Il parachève son combat en chaise roulante et en marchette

CHRONIQUE. Le 27 août 2014, je consacrais ma chronique à l’ex-p.d.g. de la Classique Internationale de Canots de la Mauricie, Réjean Huard qui lutte avec acharnement pour combattre un cancer incurable.

Laissez-moi vous partager toute ma joie profonde d’avoir permis à notre ami Réjean de vivre «la 81ième Classique, sa dernière à vie?» avec autant de retrouvailles éminemment affectueuses, dans une ambiance presque miraculeuse. Son dernier bilan médical lui a confirmé qu’il a dépassé le temps de survie qu’on lui prédisait en janvier 2014. À ce moment, il faisait osciller le pèse-personne à 185 lbs alors qu’il pèse moins de 122 lbs. Il se bat farouchement forcé d’utiliser pour ses déplacements, la chaise roulante et la marchette. «Mes jambes m’abandonnent. Là où j’en suis rendu, je préfère vivre du côté de la vérité plutôt que de celui des simagrés de la bienveillance», affirme-t-il d’un ton calme et serein. «J’accueille la Grande Faucheuse comme un passage que je ne souhaite pas franchir avant les fêtes de Noël et du Jour de L’An pour vivre une dernière fois ces événements en famille. C’est votre soutien qui me donne la force de poursuivre et de me vivre heureux malgré cette situation sans issue. C’est grâce à vous tous et toutes si je suis en sursis, en «overtime».

Confessions sur l’après-classique

Dans un geste spontané plein d’admiration et de tendresse, Michel Désaulniers proprio du Resto Le P’Tit Canot, a tenu à inviter Réjean Huard à son établissement pour que celui-ci puisse livrer toutes ses confidences dans une ambiance appropriée pour un homme de canot. C’est la larme à l’oeil que Réjean a accepté l’invitation «à parler plus qu’à manger».

C’est un Réjean tout ému qui nous apprenait qu’il a conjointement été convié à donner le signal de départ de la 81ième Classique, le 30 août 2014, à La Tuque, en compagnie de Christian Ethier, cadre d’Hydro-Québec et représentant de sa firme pour l’Étape Hydro-Québec. Les témoignages d’amour et de reconnaissance à son égard se sont multipliés à des centaines de répliques émouvantes dont celles très particulières de la députée Julie Boulet et du maire de La Tuque, Normand Beaudoin. Porté par tant d’affectueux sentiments, Réjean a pu suivre l’événement athlétique de La Tuque jusqu’au Domaine McCormick, jusqu’à son épuisement énergétique.

«Le lendemain, poursuivra-t-il, à la Promenade du Boul. St-Maurice, je ne pouvais pas faire deux pas, en chaise roulante, sans recevoir de vibrants et émouvants hommages de la population en général. Avec la complicité de Martin Lajoie, frère de Steve, on m’a fait faire, en chaise roulante, le portage des canotiers champions Triebold-Lajoie sous les cris nourris de la foule. Que de moments magiques, que d’émotions inoubliables!»

La Classique, en famille, à sa résidence

Toute la famille immédiate de Réjean s’était donné rendez-vous pour célébrer la Classique à sa résidence. On couchait par terre sur des matelas de gymnastique. Quelle chaleur de se sentir ainsi enveloppé de l’amour des siens, petits-enfants, enfants, neveux et nièces. La Classique terminée, deux jours plus tard, on sonne à la porte de la résidence de Réjean et c’est nul autre que le Maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque qui vient s’entretenir avec notre homme d’attachement et de passion pour un beau tête-à-tête de près de deux heures. Mieux encore, informé par internet de l’état de santé de Réjean, un dénommé Gareth Stevens du Wisconsin a pris l’avion jusqu’à Montréal, s’est loué une auto pour venir vivre deux jours complets avec lui tout en lui présentant les hommages d’incalculables frères de pagaie du Michigan.

Faut-il rappeler que Réjean fut longuement applaudi lors du Défi Sportif de Canotage jumelant un pro du canot avec un déficient intellectuel. Cet événement fondé par Réjean Huard il y a 17 ans fut un moment parmi les plus émouvants de tous les éloges dont il fut gratifié. Enfin, les témoignages téléphoniques provenant du Québec, de l’Ouest Canadien et des États-Unis furent légion. Au Centre Hospitalier Régional de la Mauricie, on a fait une place d’honneur au mérite à leur prestigieux bénéficiaire en épinglant sur le babillard du département de chimiothérapie le chronique du 27 août 2014 le concernant.