La main-d’œuvre à la base des défis à venir

EMPLOI. Les entreprises manufacturières de la Mauricie et du Centre-du-Québec font face à de nombreux défis depuis quelques années, de la pénurie de main-d’œuvre aux nouvelles taxes exigées par le président des États-Unis, Donald Trump, sur des exportations canadiennes.

«La problématique que représente la rareté de la main-d’œuvre, en particulier spécialisée, est criante, autant en Mauricie qu’au Centre-du-Québec. De nombreuses entreprises ont besoin d’embaucher de nouveaux employés. Il n’y a pas que les employés manquants. Il faut aussi de la main-d’œuvre pour remplacer ceux qui sont absents pour cause de maladie ou autre. Il faut de la relève», plaide Cyrille Morvan, président des Manufacturiers de la Mauricie et du Centre-du-Québec (MMCQ) et vice-président aux opérations chez GEA Farm Technologies.

Dans le dernier Baromètre industriel québécois publié par la STIQ, la situation en matière de main-d’œuvre est critique au point où elle compromet la croissance même de plusieurs entreprises. Ce contexte oblige les employeurs à adapter leurs pratiques de gestion du personnel, qui doivent miser sur un milieu de travail répondant aux attentes et aux valeurs des nouvelles générations.

Cela peut passer par une gestion participative, un environnement physique de travail attrayant, la santé et le mieux-être des employés, le parrainage et par la possibilité de progresser dans l’entreprise, indique-t-on dans ce portrait du secteur manufacturier.

L’innovation est également au cœur des préoccupations des industries manufacturières, tout comme l’enjeu d’accélérer le virage 4.0. Le Baromètre indique que pour survivre, de nombreuses PME manufacturières n’auront d’autre choix que d’entreprendre rapidement la transition vers l’industrie 4.0. Cela consiste notamment en l’automatisation de nombreux processus dans le but d’optimiser la production.

«La numérisation, c’est vrai, ça existe depuis plus de 15 ans. La connectivité est là, mais on vit dans une ère où la vitesse n’est jamais suffisante. Plus c’est rapide, plus ça nous donne accès aux marchés mondiaux. Cependant, plus on a une capacité de vente, plus il faut produire. Alors la pénurie de main-d’œuvre vient affecter directement notre capacité de production. Si on se met à aller voler les employés d’autres entreprises, on ne s’aide pas plus», explique M. Morvan.

Des entreprises ont commencé à développer des partenariats avec des institutions scolaires. «Des programmes se mettent en place, surtout à Drummondville pour ce qui en est du Centre-du-Québec. Ça ne créera pas 50 travailleurs en une semaine, mais ça valorise l’employé pour aller se faire former pour évoluer. C’est du gagnant-gagnant», soutient Cyrille Morvan.

«Les besoins de travailleurs en région sont évidents parce qu’on a l’espace pour développer et agrandir les entreprises, mais pour les nouveaux arrivants, il y a un engouement à se retrouver en ville. C’est une réalité, mais il y a beaucoup d’emplois disponibles en région et les conditions de vie y sont belles», ajoute-t-il.

Tarifs douaniers: changer les façons de faire

Les tarifs douaniers imposés par les États-Unis à certaines exportations canadiennes, comme l’acier et l’aluminium, font en sorte que les entreprises doivent changer leurs façons de faire à court terme, indique le président des MMCQ.

«Ça implique de trouver de nouveaux fournisseurs canadiens, d’innover, de trouver des méthodes de travail plus efficaces pour compenser le manque à gagner. À court et moyen terme, ce sont des taxes qui n’étaient pas prévues et ça transparaît dans nos contrats. Il importe de trouver une façon de réduire ces impacts le plus possible. C’est le client qui va devoir assumer la différence, mais en attendant, dans cette période d’adaptation, ça touche à nos marges de revenus», détaille-t-il.

«Je dirais que ça va avoir un impact pendant environ quatre ou six mois. À long terme, on aura ajusté les prix et nos fournisseurs, alors on ira tous chercher des compensations quelque part à ce moment», conclut-il.