Véritable défoulement collectif à Shawinigan

SHAWINIGAN. L’impatience s’est fait sentir à plusieurs reprises chez les plus de 400 Shawiniganais ayant assisté à l’assemblée d’information sur le rôle municipal donnée par la firme Servitech et la Ville de Shawinigan à l’Auberge Gouverneur.

Les représentants de la firme Servitech, Mathieu Guimont, directeur régional en Mauricie et Stéphane Roy, copropriétaire et vice-président, ont d’abord présenté l’entreprise et livré des données techniques pour la confection d’un rôle d’évaluation.

À de nombreuses reprises, on a pu sentir l’impatience dans la foule alors que les citoyens voulaient questionner la firme pendant la présentation. « On ne veut pas le savoir », a lancé Yves Lambert en se levant d’un bond. « C’est une perte de temps! »

Les représentants ont été interrompus de nombreuses fois alors qu’ils livraient une information difficile à vulgariser.

Il faut savoir qu’un rôle d’évaluation est conçu à chaque trois ans pour une ville de 5000 habitants et plus. Pour le dernier rôle, il a été basé sur le marché de juillet 2017. Donc comme exemple, les travaux d’assainissement des eaux du secteur Lac-à-la-Tortue ne pouvaient pas être inclus pour ce nouveau rôle.

Un rôle est encadré par la loi sur la fiscalité, des règlements, la valeur du marché d’un secteur, les transactions dans cette zone…

Il est à noter que la firme Servitech a précisé qu’elle n’allait pas recevoir de cas en particulier lors de la soirée. Elle était là pour parler globalement. Toutefois, la majorité des questions portaient sur des cas particuliers.

La séance a bien failli se terminer promptement alors que plusieurs cris provenaient de la foule. Le maire Angers a même évoqué la possibilité de mettre fin à l’assemblée si l’ordre et le respect ne revenaient pas.

Karine Bussières est revenue à la charge suite à la dernière assemblée du conseil municipal de Shawinigan avec les résultats d’une pétition en ligne de 659 signataires dont 88% veulent une réévaluation des propriétés et 98% en désaccord avec la hausse des taxes de Shawinigan.

Chacune des interventions citoyennes était nourrie d’applaudissement. Les représentants de la firme Servitech ainsi que le maire Michel Angers ont essuyé le défoulement des gens pendant plus de deux heures trente comme des sacs d’entraînement.

Tantôt calmes, tantôt agressifs, les citoyens se sont fait entendre par dizaines.

Les gens de Servitech ont mentionné à plusieurs reprises qu’une feuille était disposée à l’arrière de la salle afin que les propriétaires puissent soumettre leurs coordonnées et la firme recontactera les propriétaires pour une prise en compte de la demande de révision du rôle. Puis, les citoyens voulant faire réviser leur rôle devront débourser une somme pour une demande officielle de révision.

René Beaulieu se demandait pourquoi l’évaluation de sa terre à bois a été augmentée de 11 000$ comparativement au dernier rôle. « Je ne savais pas que les arbres prenaient autant de valeur », a-t-il lancé avant de demander à la foule, à main levée, combien de gens avaient vu un évaluateur sur leur propriété au cours des quatre dernières années. On a pu voir des mains levées dans un ratio de 1/5.

L’exaspération s’est fait sentir du côté du maire Angers alors que certains citoyens soulignaient que la Ville de Shawinigan vivait au-delà de ses moyens.

« On s’est pris en main comme communauté avec le centre d’entrepreneuriat suite à la fermeture d’usines, indique-t-il sur un ton élevé. On a fait des investissements importants. C’est drôle, on commence à augmenter notre population. Il y a 200 jobs chez CGI, et ça va monter à 300. Desjardins vient d’arriver avec une autre centaine de job. Vous pouvez penser ce que vous voulez, je vous respecte, mais de nous traiter de mauvais administrateur… Je vais faire le parallèle avec tout l’argent qu’on est allé chercher en subvention pour le Lac-à-la-Tortue, l’eau potable, il n’y a pas une ville au Québec qui est allé chercher autant d’argent pour investir. »

 

Stéphane Roy et Mathieu Guimont de Servitech et le maire de Shawinigan Michel Angers.
Les 300 chaises dans la salle de l’Auberge Gouverneur n’auront pas suffit avec plus de 400 personnes.