Un Sénégalais choisi Shawinigan
ENTREPRENEURIAT. Âgé de 36 ans, le Sénégalais Ababacar Ndao a choisi Shawinigan et son Centre d’entrepreneuriat pour lancer son entreprise nommée Upsatis. L’Hebdo a rencontré l’homme d’affaires afin de connaître ses motivations à avoir misé sur Shawinigan.
M. Ndao a complété ses études en France en Management, gestion d’entreprise et qualité stratégie. Depuis 2012, il a réalisé plusieurs voyages d’immigration d’affaires à Montréal et Toronto. C’est depuis le 23 janvier dernier qu’il est arrivé au Québec. Après avoir réalisé de la prospection dans différentes régions, c’est le 16 juin dernier que le Sénégalais s’est établi à Shawinigan.
«C’est plus prudent de lancer une entreprise lorsqu’on a de l’expérience, c’est pourquoi j’ai réalisé de la prospection auparavant. Si on m’avait dit il y a six mois que j’habiterais Shawinigan, je ne l’aurais pas cru puisque premièrement, je ne connaissais pas la ville. Dans les grandes villes, les gens n’ont pas de temps, et les gros poissons mangent les plus petits. Au départ, ce n’est pas le profit qui m’intéresse, mais la création d’emplois. Je veux créer les choses calmement ici et voir les développeurs numériques venir s’établir. On peut le faire dans un climat paisible, et non pas dans une ville qui mise tout sur le capitalisme. À Shawinigan, les structures sont adéquates, il existe de l’accompagnement, il y a une belle qualité de vie, le coût des loyers n’est pas élevé, et l’emplacement au cœur du Québec fait qu’on est près de tout. Le dynamisme des autorités a eu aussi un rôle à jouer dans mon choix. Un nouvel entrepreneur a plein d’énergie. Et quand je vois plein de gens qui disent on se tient debout, il s’agit d’une motivation supplémentaire. Le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) et le Centre d’entrepreneuriat ont été décisifs dans mon choix.»
«Je tombe au bon moment pour le lancement de mon entreprise, poursuit l’Africain. Je suis l’un des premiers à être retenu par le programme immigrant-entrepreneur qui se fait en collaboration entre le SANA et la Société d’aide au développement des collectivités (SADC). Avec l’encadrement que j’ai eu, ça m’a permis de mieux repositionner mon projet d’entreprise afin de l’adapter au marché local. Je n’ai pas le droit à l’erreur. Je ne suis pas venu ici pour me chercher du travail, je suis venu ici pour créer de l’emploi! C’est audacieux, mais celui qui n’ose rien n’aura rien.»
Pour le moment, l’entrepreneur s’est installé à Shawinigan à court terme, et tout dépendra de la réussite de son entreprise pour le long terme. «Il est plus opportun pour le moment de rester au Centre d’entrepreneuriat plutôt que dans un bureau au centre-ville puisqu’ici, c’est un carrefour d’affaires. Si ma structure commence à se développer et que la courbe de croissance est bonne, il ne servirait à rien de partir de Shawinigan, parce que j’ai déjà tout ce qu’il faut ici. De plus, avec l’accueil que j’ai eu ici, en termes de fidélité, je dois bien ça à Shawinigan. J’ai ma femme et mes deux enfants qui demeurent à Dakar au Sénégal. Je suis à regarder pour les faire venir ici. Tout dépendra de la réussite de l’entreprise. La distance est difficile, mais quand on veut quelque chose il y a toujours un prix à payer. Il y a des sacrifices à faire comme entrepreneur et c’est pourquoi peu de gens peuvent le devenir.»
Sa compagnie
Upsatis fait le lien entre les compagnies pour l’achat de matériel haut de gamme en ligne. Par exemple, un nouvel entrepreneur n’ayant pas tous les contacts peut demander l’aide d’Upsatis pour l’aider à trouver le matériel afin de démarrer son entreprise. «Le web de personne à personne va bien au Québec, il est bien développé, mais d’une entreprise à une autre, il y a beaucoup de travail à faire. Ma plateforme permet un réseautage d’affaires. Nous allons offrir des produits dont les entreprises ont besoin, à des coûts très bas, comme des cartouches d’encre», indique M. Ndao.
La Laurentide
Comment M. Ndao a vu la nouvelle de la fermeture de l’usine Laurentide en tant qu’entrepreneur? «Comme entrepreneur, nous n’avons pas la même approche d’une crise que les citoyens. À court terme, une crise a une apparence de rupture, mais en réalité une crise est une opportunité de mutation. Mieux vaut se différencier que tout miser sur un seul créneau. Présentement ce n’est pas bien pour la ville, mais c’est aussi une chance pour diversifier son économie.»