Une Journée de reconnaissance policière teintée d’émotions
NICOLET. C’était la Journée de reconnaissance policière à l’École nationale de police de Nicolet ce lundi, 13 mai. Une journée riche en émotions, qui a à la fois récompensé policiers et citoyens ayant accompli des actes héroïques dans la dernière année et rendu hommage aux policiers morts en service. L’événement a culminé par l’intronisation de la sergente Maureen Breau de la Sûreté du Québec, décédée lors d’une intervention policière à Louiseville le 27 mars 2023.
Remise des décorations et citations
En première partie de la journée, le ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région de l’Estrie, François Bonnardel, a remis des décorations et citations à 33 personnes, dont 23 policiers et policières et dix citoyens et citoyennes. Les policiers et policières honorés proviennent des services de police de Montréal, Lévis, Longueuil, Saint-Jean-sur-Richelieu, de la MRC des Collines-de-l’Outaouais et de la Sûreté du Québec.
Parmi les récipiendaires figurait la sergente Maureen Breau, à titre posthume. Elle s’est vu décerner une Médaille de dévouement pour le geste héroïque qu’elle a posé. On se rappelle que la sergente Breau est intervenue au péril de sa propre vie, le 27 mars 2023, pour sauver un coéquipier attaqué par un homme armé.
Le premier ministre François Legault a assisté à la cérémonie.
Il a d’ailleurs tenu à rendre hommage à la sergente Maureen Breau en déposant une gerbe de fleurs devant le mémorial de la Sûreté du Québec. Par la suite, il s’est entretenu avec ses proches lors d’une rencontre privée.
Cérémonie commémorative
En deuxième partie de cette journée avait lieu la cérémonie commémorative des policiers et policières morts en service. À cette occasion, plus d’une centaine de policiers et agents de la paix ont défilé sur le boulevard Louis-Fréchette en direction du site commémoratif de l’École nationale de police du Québec. Après l’arrivée du cortège a eu lieu l’appel nominal des 190 policiers et policières qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur fonction au Québec depuis 1852.
Nicole O’Bomsawin, aînée de la Nation des Abénakis d’Odanak, a été invitée à animer une brève cérémonie consistant à poser un geste d’honneur pour les dons de vie faits par les policiers et policières morts en service. Comme le veut la tradition autochtone, quatre offrandes de tabac ont été faites aux quatre points cardinaux en reconnaissance des défunts et du bien qu’ils ont fait. Au moment des offrandes, Mme O’Bomsawin a entonné un chant de guérison pour les familles et un chant de reconnaissance pour célébrer la vie.
Ensuite, Guy Chapdelaine, conseiller cadre à la liaison humanitaire de la Sûreté du Québec, a partagé sa réflexion à propos du deuil. Il a aussi exprimé son souhait que tous les proches des policiers décédés en service, et spécialement ceux de la policière Maureen Breau, « trouvent la paix intérieure » malgré l’épreuve. « Puissions-nous être toujours reconnaissants envers ceux et celles qui ont fait le sacrifice ultime pour protéger ceux et celles qui leur étaient confiés », a-t-il adressé.
Intronisation de Maureen Breau
L’événement s’est achevé par l’intronisation de la sergente Maureen Breau. À cette occasion, Johanne Beausoleil, directrice générale de la Sûreté du Québec, a pris la parole pour honorer sa mémoire.
« Cette partie de la cérémonie nous rappelle ce que nous craignons le plus, soit la perte d’un collègue de travail en devoir et la perte d’un être cher dans l’exercice de ses fonctions. Cette cérémonie nous rappelle également le danger de la profession de policier face à des situations extrêmes, comme celle à laquelle a dû faire face la sergente Breau », a-t-elle indiqué.
« Maureen était un rayon soleil, conjointe, mère de famille, fille et sœur dévouée et appréciée de tous. Elle a joint les rangs de la Sûreté du Québec en 2002 comme policière au poste de la ville de Shawinigan. Sa carrière a pris fin abruptement alors qu’elle était sergente cheffe d’équipe au poste principal de la MRC de Maskinongé et qu’elle devait entamer dans les jours suivants de nouveaux défis aux enquêtes criminelles », a-t-elle rappelé.
« Tous ses collègues n’ont que des éloges à son égard. Son professionnalisme et son sens du devoir n’avaient d’égal que son amitié et sa bienveillance hors du commun. Elle représentait les valeurs de la Sûreté du Québec et elle était un modèle à suivre pour toutes les jeunes femmes aspirant à faire carrière comme policières. »
« Il est difficile de trouver une logique dans cette fatalité », a ajouté Mme Beausoleil. « Les raisons qui nous amènent à faire carrière comme policier ou policière nous aident à trouver certains repères. Cette profession qui est essentielle au maintien de la paix et à l’ordre social est souvent le dernier rempart assurant la sécurité des citoyennes et des citoyens du Québec. Il faut être fier envers cette profession essentielle et plein de gratitude pour ceux et celles qui sont et qui aspirent à devenir des policiers et des policières. »
« Plus que jamais, le destin nous montre aujourd’hui que nous sommes tous égaux devant la mort. Il n’y a plus de hiérarchie qui compte. Il y a une femme, une policière, une conjointe, une mère, une sœur décédée dans l’exercice de ses fonctions. La présence de nombreux confrères et consœurs, policiers, collègues, amis, familles rassemblés aujourd’hui témoigne de notre amour pour la sergente Maureen Breau. Votre présence et votre solidarité apportent beaucoup de réconfort à tous », a-t-elle insisté, soulignant du même souffle que « la Sûreté est privilégiée d’avoir compté la sergente Breau dans ses rangs ».
« Le nom de Maureen est gravé à jamais dans la pierre de notre Cénotaphe pour rappeler aux générations futures qu’une policière de la Sûreté du Québec a donné sa vie en servant les citoyens et les citoyennes avec respect, passion et professionnalisme. Son sacrifice ne sera jamais oublié », a-t-elle terminé.
En compagnie du conjoint, des enfants, des parents et de la sœur de Maureen Breau, la directrice générale de la Sûreté du Québec s’est ensuite dirigée vers le Cénotaphe de la Sûreté du Québec. Elle a déposé une feuille de chêne en laiton gravé au nom de la sergente Breau dans l’urne funéraire pendant que les proches de la défunte apportaient une gerbe de fleurs.
C’est le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qui a eu l’honneur de clore la cérémonie. « Chaque année, lors de la Semaine de la police, on prend un moment pour commémorer nos policiers et policières décédés en devoir. Aujourd’hui, j’aimerais qu’on prenne conscience du dévouement et du sacrifice que font ces femmes et ces hommes pour nous protéger quotidiennement. On a plus de 15 000 policiers et policières au Québec qui, à chaque jour, se lèvent pour protéger les citoyens du Québec. Donner sa vie pour porter secours à son prochain constitue un geste des plus honorables. Nous avons la responsabilité de nous souvenir d’eux, de leur action et de leur grand sens du devoir », a-t-il témoigné, adressant ses condoléances aux proches et aux familles de la sergente Breau.
Le saviez-vous?
Le site commémoratif aménagé il y a 18 ans sur le campus de l’École nationale de police du Québec permet à la communauté policière et à tous ceux qui désirent s’y recueillir de garder dans leur mémoire le souvenir de leurs collègues et de leurs proches morts en service.
Il comprend cinq cénotaphes : celui de l’École nationale de police du Québec, celui de la Sûreté du Québec, celui conjoint de l’Association des directeurs de police du Québec et du Service de police de la Ville de Montréal, celui des corps de police autochtones de même que celui de la Gendarmerie royale du Canada.