La Jamésie, pays de démesure

CHRONIQUE. C’est par d’heureuses circonstances imprévues, que du 28 novembre au 1er décembre 2014, voyage mémorable hélas trop bref, que ma conjointe Monique et moi-même avons eu l’immense privilège de découvrir la froideur du pays de la Baie-James, la chaleur de ses habitants, ses modes de vie distincts, ses barrages monumentaux ainsi que ses bâtiments, ses installations et ses équipements à la plus fine pointe de la technologie moderne.

Le motif de cette destination fut celui d’agréables retrouvailles avec notre fille Annie Perreault pour qui son exil de la Mauricie est audace, courage, détermination, amour de l’enseignement, engagement et dévouement envers la jeunesse de cette région éloignée mais non isolée. La découvrir dans son nouvel environnement pédagogique aura suscité ma fierté, mon admiration et fut fort rassurant pour sa mère, l’effet d’un tranquillisant émotif.

Sur les ailes d’Air Inuit

C’est sur les ailes de la courtoisie et de la découverte que l’agente de bord d’Air Inuit Vanessa Mogollòn de Champlain, aussi ravissante qu’affable, nous a renseignés sur l’immensité territoriale de la Jamésie, sur le gigantisme de ses barrages en enrochement et de ses centrales hydroélectriques souterraines, sur ses cours d’eau presqu’océaniques, sur son exceptionnel évacuateur de crue des eaux à Radisson. Quel nécessaire survol aérien de ce pays de la démesure!… Rendus à Radisson, le sympathique Michel Desjardins nous a fait visiter ses installations dont le Restaurant Mika, le Bar Boréal et son hôtel-motel le Carrefour La Grande. Cet homme incarne les valeurs d’accueil et d’hospitalité des Jamésiens et Jamésiennes. Il personnifie la Baie-James à son meilleur, i.e. là où l’on se donne le temps de trinquer, d’échanger, de fraterniser joyeusement dans une vie plus calme, plus sereine et harmonieuse. C’est aussi là où les priorités sont axées et dictées par l’humanisme et l’ardent désir d’entraide et de partage sans omettre la nécessité du rendement, de l’efficacité, de la productivité. À la Baie-James, il n’y a pas de petits ou gros tracas, il n’existe que de tenus et grands défis à surmonter, à vaincre. En toute saison, Radisson devient une véritable fratrie, le rassemblement de travailleurs spécialisés, de voyageurs avides d’inédit, de chasseurs et pêcheurs, d’amateurs de motoneige.

Éducation et culture à Radisson

Notre visite à l’école primaire et secondaire Jacques-Rousseau fut marquée par le généreux accueil de la secrétaire Sylvie Gagnon qui nous dit avec un humour hilarant: «Ici, nous sommes comme les maringouins au printemps, on saute sur la visite». Les collègues de travail de notre fille Annie, Natacha Fortin et Anne-Sophie Girard doivent se partager une tâche globale aussi complexe que variée et exaltante. L’unique homme de la maison d’éducation, Réal Cyr est à la fois homme de maintenance et conducteur d’autobus. C’est l’esprit de la simplicité et de la joie de vivre qui les habitent. Les divers locaux de classe et le gymnase sont très spacieux et d’une propreté impeccable. Les élèves sont choyés mais surtout chaleureux et impliqués.

Robert Bourassa, le père de la Baie-James

Les Jamésiennes et Jamésiens sont unanimes à reconnaître les mérites de feu Robert Bourassa, comme étant le Père de la Baie-James, une région couvrant une superficie de 350,000 kms carrés, soit l’équivalent du territoire de l’Allemagne. Trois nations se côtoient dont les Inuits, les Cris, les Québécois. Le climat est celui de type subarctique. Les exploitations minière et forestière lui ont donné vie. C’est l’exploitation hydroélectrique qui lui vaut son exceptionnel développement. La route qui mène à Radisson est bordée de terrains de camping rustique et de rampes de mises à l’eau offerts gratuitement aux visiteurs. L’imposant cheptel de caribous est toute une attraction au moment de la migration. Les arts de la scène s’expriment en Jamésie par le chant et le théâtre, par Secondaire et Cégep en Spectacle. Une boutique Arts et Trésors Inouïs a pignon sur rue. Les activités sportives et récréatives connaissent beaucoup d’essor par de nombreux festivals et carnavals de tout genre. La circonscription électorale de la Jamésie est la plus vaste du Québec qui compte cependant le moins d’électeurs. Les 5 à 7 au Bar Boréal permettent d’heureux rassemblements que Ghislain "alias St-Lau" Saint-Laurent anime comme un humoriste de profession. La pourvoirie Kiskimaatakin et le Centre Multi Services demeurent un apport touristique régional inestimable et utilitaire. Son propriétaire Richard Bélanger est un être d’entregent, de cordialité et de générosité à l’image des gens de sa communauté. Là-bas, la ville est belle parce que les concitoyens sont riches de cœur. Un amical coucou à vous toutes et tous, sachez que si le vent de la fraternité m’est favorable, à la Baie-James, j’y retournerai avec empressement et enthousiasme.