont aidé avec un peu tout, sans jamais le faire à ma place», explique-t-elle.
La jeune femme a complété ses études secondaires et elle avait entamé des études en arts visuel qu’elle a dû abandonner en raison d’une mononucléose. Si ces démarches se déroulent comme prévu, elle pourra réintégrer un appartement en novembre. «En venant ici et avec mon parcours, je me suis rendue compte que j’aimerais retourner à l’école en éducation spécialisée l’année prochaine», confie-t-elle.
Élisabeth estime qu’il ne fait pas juger trop vite. «Nous sommes des personnes tout à fait normales, c’est juste que nous vivons certaines choses qui sont plus difficiles. Tout le monde peut passer par là. Ça peut arriver du jour au lendemain. Il y a beaucoup de gens qui auront des préjugés, mais qui ne savent pas réellement c’est quoi avoir des problèmes avec sa santé mentale ou des problèmes financiers et de ne plus avoir de maison. Ce n’est pas toujours évident», confie-t-elle.
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