Bruins un jour, Bruins toujours

HOCKEY. Le temps d’un soir, une douzaine de septuagénaires se sont remémoré leurs exploits d’il y a plus d’un demi-siècle. Bruins un jour, Bruins toujours.

«C’est la plus belle gang avec qui j’ai joué. On est toujours resté proche, se rappelle Alain Beaulé, Les gars qui ne sont pas là aujourd’hui, c’est qu’ils ne pouvaient tout simplement pas comme Normand Pépin qui vit en France.»

Le défenseur qui a porté l’uniforme des Nordiques de Québec, du temps de l’AMH, était à Shawinigan le 20 novembre dernier alors que la Ville et les Cataractes de Shawinigan ont dévoilé à l’amphithéâtre Gervais Auto une plaque en l’honneur de la franchise des Bruins de la saison 1965-1966.

L’automne 1965 a marqué le retour du hockey junior à Shawinigan. L’équipe, qui évoluait à Victoriaville la saison précédente, a conclu son calendrier régulier avec une fiche de 39 victoires, 8 défaites et un match nul.

«On ne pouvait trouver de meilleurs amateurs de hockey que les Shawiniganais, mentionne Dominic DeCastris. Quand on allait jouer à Verdun, il y avait parfois 15 à 20 autobus de nos fans qui prenaient la route pour aller nous encourager. Durant ma première semaine ici, j’habitais dans une chambre à l’Hôtel des Chutes», poursuit-il dans un excellent français bien qu’il demeure depuis des années en Ontario.

Avec humour, Alain Beaulé souligne qu’il avait trouvé les premiers temps difficiles à Shawinigan pour une raison bien particulière. «Ça faisait deux ans que j’habitais en pension à Victoriaville dans une famille où il y avait cinq filles qui étaient folles du hockey», sourit-il.

Meilleur compteur du club cette saison-là avec une fiche de 74 buts et 51 passes en  seulement 48 parties, Clément Tremblay en garde un tout aussi bon souvenir. «En demi-finale de l’Est pour la Coupe Memorial, nous avions remporté la série contre Halifax et nous avions fait une parade sur la 5e rue au centre-ville.»

Souvenirs de Bobby Orr

Cette victoire a permis aux Bruins de rencontrer en finale de l’Est les Generals d’Oshawa menés par un certain Bobby Orr qui venait de célébrer ses 18 ans. Shawinigan avait réussi à soutirer un gain dans l’un des deux premiers matchs disputés en Ontario. «L’ambiance dans l’aréna était incroyable, se rappelle Clément Tremblay. Bobby Orr avait été assez discret à Oshawa, mais à Shawinigan, il a donné tout un show autant pour les spectateurs que nous comme joueurs. Dans la première partie, il a compté deux buts contre Philippe Myre avec des lancers frappés à partir de la ligne rouge.»

Bien que l’équipe regorgeait de joueurs de talent, le gardien des Bruins demeure le seul joueur du groupe à avoir atteint le circuit majeur avec plus de 400 matchs dans la LNH, majoritairement avec les Flames d’Atlanta.

Avec Philippe Myre, Clément Tremblay a pris le chemin la saison suivante pour Niagara Falls, un autre club appartenant aux Bruins de Boston. «J’aurais voulu revenir à Shawinigan car je m’y étais beaucoup plus», confie-t-il. Pour remplacer le talentueux attaquant, les Bruins envoient à Shawinigan un certain Michel Brière qui évoluait jusque là dans le Junior B en Ontario.

Rappelons que l’initiative de cette plaque commémorative revient au mérite de Guy Chrétien, frère de Jean, qui était président des Bruins à l’époque. «C’est lui qui a contacté la Ville et les Cataractes, mentionne Clément Tremblay. La LHJMQ a souligné ses 50 ans l’an dernier, mais pour nous, le hockey junior à Shawinigan, c’est en 1965 qu’il a véritablement commencé», termine le sympathique septuagénaire avec son charmant accent acadien.