Autisme: le père qui croyait «au-delà de l’impossible»

AUTISME. Assis dans l’appartement où son fils habite seul à Québec le temps de ses études collégiales, Pierre Duplessis attend que Raphaël revienne de travailler. Inespéré et irréel, ce moment a été la bougie d’allumage pour l’écriture du livre Raph Story, dans lequel il raconte le quotidien coloré d’une famille avec un enfant autiste qui, au-delà de toutes attentes, a sans cesse repoussé ses limites.

«Beaucoup de bouquins traitent d’enfants autistes et les angles abordés sont différents; j’ai par contre remarqué que la majorité d’entre eux traitent du côté sombre et difficile d’avoir un enfant autiste», écrit le Shawiniganais Pierre Duplessis dans les premières pages. «Je souhaite qu’à la fin de votre lecture vous soyez convaincus qu’il y a de l’espoir», ajoute-t-il.

Chez les Duplessis, il y a toujours eu une petite touche «Walt Disney». Mais détrompez-vous, même si leur histoire est racontée avec plusieurs anecdotes humoristiques, elle comporte ses parts d’ombre.

Le livre, dont la préface est écrite par Chantal Lacroix, commence avant l’arrivée de Raphaël. Pierre Duplessis raconte l’histoire d’amour qui mène à la naissance d’un premier enfant, le diagnostic difficile à accepter et les dédales administratifs avec le système de santé qui s’ensuivent. À travers l’arrivée d’un deuxième enfant, les petites et les grandes victoires de Raphaël, il dédramatise l’autisme.

«Quand des difficultés arrivent, tu as deux choix. Tu te roules en boule à terre et tu pleures ou tu te tiens debout et tu deviens un modèle. C’est ce que nous avons toujours dit à Raphaël», explique Pierre Duplessis. «Si tu y mets les efforts et que tu te retrousses les manches, même si ton enfant a un diagnostic, tu peux l’amener très loin», ajoute l’enseignant en arts à Shawinigan.

L’histoire incroyable de Raphaël

Raphaël Duplessis, aujourd’hui âgé de 19 ans, entame la troisième année de sa technique en animation 3D et synthèse d’images au Collège Bart à Québec. Il n’a même pas son diplôme en poche qu’il a déjà réalisé des stages chez Framestore et Behavior Interactive. Il s’est retrouvé parmi les finalistes pour un stage cet été chez Pixar et pour un autre chez Sony à Vancouver.

Plus jeune, il a remporté plusieurs pris lors de ses études secondaires, il a chanté avec Nicolas Ciccone lors du téléthon Opération Enfant Soleil et à la Place des arts de Montréal, il a été le premier autiste en Amérique du Nord à participer à une immersion anglaise d’un mois en Californie avec le programme AFS, il a visité les studios de Pixar, en plus d’avoir participé à l’émission Donnez au suivant avec Chantal Lacroix.

«Il vit des choses extraordinaires», sourit son père, qui rappelle l’importance de la stimulation précoce des enfants autistes et le rôle des parents dans son cheminement. Quelle sera la suite pour Raphaël? «Vers l’infini et plus loin encore», répond son père. «Je lui souhaite d’avoir une vie qui lui ressemble, une vie qui n’a pas de limites, où il va pouvoir s’épanouir.»

Trouver la clé

«La clé, c’est de trouver… la clé!», répète Pierre Duplessis. «Les autistes sont dans une bulle et les gens dits normaux sont dans la leur. Il faut trouver la clé pour entrer dans leur monde. Pour nous, ça a été Histoire de jouets, Pixar, tout ça… Quand on l’a découvert, on a embarqué dans son monde», explique-t-il. «Après, c’est plus facile pour lui d’embarquer dans le nôtre. Le pont entre les deux s’est formé.»

Pierre Duplessis se réjouit de voir que dans les dernières années, les personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme sont mieux intégrées à la société.

«Nous sommes passé au travers, nous sommes allés dans des coins sombres, mais si tout ça peut inspirer des gens, c’est gratifiant», sourit-il en regardant les caisses de son livre qu’il vient de recevoir. «J’espère qu’ils vont découvrir que l’autisme ce n’est plus Rain Man ou des extraterrestres.»