Claude Gill: Parce qu’il faut revenir…

THAÏLANDE. Comme je suis à court de Q-tips et que je dois revenir poinçonner avant un terme de 183 jours à l’extérieur du Québec pour rester éligible aux bons soins de la RAMQ , j’avance, ou plutôt je recule une étape à la fois. Je ne voulais pas m’offrir deux ou trois jours à galérer entre aéroports et avions en débutant mon retour depuis l’Australie.

Avoir mal au moral et aux fesses durant de longues heures, non merci. Il me reste un peu de temps pour faire autrement, pour faire facile… Je repasse par la Thaïlande, mais pas si facile que ça! Un vol de correspondance à Singapour qui est retardé d’environ quatre heures, je suis rentré à Bangkok tard en soirée plutôt qu’en fin d’aprem.

Me suis encore accroché les gougounes au Popiang en arrivant à Bangkok. La bouffe, le musicien et l’ambiance de la terrasse à la rue, à quelques pas de mon hôtel, me font veiller tard. Puk, ma serveuse préférée, joufflue et attachante comme une poupée bout’chou, on aime toujours se retrouver.

Quelques jours à Bangkok que je voulais faire de la plage. C’est chaud et humide ici. Deux heures plus bas, en bordure de mer, il y a Pattaya, station balnéaire et ville moderne d’un peu plus de 100,000 habitants. Ancien village de pêcheurs, le sexe est maintenant plus facile ici que de prendre du poulamon au bout d’une ligne à Sainte-Anne-de-la-Pérade Un pêcheur peut facilement devenir un pécheur dans ces eaux troubles du golfe de la Thaïlande. À juste titre, Pattaya est souvent considérée comme capitale mondiale du tourisme sexuel.

Facile de vous écrire tout ce que je vois, mais désolant de voir tous ces vieux messieurs en compagnie de jeunes femmes. C’est fou comme les bonshommes peuvent rajeunir en peu de temps ici. Probablement pour cette raison que je fréquente régulièrement les coiffeuses afin de tailler mes cheveux gris et de ne pas me pavaner avec une gamine aux bras.

Après quatre jours à piétiner les trottoirs de Pattaya, s’enfarger dans les filles de joie, visiter le Sanctuaire de la Vérité et faire de la plage dans les feux de l’enfer, je reviens à Bangkok par le bus. Mais ce soir on y met 2h45 plutôt que 2h00, mal coincé dans un trafic qui cultive les bouchons comme les mauvaises herbes qui prolifèrent dans votre beau gazon.

Me resta ensuite à monter dans le bus local, payer seulement 8 bahts et retrouver mon hôtel. M’argumentant, les conducteurs  de motorbike-taxi au coût de 250 bahts, me font remarquer que je retomberai dans le même trafic que je viens de vivre. Ah ouin, tout un argument! Trente minutes de moto plutôt que deux heures de bus, let’s go my friend! Même s’il n’y a qu’un casque et que c’est le tien, on y va!

Mais ce qu’on ne m’avait pas dit et tête de plouc que je suis, je n’avais pas pensé que je serais partie prenante du trafic. Comme un cow-boy et son garçon d’écurie, assis à l’arrière avec un sac sur le dos et un autre sur la bedaine sur une moto sentant la mort, on se faufile entre voitures, autobus, trottoirs, piétons et un lot d’autres cow-boys. En pleine noirceur, la ballade est agrémentée d’un concert de klaxons pour adoucir les mœurs. Les chiens se tiennent tranquilles et n’osent même pas traverser les rues.

La recette pour gagner son pari contre le trafic, c’est de devancer tous les véhicules et atteindre les prochains feux rouges afin de repartir premier. Et de les redevancer à nouveau jusqu’aux prochains feux rouges. Je pourrais me répéter encore et encore, mais c’est la féérie d’être toujours les premiers aux feux rouges contre vents et policiers. Une fois de plus, j’étais dans mes petites gougounes!

Pour une toute autre raison que celle évoquée à Pattaya, je suis repassé voir ma coiffeuse avant de quitter Bangkok. Une dame dans la cinquantaine qui prend soin de mes derniers poils depuis trois semaines m’a encore fait une belle tête. Une coupe de cheveux et surtout raser la barbe blanche… je m’en vais loger dans une auberge de jeunesse! Un beau bâtiment colonial de trois étages avec une terrasse sur le toit à quelques jets de pierre de la maison où Picasso griffonna ses premiers dessins. 

Malaga pour une semaine… avant de retrouver les incroyables plaisirs de la pelle et des pneus cloutés!