Vallée de la transition énergétique: “une mer d’opportunités” malgré l’incertitude économique

RÉGIONÉ L’incertitude qui plane dans le monde économique en lien avec ce qu’il se passe aux États-Unis avec les décisions de Donald Trump pourrait s’avérer un vecteur intéressant d’opportunités pour la Vallée de la transition énergétique (VTÉ), affirme le directeur général de la VTÉ, Alain Lemieux.
“Inévitablement, ça amène de l’incertitude, mais ça amène aussi les gens à se dynamiser. Je vois ça comme une mer d’opportunités à saisir. Ça fait qu’il faut valoriser nos innovations, permettre aux chercheurs et aux entreprises de pouvoir encore investir, de développer et se positionner sur ces potentiels sur les marchés et aller à l’international. On ne reniera pas le marché américain, mais il faut aller vers d’autres marchés aussi”, indique-t-il.
“Nous, ce qu’on peut faire à la Vallée de la transition énergétique, c’est stimuler l’innovation et accompagner ces potentiels vers les marchés extérieurs, ajoute M. Lemieux. Il faut qu’on sorte du syndrome de la gêne, car on a souvent l’impression qu’à l’étranger, ils ont plus de moyens ou sont meilleurs que nous. Pourtant, on fait beaucoup de recherche au Québec, mais on ne la valorise pas assez. Mettons en lumière nos écosystèmes pour être attractifs afin d’attirer des étudiants et des chercheurs qui sont aux États-Unis en ce moment.”
D’ailleurs, l’actuel définancement de la recherche aux États-Unis pourrait également permettre de rapatrier des chercheurs, estime Yves Monette, directeur du Bureau des projets stratégiques en recherche à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
“Il y a le programme des Chaires d’excellence en recherche du Canada. Ces Chaires obtiennent jusqu’à 1 M$ par année sur huit ans. Il peut être intéressant de proposer ces Chaires pour attirer des chercheurs de l’étranger chez nous. Une autre force de l’UQTR est la recherche autour de l’énergie, notamment avec l’Institut de recherche sur l’hydrogène ou encore l’Institut d’Innovations en Écomatériaux, Écoproduits et Écoénergies à base de biomasse”, mentionne M. Monette.
Les deux hommes ont discuté du développement de la Vallée de la transition énergétique et de décarbonation aux côtés de Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et développement économique (IDÉ) Trois-Rivières, et de Jacques Paquin, vice-président exécutif au Port de Trois-Rivières, lors d’un déjeuner de la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières.
“Le Port est un beau lieu de recherche, souligne M. Paquin. Il peut en sortir des innovations pour des entreprises qui pourront l’utiliser ailleurs. C’est une autre façon d’utiliser le Port pour croître. La décarbonation est un enjeu majeur pour nous. C’est un enjeu stratégique et de compétitivité, souligne M. Paquin. On vise la carboneutralité d’ici 2050. On va notamment tester des biocarburants de remplacement. Par ailleurs, notre projet de 300 M$ fera aussi en sorte que la manutention se fera à 100% de façon électrique au Port de Trois-Rivières.”
Des incertitudes dans la filière batterie
Alain Lemieux ne s’inquiète pas trop des mauvaises nouvelles qui ébranlent la filière batterie à travers le Québec, que l’on pense au projet Northvolt qui bat de l’aile ou encore la remise en question de l’usine de composants de batteries EcoPro BM à Bécancour par son haut dirigeant coréen.
“Les nouvelles technologies qui arrivent sur les marchés ne sont jamais un fleuve tranquille. Il y a toujours des obstacles sur le chemin de vie d’un potentiel. C’est le cas de la filière batterie, assure-t-il. Elle est partie très rapidement, probablement peut-être même un peu trop vite. Parfois, c’est bon d’avoir un pas de recul pour restabiliser les choses et pour avoir des ancrages encore plus solides.”
“Il y en aura des batteries dans les véhicules, soyez sans crainte, poursuit le directeur général de la VTÉ. Le marché va se développer. On a aussi besoin de batteries stationnaires pour emmagasiner de l’énergie, pas nécessairement dans des véhicules. Il y aura inévitablement de la recherche et de l’innovation de la batterie au cœur de la Vallée de la transition énergétique. On verra dans l’exécution comment les choses vont se faire. Il faut avoir du courage et de l’audace pour être capable de se positionner sur des marchés avec nos potentiels.”
“On est l’une des rares places sur la Terre où les énergies renouvelables sont les plus imposantes. On va investir entre 150 et 180 milliards $ dans les prochaines années pour développer des blocs d’énergie supplémentaires. Ça prend des blocs d’énergie pour décarboner. Utilisons-les et valorisons-les pour permettre à du Québec Inc. de se renforcer, conclut M. Lemieux.