La seconde chance de Jessica

Elle avait 16 ans, doublé son secondaire I et peu de motivation pour poursuivre ses études. Jessica quitte alors les bancs d’école, se trouve un logement et commence à gagner des sous dans le domaine de la restauration. Quelques années plus tard, elle aspire cependant à plus et entreprend une attestation en service à la clientèle chez Formation Conseil Mauricie. Maintenant, c’est avec fierté qu’elle occupe le poste de gérante au Centre de formation et réinsertion sociale Yves Marcil de Shawinigan depuis trois ans.

Jessica Lemire-Durocher, 23 ans, est devenue cette année la première finissante chez Formation Conseil Mauricie (CFM) à passer de «raccrocheuse» à «recruteuse». En effet, la native de Saint-Tite s’est vue confier la tâche d’embaucher du personnel lors du dernier «Speed Dating» de CFM, un événement de placement pour raccrocheurs. Au nom du magasin de la Seconde Chance (Centre Roland-Bertrand) pour lequel elle travaille, Jessica a livré des entrevues à des jeunes qui, comme elle auparavant, se cherche une place où travailler et se développer.

L’importance de la formation

«L’idée d’obtenir cette attestation est venue d’une constatation que j’ai fait. Après quelques années à travailler en service à la clientèle, mais à voir mes proches poursuivre leurs études au collégial ou à l’université, j’ai eu envie d’avoir un papier moi aussi. On ne sait jamais quand un resto ou un commerce va fermer. Je ne voulais pas me retrouver avec rien!», relate-t-celle qui peut désormais affirmer qu’elle possède aussi une formation.

Pour la jeune femme, le temps nécessaire importait peu. «Que ça prenne 10 ou un an, l’important c’est de foncer et de tenter le coup». Jessica a donc entrepris des démarches à maintes reprises pour intégrer le programme de l’organisme offert aux raccrocheurs à 19 ans et a finalement pu suivre le cours qui s’est étalé sur huit mois.

«J’avais déjà de bonnes bases en service client, mais le principal atout que j’ai retiré du programme aura certainement été ma capacité à m’exprimer davantage. Ça ne paraît peut-être plus maintenant, mais je suis quelqu’un de plutôt gêné de nature», fait remarquer la gérante qui a particulièrement apprécié la mise sur pied de sketchs se déroulant dans un magasin au sein du programme de CFM.

Carburer aux défis

Manifestement, la jeune femme indique avoir vécu un «accomplissement» en retournant suivre cette formation au Carrefour Formation Mauricie. «Je sens que je peux continuer et j’ai le soutien de mon conjoint dans tout ça», mentionne Jessica qui a récemment arrêté de fumer la cigarette en duo avec son copain. Depuis peu, elle entreprend aussi le défi de compléter son secondaire dans un programme particulier, toujours en compagnie de son amoureux. «À deux, c’est plus facile!»

Si Jessica est déterminée à passer tous ces échelons, la jeune femme le fait, car elle a développé une estime de soi précieuse. «Je sais que je suis bonne dans ce que je fais. Dans le passé, si un restaurant où je travaillais fermait, mes clients me suivaient dans mon nouveau lieu de travail. Certains sont déjà passés de Grand-Mère à Lac-à-la-Tortue pour rester avec moi», illustre l’employée qui a désormais appris à perfectionner ses relations avec les clients.

«L’important pour moi c’est que le client ressorte du commerce satisfait. Si l’un paraissait malheureux ou bougon à son entrée, j’essaie qu’il quitte plus joyeux», précise-t-elle. La gérante du magasin La Seconde Chance doit, en plus de l’inventaire du commerce et du service client, gérer du personnel. Constituée d’une vingtaine d’employés qui ont pour la plupart des troubles psychologiques ou sociaux, la tâche de gestion n’est pas mince. «J’adore ça, je travaille mieux sous pression et lorsque la tâche est importante!»

Épanouie, la jeune femme semble avoir obtenu plus qu’une attestation grâce au programme du CFM, elle y a acquis une seconde chance professionnellement. Prochaine étape? «Obtenir mon diplôme du secondaire, mais à mon rythme. Ah… et je viens d’acheter une maison avec mon conjoint à Saint-Gérard-des-Laurentides», conclut Jessica le sourire dans la voix.