Usine de traitement d’eau potable: un groupe de citoyens demande une enquête  

ENVIRONNEMENT. Un groupe de citoyens du secteur Saint-Gérard-des-Laurentides demande au gouvernement du Québec de déclencher une enquête sur la gestion de l’usine de traitement d’eau potable du Lac à la Pêche.

Environ vingt-cinq personnes étaient réunies vendredi matin devant l’usine pour revendiquer publiquement que la lumière soit faite sur ce dossier soit depuis les premiers avis de Parc Canada en 2015 jusqu’aux dernières recommandations du ministère de l’Environnement en regard des nettoyages en cours.

Rappelons que depuis quelques semaines, d’importants travaux sont effectués pour nettoyer un ruisseau qui a été contaminé par des rejets toxiques émanant de l’usine. Accompagnée par André Berthiaume et Rodrigue Flageole, deux des trois propriétaires dont les terres sont touchées par cette contamination, Lynn Gravel a rappelé que cette usine était un désastre annoncé.

« Avant même sa construction, nous avons rencontré le maire à plusieurs reprises pour lui dire que ce site avec un bâtiment industriel, ça n’avait aucun sens. Que notre milieu serait affecté par la pollution sonore, par la pollution visuelle et que ça représentait un risque important de contamination d’un écosystème riche et fragile », a déclaré la résidante du lac à la Perchaude, situé à quelques centaines de mètres de la station de traitement.

Environ 25 citoyens ont marché symboliquement vers l’usine de traitement, passant juste à côté de camions qui s’affairaient justement à nettoyer les sites contaminés.

Appuyant la demande d’enquête, l’Association des propriétaires du Lac à la Perchaude (APLP) a souligné que la Ville avait repoussé les craintes soulevées dès 2016 en promettant que « tout serait parfaitement invisible et inaudible, et que les rejets de cette usine pourraient même être bus tellement ils seraient propres. Cinq ans plus tard, on n’en est pas là: l’usine pollue, est inefficace et est audible du lac. », peut-on lire dans un communiqué remis aux médias.

L’APLP parle « d’incompétence ou fausses promesses et écrans de fumée pour justifier l’injustifiable » de la part de la Ville de Shawinigan dans ce dossier. « On ne peut que conclure que ce projet est un échec à tous points de vue. Une décision illogique motivée avant tout par un souci d’économie exagéré. Exagéré au point de tourner les coins ronds autant sur les technologies déployées que sur le site d’implantation de l’usine en faisant fi des recommandations de tant d’intervenants et de spécialistes. »

Le conseiller du district des Montagnes, Claude Grenier, n’a pas échappé non plus à la colère des gens présents. « Il n’est jamais intervenu, ni participé à aucune discussion à propos de nos préoccupations face à l’usine », a déploré Lynn Gravel qui dit qu’il a préféré « représenter le maire Angers auprès de ses citoyens plutôt que de représenter ses citoyens à l’Hôtel de Ville. »

Prenant la parole au nom des trois propriétaires touchés, André Berthiaume a évoqué « un fiasco qui en a occasionné un autre sur ma terre et celles de Rodrigue Flageole et Serge Geoffroy. La Ville savait qu’elle ne rencontrait pas les standards, qu’elle polluait et elle ne parlait pas. Il a fallu qu’on découvre de nombreux poissons morts pour que ça soit rendu public », a-t-il déclaré d’une voix émotive, rappelant que cette terre avait été développée par son grand-père arrivé dans le secteur vers la fin des années 1800.

Mis en demeure par la Ville, André Berthiaume n’évoque rien de moins qu’une déclaration de guerre à son encontre. « C’est un peu le message qu’on vient dire aux deux autres propriétaires. On le bâtonne comme il faut votre voisin, alors écrasez-vous. J’appelle ça du harcèlement psychologique et de la mauvaise foi », a-t-il lancé.

Parlant au nom de l’APLP, Lynn Gravel a souligné que son groupe comptait solliciter dans les prochains jours une rencontre avec la députée Marie-Louise Tardif pour officiellement demander cette demande d’enquête.

Réaction du maire Angers

Réagissant à cette demande d’enquête, le maire Michel Angers ne s’en formalisait pas. « J’ai parlé au ministre de l’Environnement et nous sommes en continuelle collaboration avec le ministère pour trouver des avenues et des solutions à tout ça. »

Il a rappelé que personne dans ce dossier n’a été de mauvaise foi. « Ni les entrepreneurs, ni le ministère, ni la Ville. Tout le monde a voulu faire les choses de la meilleure façon, mais ça ne s’est pas passé comme on voulait. C’est des choses qui peuvent arriver dans toutes sortes de dossiers », a-t-il expliqué, sûrs de pouvoir trouver une solution pour que tout rentre dans l’ordre.

Le maire déplore cependant que cette manifestation survienne en pleine campagne électorale. « Une enquête sur quoi? Il y a des problèmes et on va trouver une solution. Le ministre m’a assuré de sa plus grande collaboration. Qu’on arrête de tenter de trouver c’est la faute à qui, la faute à quoi, où, quand, comment, pourquoi! On ne marche pas comme ça. On n’aime pas ça à Shawinigan ce genre de chose là. »

Rappelant que l’eau distribuée dans le réseau est d’excellente qualité, il a réitéré l’usine de traitement fonctionnera bien dans quelque temps. « Qu’on nous laisse le temps », a-t-il terminé.