Une cour à scrap dans sa cour

Exaspérée par les activités d’un ferrailleur qui opère dans une zone résidentielle juste à côté de chez elle, une résidente du secteur Saint-Gérard-des-Laurentides vient d’envoyer une mise en demeure à la Ville de Shawinigan afin que celle-ci régularise la situation.

Le litige oppose l’entreprise Fers et Métaux Garand et une citoyenne de la rue des Peupliers qui préfère pour l’instant conserver l’anonymat par crainte de représailles. Depuis 2006, celle-ci fait des représentations régulièrement auprès des autorités municipales pour que le ferrailleur cesse ses activités sur le terrain situé à une trentaine de pieds du sien.

Lasse de se battre sans obtenir de résultat – et après un congé de maladie de plusieurs mois en 2011 occasionné par le stress relié à ce dossier affirme-t-elle – elle a mandaté il y a quelques semaines l’avocat Marc Michaud (Legris, Michaud & Lacoursière Avocats), de Trois-Rivières, pour la représenter.

Procédure d’injonction

Celui-ci a fait parvenir le 30 juillet une mise en demeure à la Ville l’enjoignant de faire «respecter sa réglementation municipale en prenant des procédures d’injonction contre Fers et Métaux Garand pour que cette compagnie cesse d’exploiter sur les lots localisés dans une zone résidentielle et que cette compagnie cesse d’élever ses amas aux abords de la ligne de division de la propriété» de sa cliente.

Interrogé par L’Hebdo, François St-Onge confirme les prétentions de la plaignante «Nous avons fait parvenir un projet d’entente avec Fers et Métaux Garand afin de mieux encadrer leurs activités», précise le directeur des communications à la Ville de Shawinigan.

Ce projet, pour lequel la Ville n’aurait pas encore reçu de réponse, comprend un ajustement de zonage afin de lui permettre la poursuite de ses opérations, la mise en place d’une zone tampon ainsi que l’aménagement d’une sortie vers le Technoparc afin de permettre la circulation de camions. Actuellement, les va-et-vient des véhicules lourds se fait par la rue des Peupliers, ce qui a déjà occasionné plusieurs plaintes des citoyens du secteur dans le passé.

Légaliser l’illégalité

Cette initiative de la Ville ne satisfait cependant aucunement la plaignante. «Les griefs soulevés par Mme (…) portent beaucoup plus sur les bruits assourdissants qu’elle entend pendant toute la journée causés par les machineries de cette compagnie plutôt que par le transport des véhicules lourds», écrit Me Michaud dans sa correspondance avec Me Annie Pagé, directrice du contentieux à la Ville. L’avocat se dit même surpris de la solution proposée puisque celle-ci équivaudrait à «légaliser une situation qui jusqu’alors était prohibée.»

Dans la proposition de la Ville, Fers et Métaux Garand érigerait une clôture entre ses terrains et ceux de la plaignante. Une solution insatisfaisante compte tenu que celle-ci «n’entraînerait que la délimitation des propriétés» et n’aurait aucun impact sur le bruit. Me Michaud propose plutôt que la zone tampon soit prolongée derrière la propriété de sa cliente.

Comble de frustration pour la résidente de la rue des Peupliers, la Ville lui demande de céder une partie de son terrain pour sécuriser la circulation des camionneurs de Fers et Métaux Garand.

En résumé, Me Michaud se dit circonspect devant la solution proposée. «Je ne vous cacherai pas le fait que nous entretenons de sérieux doutes sur le respect par Fers et Métaux Garand. Quand on se permet depuis autant d’années à se comporter comme elle l’a fait en bafouant les règlements municipaux, il est facile d’imaginer que cette compagnie fera bien peu de cas de l’interdiction de circulation par ces véhicules lourds.»

En conclusion, l’avocat souligne «qu’il est maintenant grand temps que la Ville assume ses responsabilités et mette cette compagnie au pas.»