Virage vert pour Hydravion Aventure

SAINT-ÉTIENNE-DES-GRÈS. Hydravion ­Aventure plantera cet été 30 000 arbres sur ses terres afin de compenser les 145 tonnes de ­GES (gaz à effet de serre) qu’émettent ses avions dans l’atmosphère annuellement.

«  ­Quand ces arbres seront matures dans une quinzaine d’années, on calcule qu’on sauvera environ 450 tonnes de ­GES chaque année  », estime ­Alain ­Priem, fondateur de la compagnie aérienne basée sur la rivière ­Saint-Maurice, à ­Saint-Étienne-­des-Grès, depuis maintenant 20 ans.

Ce coup de pouce en faveur de l’environnement n’est que la suite logique d’un virage entrepris par le transporteur aérien en 2023 lorsqu’il a acquis deux ­Daher ­Kodiak 100, des hydravions modernes qui réduisent d’environ 60 % les émissions de ­GES par rapport aux ­Cessna et ­Beaver traditionnels.

«  ­Les vieux hydravions qui volent dans le ciel sont de bonnes machines, mais leur moteur à piston alimenté par de l’essence au plomb date des années 1930 et brûle 1 à 4 litres d’huile à l’heure. Tandis que nos ­Kodiak, ce sont des avions modernes de brousse qui fonctionnent avec du ­JET ­A-1, le même carburant qu’on met dans les ­Boeing  », poursuit le pilote d’origine française.

Parce que les ­Kodiak peuvent transporter 9 passagers, en comparaison de 3 pour un ­Cessna et 5 pour un ­Beaver, le bilan environnemental d’Hydravion ­Aventure en ce qui a trait aux émissions de ­GES par tête de pipe a fait un grand bond en avant.

Défi ­Carboneutre

D’ailleurs, le transporteur aérien suit à la lettre le ­Plan d’action climatique de l’aviation 2022‑2030 adopté par le gouvernement canadien et s’est engagé officiellement en 2024 dans le ­Défi ­Carboneutre, d’où sa promesse de planter 30 000 arbres cet été.

De l’avis même d’Alain ­Priem, ce virage vert n’aurait pas été possible sans l’arrivée de son associé ­Fabrice ­Bedu qui s’est joint à l’entreprise pendant la crise de la ­COVID. «  ­Au stade où j’en étais dans ma carrière, avec les avions payés et la compagnie libre de dettes, la facilité aurait été de continuer comme ça. Mais ­Fabrice est arrivé avec sa vision différente et ça m’a donné une émulation nouvelle et le rêve de repartir avec des avions modernes  », confie le fondateur d’Hydravion ­Aventure.

Le pari des deux pilotes d’avion est de voir cette nouvelle orientation se traduire par l’arrivée de nouveaux clients soucieux de la santé de la planète. «  C’est certain qu’en achetant deux ­Kodiak à 4 millions$ l’unité, ­Hydravion ­Aventure fait beaucoup moins de bénéfices qu’avant, mais on pense que les opérateurs voudront travailler avec nous parce que de plus en plus, la réglementation les oblige à prendre en compte les émissions de ­GES  », poursuit ­Alain ­Priem qui souligne qu’en ­Angleterre, les avions de plus de 30 ans sont progressivement retirés de la circulation.

«  ­On offre un produit que personne ne propose et on est les seuls à opérer ce type d’avion au ­Canada. À cause de son confort, ses performances, sa flexibilité, quelque part on va gagner à moyen terme  », renchérit ­Fabrice ­Bedu.

Treize fois moins bruyants

Avec une autonomie de 7 heures et une vitesse de croisière de 180 milles à l’heure, le ­Kodiak n’offre en effet aucune comparaison avec les ­Cessna ou les ­Beaver. «  C’est deux fois plus vite et avec ses hélices en carbone, il fait 13 fois moins de bruit que les vieux hydravions  », fait remarquer ­Alain ­Priem qui a acheté l’un de ses deux ­Kodiak en ­Allemagne en le ramenant ­lui-même au ­Québec en survolant l’Atlantique avec des escales en ­Islande et au ­Groenland.

Les deux partenaires ont lancé au début du mois de mai leur nouvelle saison touristique avec beaucoup d’optimisme. «  C’est curieux à dire, mais dans notre industrie, on croit que 2025 sera la première vraie bonne année après la pandémie. De ce qu’on entend et ce qu’on lit, ça sera une très bonne année touristique  », s’enthousiasme ­Alain ­Priem.

En 2019, ­Hydravion ­Aventure avait transporté près de 18 000 personnes comparées à environ 12 000 l’an dernier. «  ­Nous avions à l’époque 9 pilotes et l’an dernier, il y a juste moi et ­Fabrice pour piloter les avions. Cette année, on repart avec quatre  », conclut cet ancien membre de l’Armée de l’Air française qui a fait plus de 2000 heures de vol sur des ­Mirage 2000.