Le travail des recruteurs sous la loupe

HOCKEY. Mario Carrière est le dépisteur en chef des Cataractes de Shawinigan depuis la saison 2015-2016. Toutefois, il n’est pas seul puisque huit autres hommes font partie de l’équipe de dépisteurs de la plus vieille concession de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Après un séjour comme dépisteur en 1999-2000 à Shawinigan, Mario Carrière est revenu dans le giron des Cats en février 2012 après 11 années avec les Foreurs de Val-d’Or à titre d’entraîneur adjoint et de directeur général. C’est le dépisteur en chef de l’époque, Alain Bissonnette, qui a signifié à Martin Mondou que l’organisation devait mettre la main sur lui comme les deux hommes avaient déjà travaillé ensemble. Lorsqu’Alain Bissonnette a été embauché comme dépisteur pour les Bruins de Boston, M. Carrière est devenu le dépisteur en chef.

Les dépisteurs des Cataractes

-Mario Carrière, dépisteur en chef

-Paul Armstrong (Maritimes)

-Éric Belzile (Longueuil)

-Michel Belzile (Gatineau)

-Lawrence Benjamin (Longueuil)

-Laurier Chouinard (Québec)

-Vincent Dumont (Trois-Rivières)

-Éric Ouellet (Boston, États-Unis)

-Éric Plourde (Rimouski)

Est-ce que chacun des dépisteurs de l’équipe doit voir un minimum de matchs pendant l’année? «Je ne restreins pas les gars à leur territoire. J’aime ça que nos dépisteurs sortent pour voir d’autres équipes et dans différents contextes. C’est certain que la personne va voir beaucoup plus de matchs dans le coin qu’elle habite et je vais lui donner des missions pour ce territoire», explique Mario Carrière.

Au cours de la dernière saison, Mario Carrière s’est déplacé dans différents arénas de l’Amérique du Nord afin de scruter les jeunes espoirs lors de près de 350 matchs. «J’ai fait 347 matchs exactement l’an passé. Là-dessus, je compte les tournois où on peut voir 7-8 matchs par jour. C’est impossible de tout voir. C’est pourquoi nos dépisteurs sont très importants. Souvent, quand ils repèrent un bon espoir, ils me le signalent et quand j’ai une chance je vais voir le joueur. Mais les gars ne peuvent pas voir autant de hockey que moi qui est à temps plein. Dans bien des cas, les gars ont leur famille, ils ont leur travail de jour. Je les connais et je sais ce qu’ils peuvent me donner», ajoute M. Carrière.

Le chiffre peut varier d’une rencontre à l’autre, mais un dépisteur peut évaluer de 5 à 8 joueurs par match. Les principales qualités épluchées? Le coup de patin, le sens du hockey et l’aspect compétitif du joueur.

Ce que M. carrière apprécie le plus: le travail d’équipe. «La dynamique que je peux avoir avec mon équipe de dépisteurs, c’est le fun de mon travail. De voir 17 joueurs dans l’alignement cette année provenant de notre repêchage, c’est tout à l’honneur de nos recruteurs.»

Repêchage européen

Chaque année, les formations juniors du pays ont l’opportunité de sélectionner deux joueurs provenant de l’Europe. Toutefois, ce repêchage est fort différent de l’encan annuel de la LHJMQ. Le premier choix des Cats au dernier repêchage européen, Vasily Ponomarez, enfilera le chandail shawiniganais cette année, un pari remporté par l’équipe de la Mauricie. Le Russe a été repêché au neuvième échelon au total, ce qui est plutôt loin pour un joueur avec un tel potentiel.

«Oui Vasily est sorti tard, parce que le joueur avait peut-être des hésitations. Ça fonctionne beaucoup avec les contacts. C’est pas mal plus complexe que les gens peuvent penser. Martin (Mondou) travaille très fort pour ce repêchage. C’est lui qui tient beaucoup de ficelles pour les Européens. En étant directeur général des moins de 17 ans d’Équipe Canada, Martin peut voir beaucoup de ces joueurs», indique le dépisteur en chef.

Les entrevues

Au cours de la saison, Mario Carrière ne rencontre aucun joueur éligible au repêchage. C’est lorsque la saison se termine qu’il s’attaque aux entrevues individuelles en personne avec les joueurs ciblés. «Ça varie d’une année à l’autre, mais je peux faire entre 90 à 110 entrevues en personne. Je conserve toutes mes entrevues, et des fois ça peut servir quand on veut faire un échange. Puis les gars qui sont repêchés par l’organisation, je donne mes notes à l’équipe d’entraîneurs.»

Une nouvelle réalité est apparue au cours des dernières années, celle des jeux vidéo. M. Carrière avoue qu’il demande à tous les joueurs s’ils jouent aux jeux vidéo. «Il faut évaluer le risque sur plusieurs points quand on repêche un joueur. À une autre époque, les gars sortaient dans les bars. Est-ce que c’était mieux? Il y a toujours eu des choses d’identifiées à une génération. En connaissant la facette du joueur, on peut l’encadrer. Les joueurs font d’énormes sacrifices, alors ils ont le droit de s’amuser. Ce qui est important, c’est que ça ne devienne pas une dépendance où il se fait mal personnellement et qu’il fait mal à son équipe. La bonne question à se poser pour tous les joueurs : quel est son irritant et est-ce que l’organisation peut vivre avec cet irritant? Sur notre liste, nous avons un symbole sur chaque joueur.»