Un référendum pour une clinique d’acupuncture?

Certains trouveraient curieux que le projet commercial d’un individu entourant l’ouverture d’une clinique d’acupuncture sème autant de zizanie dans un quartier. Pourtant, c’est bel et bien le cas pour Sylvie Doucet qui désire déménager ses pénates, ainsi que la clinique qu’elle opère depuis 20 ans de la 128e rue à la 127e rue à Shawinigan-Sud. Pour l’heure, les citoyens sont divisés sur la question et un référendum serait à prévoir.

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C’est que la femme souhaite déménager ses pénates à une rue de son actuelle demeure de façon, dit-elle, à pouvoir mieux répondre aux besoins de sa clientèle. Mais voilà que certains résidents, dont un plus fervent en la personne de Michel Bordeleau, un nouveau venu du quartier ne l’entendent pas de la sorte.

Des inquiétudes non fondées?

On craint de perdre la quiétude de ce quartier paisible, on s’inquiète sur la question des stationnements et on redoute un achalandage plus important sur la rue où travaillera la dame. Bref, la machine à rumeur s’emporte et les questionnements gagnent plusieurs résidents.

Or, Madame Doucet souhaite mettre les pendules à l’heure entourant ce projet qu’elle caresse depuis près de deux ans. «Je le fais d’abord et avant tout pour mes clients ce déménagement. Après 20 ans d’activités, certains de mes habitués vieillissent et plusieurs ont une mobilité réduite», mentionne la dame qui accueille présentement ses patients dans son sous-sol.

«L’escalier pour se rendre dans ma clinique est problématique pour divers types de personnes, entre autres, et l’endroit de façon générale est défraichi», renchérit-elle. «Je suis en fin de carrière, donc je n’irai pas en augmentant mes services ou en construisant une soi-disant école d’acupuncture comme certains l’ont laissé entendre», se défend la dame.

À ce sujet également, elle mentionne que sa clinique sera en opération uniquement de deux à trois jours par semaine et qu’une aire pouvant contenir cinq stationnements serait aménagée sur sa nouvelle résidence, détruisant du même coup la thèse de congestion apportée par certains.

La professionnelle clame vouloir seulement offrir le meilleur environnement à ses clients et profiter de sa nouvelle résidence à quelques pas de sa demeure actuelle pour y vivre avec son conjoint lorsque l’heure de la retraite aura sonnée. «Vous savez, je suis rendue à 56 ans et la carrière s’achève pour moi, non l’inverse», soutient Mme Doucet.

Une ampleur inimaginable

Appelée à se prononcer sur les récentes oppositions citoyennes auxquelles elle doit faire face, notamment lors de la signature d’un registre d’opposants en février dernier, la dame se désole du cours des choses. «Je trouve ça terrible c’est certain. Je suis quelqu’un de très zen, je ne veux pas causer de tort ou déranger le voisinage par mes fonctions», indique-t-elle visiblement ébranlée.

«Disons que la tournure des événements prend une ampleur démesurée et je me croise seulement les doigts pour pouvoir mener mon projet à bien. Sinon, je ne sais pas ce qui va arriver. Disons que je vais me questionner sérieusement à savoir si je continue à demeurer dans le coin», laisse tomber l’acupuncteur sous toute réserve. «Il est clair cependant que je souhaite que la démocratie l’emporte!»

Refusant d’alimenter la discorde puisque «cela n’apporte rien de bon», Mme Doucet soulève toutefois que les événements sont parfois difficiles à gérer émotionnellement. Celle qui prend part à des porte-à-porte pour informer les résidents du secteur en compagnie de volontaires se dit parfois dépassée par ce qui lui arrive.

«J’ai investi près de 300 000$ dans cette nouvelle résidence et entrepris diverses démarches auprès de la Ville pour ce projet J’essaie de tout faire dans les règles de l’art et de me plier à toutes les normes.» Disons qu’avec les remous de ces derniers temps, l’acupuncteur en oublie presque l’heureux événement qui attend sa famille.

«Ma bru doit accoucher d’un jour à l’autre!», indique timidement Mme Doucet. «J’aimerais en profiter et rendre visite à mon fils et sa conjointe, mais je me sens coincée. Je suis enclenchée dans une véritable campagne référendaire», observe la dame qui deviendra grand-mère sous peu.

Croisée sur place lors de l’entretien de l’Hebdo avec Mme Doucet, Lucette Bruneau, une voisine de l’acupuncteur, ne comprenait pas la nature des oppositions envers le projet de Mme Doucet. «Il y a des maisons de personnes âgées autour et plusieurs résidents sont des clients de Mme Doucet. Elle ne dérangera pas personne par ce changement. Elle mérite d’obtenir cela», a indiqué la dame.

Une insulte à la démocratie pour un résident

Nouvellement établi dans le quartier, Michel Bordeleau, s’oppose au déménagement du commerce de Mme Doucet sur la 127e rue. Le résident qui demeure derrière l’actuelle clinique d’acupuncture de Mme Doucet ne comprend visiblement pas le bien-fondé de ce volte-face du conseil municipal et la possibilité d’un référendum.

D’après lui, la démocratie a parlé dans ce dossier lors de la signature du registre en février et le coût d’un référendum, estimé à plus ou moins 30 000$, serait un mal non nécessaire. «Avez-vous idée du coût d’un tel exercice ? Ce n’est pas tous les résidents qui vont penser à se déplacer pour bénéficier de leur droit», avait lancé M. Bordeleau aux élus en séance du conseil de ville.

«C’est une farce ou quoi, ce n’est plus drôle de faire durer le suspense», avait-il tempêté devant une salle comble. Le résident aurait aussi réalisé ses propres rondes de porte-à-porte pour divulguer de l’information aux citoyens. «Par contre, certains éléments qu’ils évoquent sont erronés», déplore Mme Doucet. L’acupuncteur mentionne aussi que des résidents commencent à se plaindre d’être dérangés par ce genre de visites, d’un côté comme de l’autre.

Au fait des sorties de M. Bordeleau, Lucette Bruneau se surprend de pareilles réactions et commentaires. «Plusieurs résidents autour, dont moi-même, vivons dans le coin depuis plusieurs années, mais lui vient de s’établir et il tente de nous dire quoi faire?», s’est interrogé la dame. «Je trouve cela curieux, la rue est à tout le monde non?», a-t-elle laissé tomber.

Vers un référendum?

Le maire de Shawinigan Michel Angers a en effet indiqué en début mars que des éléments suffisants ont forcé le conseil de ville de Shawinigan à statuer à nouveau sur le cas de Sylvie Doucet après la signature du registre en février.

Le conseiller du district Val-Mauricie Pierre Giguère souligne que la nouvelle de ce déménagement a créé une grosse blessure dans ce secteur. Il avait alors ajouté en séance du conseil de ville que les citoyens sont divisés d’un côté ou de l’autre sur la question de ce projet de construction particulier.

Un référendum prendrait vraisemblablement place autour du 5 mai prochain. «Vos médias relaieront l’information et tout sera divulgué de façon claire le moment venu», a tranché le maire.