Julie Bédard: la mère visiteuse depuis 30 ans

COMMUNAUTAIRE. Le Centre Roland-Bertrand offre différents services pour la communauté, et les jeunes familles sont au cœur d’une mission importante pour l’organisme. Depuis plus de 30 ans, l’intervenante Julie Bédard se rend dans les familles pour aider les parents à développer leurs compétences parentales, et elle peut aussi venir en aide aux enfants de 3 à 12 ans afin d’encadrer leur parcours scolaire.

D’une part, le service Transparent permet aux parents de recevoir une mère visiteuse à la maison pour les aider dans leurs tâches pour un poupon de 0 à 3 ans.

Puis, la Pommade est un service d’aide aux devoirs, de soutien, d’accompagnement social, et d’intégration scolaire autant pour les enfants de 3 à 5 ans que pour les 6 à 12 ans.

«Pour Transparent, c’est une aide qui se veut naturelle. D’une façon amicale, on va aider les mamans selon les besoins. On n’est pas là pour juger, mais pour accompagner. On peut autant faire de la stimulation qu’aider pour les tâches ménagères. Par exemple, si je vois un tas de vaisselles, je peux lui offrir de faire la vaisselle ensemble tout en jasant. Pour ceux qui ont de jeunes bébés, je peux proposer je m’en occuper pour que la mère puisse se recoucher un peu après une nuit pas facile. C’est beaucoup les encourager dans leur rôle de parent et faire ressortir leurs forces», explique Mme Bédard.

L’intervenante a commencé en mars 1990 à visiter des familles avec la Pommade pour l’aide aux devoirs. «Je me suis toujours considérée comme une mère visiteuse et non une intervenante. Mais avec le temps, je peux maintenant dire que je suis une grand-mère visiteuse», exprime Mme Bédard avec une pointe d’humour.

«La paye c’est de voir les enfants qui évoluent. J’aime leur donner le goût d’être curieux.» -Julie Bédard

Pendant des années, les enfants étaient reçus dans un local de l’organisme après l’école, alors que maintenant l’aide est plutôt offerte à domicile afin d’essayer d’impliquer le parent davantage.

Avec plus de 30 ans d’expérience, est-ce que Mme Bédard a pu aider un enfant en début de carrière, puis aider la progéniture de celui qui est devenu adulte? «Oui c’est arrivé quelques fois. C’est quand même drôle de voir ça quand ça arrive. Le lien est encore plus facile à créer parce que le parent me connait déjà. Il y a moins de méfiance. Je sais d’où ils viennent et je connais aussi l’esprit de famille dans laquelle ils ont grandi. Ils savent que je ne suis pas là pour juger, mais de les encourager le plus possible.»

La patience et la délicatesse font partie intégrante des valeurs préconisées par la mère visiteuse. «Si la mère veut s’ouvrir à moi, j’écoute. Elles peuvent me parler d’une enfance difficile. Mais les premières visites, je ne m’impose pas. J’observe beaucoup lors de mes premières visites. C’est avec le temps qu’on peut emmener le parent à changer des habitudes pour le long terme.»

C’est le travail de Mme Bédard d’intervenir dans les familles, mais elle affirme aussi qu’elle reçoit un «salaire» additionnel quand elle voit qu’elle peut faire une différence. «De voir évoluer les enfants, de les voir grandir, de voir qu’ils font des efforts, de voir des parents qui partent parfois de loin et qu’ils cheminent à leur rythme et leur façon, c’est certain que c’est très gratifiant. La paye c’est de voir les enfants qui évoluent. J’aime leur donner le goût d’être curieux.»

L’intervenante peut aussi rencontrer un enfant bien des années plus tard alors qu’il est devenu adulte. «Je ne les reconnais pas tout de suite parce qu’ils sont rendus grands, mais ils me disent comment j’ai pu les aider, et c’est certain que c’est toujours le fun d’entendre ça! On devient des personnes significatives dans le cheminement d’un parent ou d’un enfant.»

«Julie m’a aidé à garder le moral et rester positive.»

Claudia Corriveau a cogné à la porte du Centre Roland-Bertrand alors que son fils Corey était âgé de huit mois. Il était difficile de prendre le dessus pour la mère monoparentale. Corey a grandi, et aujourd’hui, il profite du service d’aide aux devoirs de l’organisme.

Julie Bédard se considère comme une mère visiteuse. On l’aperçoit en compagnie de Corey âgé de 8 ans qu’elle aide pour ses devoirs.

«J’ai cogné à la porte du centre à l’époque parce que j’avais besoin d’aide avec mon bébé. Je n’ai pas de famille proche ici. Julie (Bédard) est venue m’aider pour me remonter le moral. C’était difficile avec le post-partum de garder le moral. Le père venait de l’Irlande du Nord et il était reparti. J’étais seule avec mon bébé, c’était difficile juste de faire l’épicerie, ça me demandait beaucoup d’énergie et je ne dormais pas beaucoup. Julie m’a aidé à garder le moral et rester positive», raconte Claudia Corriveau.

Pour la mère, c’est le positivisme de Mme Bédard qui était significatif. «Elle arrivait toujours avec le sourire, positive, toujours de bonne humeur. Elle était tout le temps là pour me remonter le moral, et quand ça allait bien, elle était contente pour moi.»

Mme Corriveau indique aussi avoir utilisé le service de banque alimentaire lors de moment plus difficile financièrement. «Le centre m’a beaucoup aidé de différentes façons.»

Une fois par semaine, la mère visiteuse se déplace à la maison pour aider Corey avec ses devoirs. «Elle m’a donné beaucoup de trucs pour que l’apprentissage ne soit pas un fardeau pour mon fils. Corey est super performant à l’école, ça va vraiment bien. Par contre, j’ai demandé d’avoir l’aide aux devoirs parce que c’est moi qui manque de discipline. C’est super simple pour certaines personnes de faire les devoirs avec leur enfant. Pour moi, c’est plus difficile parce que mon cœur de mère est tiraillé quand il ne veut pas. Julie m’apporte l’équilibre qui me manque. Julie, c’est comme une tante pour moi comme ma famille est plus loin. Je la vois comme une membre de ma famille depuis le temps qu’on se connaît.»

Quel message Claudia veut-elle livrer aux personnes qui hésitent à demander de l’aide par peur de préjugés? «Sans l’aide, je serais sûrement retourné dans le sous-sol de mes parents. Il ne faut pas penser que c’est seulement les autres qui ont besoin d’aide. Tout le monde peut avoir besoin d’aide, il ne faut pas attendre de tomber. Il ne faut pas hésiter, ce n’est pas parce que tu travailles ou tu ne travailles pas, que tu aies un enfant ou cinq enfants, ça peut arriver à tout le monde de faire un post-partum et d’avoir besoin d’aide. C’est pour tous les gens de la société, que tu sois riche ou pauvre, tu peux avoir de la difficulté avec ton enfant.»

Service Transparent en 2020

-43 enfants aidés

-27 familles aidées

-410 visites à domicile pour 690 heures

-62% des familles aidés vivent de la sécurité du revenu

-59% sont des familles monoparentales

-74% ont vécu des événements stressants

Service Pommade en 2020

-Volet préscolaire: 7 familles pour 38 visites à domicile pour 74 heures d’accompagnement

-Volet scolaire: 15 familles pour 21 enfants aidés. 220 visites à domicile pour 193 heures