Début modeste, ascension fulgurante

CHRONIQUE. Dans le maussade encadrement de la fermeture d’usine et de la perte massive d’emploi qui prévaut chez-nous à Shawinigan, il devient, "tendance aussi apaisante qu’essentielle", de parler de fibre entrepreneuriale, d’opportunité et de plan d’affaires, d’étude et de mise en marché, de stratégies financières et de ressources humaines. Voilà ce qui s’enseigne présentement comme bouture entrepreneuriale aux non-initiés qui désirent devenir gens d’affaires. Mais alors qu’en était-il des entrepreneurs d’autrefois qui ne connaissaient même pas le vocabulaire attitré et couramment utilisé pour l’exploitation commerciale ou industrielle.

L’histoire de la famille de Juliette Vennes et de Jean Villemure qui ont célébré en avril 2014 le cinquantième anniversaire de l’entreprise familiale Villemure Chasse et Pêche est typique de l’attitude et du comportement que devait posséder quiconque se lançait en affaire. La "recette à succès" tenait à quelques réflexions usuelles de base. D’abord, Juliette et Jean ont pris conscience qu’ils pouvaient améliorer le destin de la famille en se dotant d’un revenu supplémentaire. Secundo, ils savaient qu’il fallait passer à l’action dans la simplicité de toutes les opérations. Tertio, c’est en s’acharnant avec espoir et persévérance qu’ils arriveraient à générer l’amélioration de leur sort sans jamais prétendre qu’ils ne méritaient pas cette abondance qui mène souvent à la surabondance.

Stratégie d’affaires

L’unique stratégie d’affaires aura été et est encore d’accueillir la clientèle comme s’il s’agissait de la parenté." Le client doit sortir de l’établissement, content, rassuré et comblé dans ses attentes", de clamer l’instigateur de Villemure Chasse et Pêche, Jean, le vénérable qui fêtera le 10 décembre prochain son 84ième anniversaire de naissance. "Cette unique approche est gage de réussite, de progression, d’expansion fulgurante", de renchérir le fils unique de Juliette et Jean, Claude, le sympathique. Il est fier d’être à la proue de la plus prestigieuse entreprise du cœur du Québec spécialisée dans le domaine du plein air, du camping, de la chasse et de la pêche. À cette époque, les grands maîtres de la formation de cette vocation à risque étaient l’intuition, la conviction, la passion et la détermination. L’engagement, la force, la vigueur et l’acharnement de l’entrepreneur demeuraient les indispensables sources de réussite. Sans elles, l’entreprise était vouée à un échec certain.

Débuts modestes

Jean travaillait comme papetier à la défunte Consolidated-Bathurst de Grand’Mère lorsqu’il inaugura son entreprise commerciale au sous-sol de sa résidence. En 1964, avec une maigre mise de fond initiale de $800, sur une table à pique-nique pour étaler la marchandise, Jean était loin d’imaginer que 46 ans plus tard, l’entreprise deviendrait aussi spacieuse et prestigieuse. Il disposait chez-lui de 1160 pieds carrés de surface de vente et de trois garages pour l’entreposage de la marchandise, alors qu’aujourd’hui, sous un même toit situé au 10,1000 Boulevard Des Hêtres, il dispose de 4400 pieds carrés, vente et entreposage, tout sur un même plancher. Jadis 4 employés suffisaient à faire tourner les inventaires d’instruments et d’habillement d’été et d’hiver alors que de nos jours 10 employés sont requis, 40 heures/semaine, à l’année longue, pour satisfaire l’assidue clientèle qui provient bien au-delà des frontières du Shawinigan fusionné. "Ce sont mes collègues de travail de l’usine qui me sont restés fidèles qui m’ont fait progresser", d’avouer avec gratitude l’honorable promoteur, Jean.

France et Claude, en relève

"Papa et maman ont donné l’élan, mon épouse France et moi gardons le rythme", dira le fiston Claude. "Au temps de l’inventaire annuel, nos deux filles Marie-Ève et Claudia viennent nous soutenir dans cette période intensive", d’ajouter Claude. France Cossette a toujours été heureuse et disponible pour assister son mari et ses parents. La bru admet avoir donné des coups de main sporadiques, puis travaillé à la semaine pour enfin s’intégrer dans un merveilleux projet à l’année. "Quand nos enfants libéraient leur mère France d’un petit pouce de liberté et de disponibilité, c’est moi le mari qui le récupérait au profit de l’entreprise", de conclure Claude, aussi bon vivant qu’exigeant comme chef d’entreprise.