Horloger à l’ère du numérique

INUSITÉ. Dans son atelier à Shawinigan, Nicholas Lalonde travaille au son des tic-tacs, des coucous et des carillons. À l’ère du numérique, il se spécialise dans la réparation d’horloges et de montres mécaniques, des vestiges d’un autre temps qui fonctionnent sans piles ni électricité.  

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Dans cette époque où la technologie est omniprésente, le temps s’arrête dans l’atelier de l’horloger Nicholas Lalonde, où s’accumulent les horloges grands-pères et les mécanismes de poids et de ressorts des siècles derniers. La plus vieille qu’il a réparée datait de 1850.

L’horloger des temps modernes, 35 ans, originaire de Gatineau, est venu étudier à l’École nationale de l’horlogerie en 2009 à Trois-Rivières, la seule école d’horlogerie au Canada. Il habite désormais à Saint-Paulin, dans la MRC de Maskinongé.

«Je travaillais comme concierge dans un édifice gouvernemental à Ottawa. Je commençais à m’ennuyer. Je suis quelqu’un de manuel, qui a besoin de travailler avec ses mains. C’est ma grand-mère qui m’a parlé de l’école d’horlogerie.»

Nicholas Lalonde renoue ainsi avec une expertise familiale. «Mon arrière-grand-père était horloger, il avait ouvert la toute première bijouterie en Outaouais. Si ma famille avait repris l’entreprise, ça aurait été la plus vieille aujourd’hui», constate-t-il aujourd’hui. Il a d’ailleurs pu récupérer quelques-uns des outils de son aïeul.

Après sa formation professionnelle, l’horloger a travaillé dans une bijouterie pendant six ans dans la région avant de démarrer sa propre entreprise au Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins à Shawinigan en décembre dernier, où il se trouve toujours.

Le goût de prendre le temps

Aujourd’hui, tout va vite. La technologie se développe à une vitesse fulgurante. La plupart des gens consultent l’heure – et même leurs courriels – sur leur montre ou leur téléphone intelligent, qui sera probablement désuet dans quelques mois.

«Certains pourraient se questionner à savoir si ça a encore une importance d’avoir un horloger, mais l’horlogerie est de plus en plus en essor depuis quelques années», constate-t-il. Les montres à aiguilles et les horloges mécaniques attirent une clientèle qui apprécie les objets de luxe ou dotées d’un certain cachet.

«J’ai lu quelque part que les gens sont de plus en plus nostalgiques depuis le début des années 2000. Probablement parce que la technologie avance tellement vite….inconsciemment, on cherche à revenir à des choses plus simples», relate l’horloger.

À l’ère du jetable, il croit que les gens sont de plus en plus portés à faire réparer ces objets, qui ont une valeur sentimentale. «Certaines horloges sont toutes faites à la main. L’artisan a peut-être pris six mois ou un an pour la fabriquer.»

Le mécanisme, c’est l’âme de l’horloge. Les réparations prennent de quelques heures à quelques jours. Nicholas Lalonde répare aussi les montres à batteries, question d’être dans l’air du temps.

Horloger «créatif»?

«Lalonde, horloger créatif» est le nom de son entreprise. C’est qu’il faut être créatif lorsqu’on doit fabriquer sur mesure des outils ou des pièces discontinuées.

Mais aussi, c’est que Nicholas Lalonde souhaitait mettre la table à d’autres projets. «J’aimerais lancer une gamme d’accessoires pour hommes. C’est quelque chose que je fais déjà comme passe-temps ou pour des amis. On parle de boutons de manchettes, de pinces à cravate, de boutonnière, etc. Quand je travaillais à la bijouterie, j’ai remarqué que les bijoux pour hommes sont assez limités. Et on voit un retour des hommes qui cherchent à être un peu plus chics.»

Pour une réparation d’horloges mécaniques ou de montres, il est possible de joindre l’horloger au 819-995-9911.