Collecte Pro, une coopérative qui fait école

En créant en novembre 2008 la coopérative de solidarité Collecte Pro, sept entreprises privées œuvrant dans le domaine de la cueillette de matières résiduelles et recyclables ont créé un modèle en voie de faire école au Québec.

Dans un marché hautement compétitif, comptant des multinationales comme Waste Management ( WM), Collecte Pro établit graduellement sa notoriété, tout particulièrement auprès des municipalités qui sont de plus en plus nombreuses à traiter avec elle.

«Fonder une coopérative a été notre solution pour protéger les petits entrepreneurs locaux qui n’arrivaient plus à concurrencer individuellement des géants comme WM ou à rencontrer les exigences de l’industrie», explique Jean-Yves Guimond, directeur général de Collecte Pro dont le siège social est basé à Shawinigan.

Un peu plus de trois ans après sa création, l’entreprise d’économie sociale affiche des revenus de près de 1,5 million$, procure de l’emploi à 75 personnes et compte une flotte de 36 véhicules. «Nous sommes présents dans l’ensemble des MRC et des villes de la Mauricie, sauf en Haute-Mauricie, un secteur que nous espérons percer à court terme.»

La formule coopérative dans ce domaine est sans précédent et suscite l’intérêt ailleurs au Québec. Seul exemple qui s’y rapproche, la région du Lac Saint-Jean où la collecte des matières résiduelles et recyclables est gérée par un organisme sans but lucratif mais ce n’est pas une coopérative. «On reçoit des appels régulièrement de gens qui s’informent sur notre statut», relate fièrement M. Guimond.

Celui-ci met beaucoup d’énergie à revaloriser la profession d’éboueur. «Dans le temps, on appelait ça des vidangeurs mais ça n’existe plus aujourd’hui. Chez nous, ce sont des agents de collecte. Ils ont reçu de la formation et ils pourront vous informer sur ce qui est recyclable ou non si vous leur demandez.»

Défi de 2012: la valorisation

En 2012, Collecte Pro s’attaquera à la valorisation des matières recyclables, un secteur encore peu exploité ici au Québec. La tendance ces dernières années pour les gouvernements a été de légiférer pour rendre les industries imputables face à leur produit, de leur fabrication jusqu’à leur fin de cycle de vie. Ce fut le cas pour les pneus, les huiles, la peinture et bientôt, pour toutes les pièces électroniques générées par les TIC (technologie de l’information et de la communication).

Parce que ce n’est pas leur domaine, les industries en question préfèrent généralement confier à des tiers la gestion de cette ultime étape. Voilà une opportunité de générer de nouveaux revenus que Collecte Pro analyse avec attention.

«Les municipalités reconnaissent de plus en plus notre expertise, explique M. Guimond. On fait de la business même si on œuvre dans le secteur de l’économie sociale. La différence entre nous et une entreprise comme WM, c’est que nos profits sont réinvestis sur une base locale.»