Travailleurs de l’ombre
ÉTRANGE.Une masse brumeuse. Une apparition résiduelle. Une apparition intelligente. Voilà des termes avec lesquels travaillent fréquemment Johnny Bourassa et Michel Lambert, enquêteurs paranormaux. Regard sur une passion peu commune, qui ne laisse personne indifférent.
Contrairement à la croyance populaire, les enquêteurs paranormaux ne sont de vulgaires chasseurs de fantômes à la Ghostbusters. En tout cas, pas les deux hommes, réunis au sein d’une et même équipe: Société Paranormale d’Enquêtes du Québec, SPEQ.
«On essaie toujours de rester le plus rationnel possible, on ne saute jamais aux conclusions tout de suite. C’est trop facile. On ne cherche pas la gloire, on veut juste des réponses et comme dans tout domaine, il y a un genre de guerre, de l’arnaque», précise d’entrée de jeu Johnny.
«Les gens ont le droit de ne pas croire. En même temps, ce n’est pas parce que tu crois aux phénomènes paranormaux que tu crois à tout. Chose certaine, on a beaucoup de réactions : on se fait rire dans la face quand on dit ce qu’on fait, d’autres nous écoutent religieusement. On peut trouver des éléments d’enquête, mais on ne chasse pas de fantômes», précise Johnny Bourassa.
«De toute façon, celui qui ne croit pas, on n’aura jamais assez de preuve pour lui. Ça dépend toujours un peu du degré d’ouverture de la personne», ajoute Michel
Les deux hommes ne laissent rien au hasard.
«On essaie de s’informer le plus possible sur le lieux avant de s’y rendre», explique Johnny.
«On va souvent dans des endroits où l’on sait qu’il se passe déjà quelque chose. Une fois rendu, s’il y a une réaction, une manifestation, on se concentre là-dessus», poursuit Michel.
Comment véritablement savoir si la manifestation en question n’est pas que le fruit de son imagination?
«Quand des lampes de poches se déplacent seules et qu’un buffet tape sur le mur sans que personne n’y touche», lance Michel, qui fouille dans ses souvenirs, citant une expérience récente.
«Le changement drastique de température. Le toucher aussi. Comme moi, à notre dernière enquête, je me suis fait jouer dans les cheveux», confie Johnny.
Bien qu’ils enquêtent en partie par plaisir personnel et parce qu’ils sont passionnés, Michel Lambert et Johnny Bourassa veulent surtout rendre service à la population.
Ils interviennent parfois pour demander à des entités de quitter un endroit, ou encore pour confirmer à des propriétaires qu’il se trouve bien une présence chez eux et parfois, même leur dire qui occupe l’endroit.
«On a déjà vu des gens qui ne veulent pas que les entités partent. Ils veulent seulement une confirmation. C’est comme dans n’importe quoi, quand tu possèdes l’information, tu peux t’y faire. Mais souvent, les gens sont un peu déçus qu’il n’y ait rien. On vérifie toujours, en rentrant, s’il s’agit d’une énergie dégagée par la boîte électrique ou par un champ électromagnétique dégagé par les appareils électroniques par exemple. Ça arrive souvent qu’il ne s’agisse que de ça», explique Michel.
«On n’est jamais véritablement déçus, nous, lorsqu’on ne trouve rien, parce qu’on se dit qu’on a rendu service à des gens», ajoute Johnny.
L’Hôtel de LaSalle dans la mire
Récemment, les deux enquêteurs devaient visiter un lieu de Grand-Mère qui a retenu l’attention dans les médias pour des travaux effectués tard le soir. Johnny Bourassa et Michel Lambert devaient se rendre à l’Hôtel de LaSalle pour investiguer. Toutefois, ils n’ont jamais eu de nouvelles du propriétaire des lieux, après que ce dernier leur ait confirmé qu’ils pourraient opérer librement.
Maintenant, les deux hommes de SPEQ espèrent qu’ils auront la chance de s’y rendre, malgré les événements des derniers temps.
«C’est une place qui possède beaucoup d’histoire pour la ville. Il y a beaucoup d’énergie qui a circulé là-bas, après toutes ces années d’existence», raconte Michel.
Johnny Bourassa abonde dans le même sens.
«C’est un endroit qui a beaucoup d’histoire en partant et quand il y a beaucoup d’histoire, c’est toujours le fun. On a entendu beaucoup de choses sur l’histoire des lieux et on veut les vérifier. On verra si d’éventuels résultats les confirmeront.»
Les deux comparses doivent par contre composer, plus souvent qu’autrement, avec un jugement discriminatoire des autres, qui possèdent chacun leur préjugés sur le type de travail qu’effectuent les Shawiniganais.
«Il y a des propriétaires qui refusent catégoriquement, parce qu’ils n’y croient pas ou qu’ils craignent qu’on ouvre des portes spirituelles», avoue Johnny.
«La face que les gens font quand on leur demande d’enquêter dépend souvent de leur degré d’ouverture. Souvent, on se fait dire que ça ne vaut pas la peine», dit Michel.
Néanmoins, ces passionnés du paranormal ne lâchent pas le morceau et sont constamment en quête de nouveaux lieux à visiter. Leur prochain projet serait de passer une nuit à la vieille prison de Trois-Rivières.
À suivre…