Claude Gill : La Malaisie sans appréhension…

MALAISIE. Ayant le siège no 6 dans le bus avec une fenêtre qui est barbouillée, la vue était floue. Je change de place, il y a des sièges de libres. Se pointe le conducteur dont j’ai de la misère à comprendre le prénom, quelque chose qui ressemble à Gradoubl, et il me somme de reprendre la place qui m’était assignée.

Mais comme le passager avant déploie sa banquette qui devient presque un lit, je me sens un peu à l’étroit. Pendant que le maître du volant roule sa route, je retourne au siège arrière, le no 9. À l’arrêt suivant, Gradoubl revient hanter ma quiétude et m’ordonne de retourner au siège no 6. Je lui montre mon ticket à l’envers, le 6 devenant un 9, il fulmine… et il finit par en rire! Gradoubl retourne à son volant et met tout son poids sur l’accélérateur. Let’s go to Malacca à grande vitesse!

Let’s go to Malacca par défaut. Je devais faire mon entrée en Malaisie à Kuala Lumpur par le train. Malgré un lot de trains se rendant à Kuala Lumpur, il n’y avait aucune place de disponible. Depuis HatYai en Thaïlande, un jeune touriste qui m’aidait à trouver un siège sur le site de réservation en ligne m’a même inscrit dans la section des sièges pour handicapés qui sont toujours libres… mais faute de preuve d’un handicap visible, je suis tombé entre deux chaises!

Douze heures de bus, je débarque donc à Malacca plutôt qu’à Kuala Lumpur. Wow! J’ai pas détesté, j’ai pas aimé, j’ai adoré Malacca! Logé dans un hôtel indien donnant sur la main street de Little India, j’y ai passé de belles journées. Et ça grouillait sur cette rue, surtout la nuit!

Comme si le tonnerre et les éclairs qui se manifestaient quotidiennement dans ce climat chaud et humide ne suffisaient pas à m’exciter, les Indiens qui adorent les pétards et les feux de Bengale en ont rajouté. Dans la fumée de ces festivités, j’aurais aussi aimé retrouver les pétards d’Amsterdam!

Et après quatre jours à Malacca, deux heures de bus vers le nord pour me rendre à Kuala Lumpur qui était ma destination première en Malaisie. Pour $37can par nuit, comme tout est building ici, j’ai logé dans un appartement des plus modernes au 21e étage. Et cerise sur le chow mein, un balcon ayant une splendide vue sur le village bourré de tours et de gratte-ciel aux formes, couleurs et éclairages excentriques.

Malaisie, environ 33 millions de différents. Malaisiens, Indiens, Chinois, des religions et des langages et des dialectes qui s’entremêlent, la Malaisie à les allures d’un pâté chinois au curry indien religieusement épicé. Et comme le chantait Isabelle Pierre, le temps est bon ici.

J’ai aimé naviguer sur la rivière à Malacca, faire le city bus tour à Kuala Lumpur entre tours et gratte-ciel et errer dans les rues à gauche et à droite. Et prendre une bière dans le Chinatown ne me laisse jamais indifférent.

J’adore fouiner dans les marchés, voir, sentir et fréquenter toutes ces diversités. À bas prix, je trouve toujours des pantacourts à ma taille en Asie, deux paires que j’ai achetées. Des propres pour le dimanche et des jeans pour la semaine. Un t-shirt avec l’inscription Canada, ceinture, montre de poche et un chapeau. Rouge le chapeau… et réversible en noir. Aussi un cornet de crème glacée que j’ai mangé sur place pour ne pas avoir d’ennui aux prochaines frontières!

Les gosses dans l’humidité, une gougoune devant l’autre, la Malaisie sans appréhension fût un coup de cœur! Comme toute bonne fin a une chose, je saute maintenant au pays des kangourous.