«Ce sont des héros»

TÉMOIGNAGE. L’histoire de Claude Grenier était au cœur de l’émission Deuxième chance diffusée ce soir à Radio-Canada. Le Shawiniganais ressort grandi de ce long processus à travers lequel il a retrouvé les deux personnes qui lui ont sauvé la vie un soir de juillet 1975.

«Ce sont des héros. Ce n’est pas tout le monde qui arrête dans des événements comme ça au beau milieu de la nuit. Nous serions morts tous les deux si personne ne s’était arrêté, et en peu de temps. J’espère que nous allons trouver une façon de les remercier», réfléchit-il.

Rappelons que Claude Grenier recherchait, avec l’équipe de l’animatrice Marina Orsini, une infirmière qui lui aurait sauvé la vie ainsi que celle de son meilleur ami Daniel Boisvert le 20 juillet 1975. Les deux amis avaient alors 20 ans lorsqu’ils ont fait un grave accident de moto sur le pont des Chutes à Shawinigan. Ils avaient trop bu. Daniel Boisvert s’est suicidé une dizaine d’années plus tard.

«Nous avions trop bu, nous riions de ce couple… et ce sont eux qui nous sauvent la vie quelques secondes plus tard…», encaisse-t-il. «J’ai pris un coup d’humilité et de modestie», confie Claude Grenier qui se rappelle par ailleurs avoir jugé Lévis Boucher par le passé, sans savoir que ce qui les reliait.

De leur côté, Sylvie Jacques et Lévis Boucher se rappelaient aussi très bien du soir de l’accident. Claude Grenier confie que leurs retrouvailles se sont très bien déroulées, même s’il vivait une certaine fébrilité avant la rencontre.

«C’était un beau sentiment. La production nous prépare bien. C’est comme si je les connaissais déjà. Je leur ai dit que c’était grâce à eux si j’avais eu quatre enfants et huit petits-enfants. Que je ne serais pas ici sinon», confie-t-il.

Faire la paix

C’est sa conjointe Sylvie Bureau qui lui avait suggéré de s’inscrire à l’émission. Elle ne regrette pas. Même si le processus ne répare pas tout, il apaise.

«Cette histoire le hantait. Je trouvais que c’était important qu’il règle ça. Je l’ai poussé à répétitions et je vois les bienfaits. Il a fait la paix avec ça», observe-t-elle. «Avant, chaque fois qu’on venait pour en parler il évitait le sujet. Maintenant il peut en parler», ajoute-t-elle.

Claude Grenier a hésité à s’inscrire à l’émission, par peur du jugement. «Je n’ai pas de fierté à raconter ça. La seule valorisation que je peux avoir, c’est si mes messages peuvent aider et si on peut reconnaitre ces gens. Ce sont eux les héros, ils m’ont sauvé la vie, moi je suis juste un con qui a fait un accident.»