Elle change de cap après un cancer

Il y a différentes façons de réagir lorsqu’on est confronté à un diagnostic de cancer. En janvier 2008, à l’âge de 48 ans, Suzanne Lemire a reçu cette annonce avec courage et la maladie a changé sa vie de façon radicale. Après un arrêt de travail forcé, la femme du secteur Saint-Georges-de-Champlain a réalisé l’un de ses rêves : se lancer dans le domaine de la pédicure. Depuis cet important virage, on peut affirmer que Suzanne Lemire «prend son pied» chaque jour!

La maladie comme un déclic

«Je me dis souvent que si je dois une chose à la maladie, c’est bien de m’avoir donné une poussée afin de me lancer dans ce qui me passionne vraiment», admet Mme Lemire. Si la femme compare le cancer à une immense montagne à surmonter, elle concède que lorsqu’on traverse la maladie, on a un sentiment de puissance comme si «rien n’était à notre épreuve !»

«Si le cancer n’était pas venu chambouler ma vie il y a près de cinq ans, je n’aurais jamais osé suivre ce cours d’hygiène des pieds qui me trottait dans la tête depuis un moment déjà. Faute d’argent, faute de confiance en moi, je n’allais pas au bout de cet intérêt que j’ai toujours porté envers tout ce qui entoure le soin des pieds», explique la femme.

Si tout un chacun peut être rebuté à la vue de doigts de pied, d’ongles mal entretenus ou bien d’oignons disgracieux, Suzanne Lemire éprouve une certaine fascination pour cette partie de l’anatomie humaine. Ayant travaillé pendant plus de dix ans auprès de personnes âgées dans des Centres d’hébergement en soins de longue durée (CHSLD) c’est lors d’une affectation à la toilette de résidentes qu’elle a eu un déclic pour ce métier. «Je devais faire prendre le bain à un groupe de femmes âgées tour à tour et vous savez quoi ? Aussi étrange que cela puisse paraître, ma partie préférée de la tâche c’était de couper leurs ongles d’orteil! Après, c’est propre et c’est beau», s’exclame-t-elle.

La passion des petons

Après la réussite de son cours en hygiène des pieds, Mme Lemire passe plusieurs mois à jongler entre son travail à temps partiel au CHSLD et ses rendez-vous de pédicure. Puis, toujours en rémission du cancer, elle se donne une année sabbatique pour savoir où elle en est. «Je me suis donné le temps d’évaluer les possibilités avec ce nouveau métier qui me passionnait. J’ai décidé de laisser aller les choses et de constater ensuite où ça me mènerait.» Par chance, sa famille et ses proches l’ont toujours soutenu dans ce changement de cap. Comme un signe du destin, le téléphone n’a pas arrêté de sonner après cet ultimatum que la cinquantenaire s’était imposé. Elle a donc choisi de quitter son emploi auprès des aînés pour se concentrer sur ce «nouvel amour».

«De seulement un ou deux clients au commencement, je me retrouve maintenant avec près de cinq rendez-vous par jour ! Les affaires roulent plus que je ne l’aurais espéré», déclare la femme, enthousiaste. Ce nouvel emploi l’amène à se déplacer à domicile. Toutefois, le plus souvent, Mme Lemire reçoit ses clients chez elle dans le secteur Saint-Georges où elle a aménagé un salon de pieds, véritable «oasis de détente» dans son logement.

Le plaisir de dorloter

«Je crois que cela se voit que je suis passionnée par ce que je fais et les gens me le font souvent remarquer. Entregent, patience, politesse et surtout un don pour la planification sont les qualités requises pour réussir dans ce domaine, d’après Suzanne Lemire. «J’aime bien offrir un petit plus aux gens qui demandent mes services parce que je sais que c’est ce qui fait la différence. J’ai même dû me lancer dans la commercialisation de mes crèmes aux huiles essentielles, car je recevais des commandes de mes clients à tout bout de champ», souligne Mme Lemire, amusée par la tournure des événements. «J’ai toujours eu un tempérament de leader et c’est donc dans l’ordre des choses que je sois devenue mon propre patron», conclut-elle avec fierté.

Toujours en rémission de son cancer, Suzanne Lemire entrevoit l’avenir d’un bon œil. «Ce changement de carrière a bouleversé ma vie pour le mieux et si ça peut inciter d’autres personnes à faire le saut vers un de leur rêve, j’en serai très heureuse !»