Jean-François Boucher devient révérend à 33 ans

PORTRAIT. C’est un virage à 180 degrés qu’amorce le Shawiniganais Jean-François Boucher. Le 30 juin dernier, il quittait un emploi stable, interpelé par une mission tout aussi inattendue qu’inusitée: devenir un «marchand de bonheur» (célébrant) auprès de futurs mariés.

L’appel s’est fait entendre l’été dernier, après qu’un couple d’amis lui ait demandé de célébrer son mariage; un privilège qu’accorde l’État civil depuis 2002 à des «personnes désignées» par de futurs mariés, au terme de certaines démarches légales.

Celui qui anime des événement et des soirées, dont des mariages, depuis presque 10 ans, est habitué d’être à l’avant-scène, et n’a donc pas hésité à acquiescer à la demande de ses amis. Mais jamais il n’aurait pensé que ce privilège aurait des répercussions directes sur la suite de sa carrière.

«Je me disais que ça serait comme d’habitude, une animation comme les autres. Mais il s’est vraiment passé quelque chose. J’ai réalisé que je venais d’accomplir un acte significatif, complètement différent de ce à quoi j’étais habitué. J’étais comme sur un nuage après coup.»

Il s’est alors questionné à savoir s’il pourrait répéter l’expérience. En faisant ses recherches, il a vu à son plus grand bonheur que c’était possible et a amorcé des démarches en vue d’obtenir le titre officiel de célébrant auprès de l’État civil.

L’une des premières étapes a été de trouver l’organisation qui pourrait le prendre sous son aile dans ce nouveau mandat. Cette organisation devait non seulement être autorisée et reconnue par l’État civil, mais aussi partager la même vision de la vie et de la spiritualité que lui. Il a alors cogné à la porte de Mariages à bras ouverts, un ministère chrétien protestant qui prône l’esprit universel. L’organisation a accepté de le recevoir à titre de révérend, rendant du coup possible son rêve de célébrer des mariages civils, et ce, sans contraintes.

«Je peux marier n’importe quel couple, peu importe leur parcours, leur religion ou leur orientation sexuelle, explique-t-il. Je peux aussi les marier au moment qui leur convient le mieux et à l’endroit de leur choix; même le plus inusité. Bref, je peux leur proposer un mariage sur mesure.»

Et c’est précisément cette perspective qui lui fait tant apprécier sa nouvelle avenue professionnelle. «Avec un célébrant, les futurs mariés ne sont plus obligés de se conformer à une recette traditionnelle pour en arriver au résultat d’être mariés. Ils peuvent personnaliser de A à Z leur cérémonie, le tout dans un discours actuel, à leur image, loin des textes de loi et de ceux de la Bible.»

Du bonheur à la tonne

Aujourd’hui, à 33 ans, Jean-François Boucher est le plus jeune célébrant au Québec. À travers ses célébrations, le révérend puise une dose de bonheur qu’il qualifie d’«incroyable».

«C’est comme si je m’étais trouvé une mission, dit-il. Quand j’ai commencé à animer des soirées et des événements, je me suis rendu compte que j’étais capable de donner du bonheur à des gens, de les faire rire, de les faire décrocher, bref, de leur faire du bien. Ça me plaît et le statut de célébrant vient apporter une profondeur à tout ça. Je peux canaliser à travers ce mandat mes talents d’orateur et d’humoriste pour offrir aux gens le mariage de leur rêve.»

Quand il regarde son parcours professionnel, Jean-François Boucher est rempli de fierté. «Il y a un moment dans la vie où l’on se cherche. Moi, j’ai travaillé dans 5 ou 6 stations de radio, fait des cours à l’école nationale de l’humour; bref, j’ai essayé plein de choses. Je n’ai jamais su dans quelle chaise m’asseoir, mais là, ça devient clair. Ça me comble de bonheur de voir mes mariés heureux après leur avoir fait vivre ce que je pense être « l’expérience ultime du mariage ».»