Trois-Rivières recrute trois pompiers-cadres à Shawinigan
NÉGOCIATIONS. La Ville de Trois-Rivières a embauché cette semaine trois cadres du Service de sécurité incendie (SSI) de la Ville de Shawinigan, une situation décrite comme une «hécatombe au sein de l’organisation» par l’Association des pompiers et pompières de Shawinigan (APPS).
Lors de la dernière assemblée du conseil mardi, les élus trifluviens ont adopté trois résolutions officialisant l’embauche de Carl Bouliane comme chef de division – opérations; et de Jean-Christophe Beaudoin et Pierre Alexandre Brière en tant que capitaine aux opérations incendie.
Ces deux derniers occupaient un poste similaire au SSI de Shawinigan tandis que Carl Bouliane agissait comme adjoint au directeur François Lelièvre. «À ces trois cadres, il faut ajouter celui du capitaine Pierre Hébert qui a pris sa retraite en juin dernier», déplore Benoit Ferland, président de l’APPS.
La structure du SSI de Shawinigan compte dix cadres, dont huit capitaines. Benoit Ferland souligne qu’il faut ajouter à ces quatre départs celui d’un capitaine qui a rejoint une autre organisation à l’automne 2018. «C’est donc la moitié des cadres qui ont quitté le service et un autre capitaine devra s’absenter à compter du mois de novembre pour une opération.»
Pour le président de l’APPS, cette situation est symptomatique d’un manque de leadership de l’état-major comme il l’avait déjà dénoncé le printemps dernier. «Quand il y a autant de personnes qui quittent en si peu de temps, il faut se poser des questions», poursuit celui qui affirme que le cabinet du maire fait la sourde oreille aux alarmes sonnées par le syndicat.
Quant aux négociations entourant le renouvellement de la convention collective, échue le 31 décembre 2016, et le traitement de quatre plaintes déposées par le syndicat à la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail), Benoit Ferland affirme qu’aucun progrès n’a été réalisé. «À part les énergies et l’argent que la Ville met pour contester, on n’avance pas du tout.»
Abus de pouvoir et intimidation
Enfin, le président du syndicat soutient être victime «d’abus de pouvoir et d’intimidation» de la part de la direction. Lors de l’incendie d’un immeuble à logements le 5 août dernier sur la 7e rue de la Pointe, alors qu’il était en service, Benoit Ferland dit avoir reçu une lettre de suspension de 20 heures, soit l’équivalent de deux quarts de travail.
«L’état-major a quitté son poste de commandement pour me donner cette lettre en retrait. Cette façon de faire ne respecte pas la procédure et n’est aucunement professionnelle», dénonce le président du syndicat. Cette suspension concernait un appel de garde auquel Benoit Ferland n’a pas répondu. «Je ne me suis pas présenté parce que j’étais en libération syndicale», plaide-t-il, ajoutant que le syndicat avait déposé un grief à propos de cette suspension.
Michel Angers relativise les départs
Interrogé sur cette cascade de départs, Michel Angers relativise l’événement en soulignant qu’historiquement, il y a beaucoup de roulement dans la profession de pompier. «C’est une roue qui tourne. Nous, on va chercher des pompiers dans de plus petites municipalités et les nôtres vont souvent se retrouver à Québec ou à Montréal. Cette fois-ci, c’est à 40 kilomètres, à Trois-Rivières. Il y en qui partent et d’autres vont arriver.»
Le maire précise que les plus grandes villes offrent plus d’échelons qu’une structure comme celle de Shawinigan. «Chez nous, le nombre d’étages avant d’arriver à la direction est beaucoup plus restreint.» Michel Angers voit dans cette énième sortie syndicale une stratégie de négociation. «Il faut faire la différence entre le message du président et du vice-président du syndicat et ce qu’on constate sur le terrain. J’ai toujours privilégié de mener face à face les discussions sur les relations de travail plutôt que par l’entremise des médias. Ce sont les méthodes qu’ils emploient et je suis nettement en désaccord avec cette façon de faire les choses», a-t-il terminé.