L’appel du bénévolat au temps de la crise

SOLIDARITÉ. En ce temps de crise historique, la solidarité est plus importante que jamais. C’est ce que prouve une fois de plus la communauté alors que de nouveaux bénévoles sont venus prêter main-forte à l’équipe du Centre d’action bénévole (CAB) de Grand-Mère.

On ne le cache pas, une grande majorité des bénévoles dans les organismes est âgée de 70 ans et plus. Le cœur sur la main, beaucoup d’entre eux sont même impliqués depuis des dizaines d’années. Mais quand le gouvernement Legault leur a demandé de rester à la maison, leur quotidien, de même que celui des services bénévoles auxquels ils contribuent, ont été bouleversés.

«75% de nos bénévoles sont confinés à la maison parce qu’ils ont 70 ans et plus, explique la directrice générale du Centre d’action bénévole (CAB) de Grand-Mère, Sylvie Gervais. Ça nous a amenés à revoir notre fonctionnement pour nos services essentiels.»

Il faut savoir que le CAB de Grand-Mère compte 300 bénévoles. De ce nombre, une partie s’implique de façon ponctuelle, par exemple à la guignolée des médias, au Noël des Nôtres, etc. Mais de façon hebdomadaire, 120 à 130 personnes font partie des différentes équipes. Du jour au lendemain, le CAB s’est donc retrouvé avec une pénurie de bénévoles pour opérer ses services, plus essentiels que jamais!

«Par exemple, dans le service de popote roulante, sur 90 bénévoles, il en est resté 6», note Mme Gervais. Si on a pu combler avec les autres bénévoles est les nouveaux venus en renfort, cela confirme néanmoins l’importance des personnes plus âgées dans la communauté.

«C’est là qu’on voit l’apport des aînés dans le milieu communautaire. Quand tu perds 75% de tes effectifs à cause d’un virus, tu vois que les aînés sont vraiment actifs, admet la directrice. Les aînés, c’est ma ressource première!»

S’ils travaillent souvent dans l’ombre, ils apportent énormément à leur milieu. «Quand je vois les aînés dans les CHSLD qui sont en détresse présentement, ça me touche beaucoup, car ce sont pour plusieurs des personnes qui ont fait beaucoup de bénévolat dans leur vie, qui ont contribué à bâtir le Québec.»

Votre place est gardée au chaud!

On le sait, l’équipe et les bénévoles du CAB de Grand-Mère forment une grande famille. Donc en ce moment, plusieurs s’ennuient et ont hâte de revenir s’impliquer.

«Nos bénévoles sont des personnes qui souvent sont avec nous depuis 20 ans. Donc d’arrêter de faire ce qu’ils aiment le plus du jour au lendemain, c’est certain que ça les déstabilise», ajoute Sylvie Gervais. Pour garder contact et s’assurer que tout le monde tient le coup, les coordonnateurs des différents services font régulièrement des appels de bienveillance auprès de leur équipe de bénévoles.

Chose certaine, même si on se réjouit de voir de nouveaux venus entrer dans l’équipe, le CAB assure que les «anciens» bénévoles reprendront leurs tâches dès que cela sera possible.

«Ils ne perdront pas leur place, tient à rassurer Mme Gervais. Dès que la situation sera rétablie, ils vont revenir. Mais probablement qu’on va conserver certaines mesures préventives, comme le lavage des mains plus automatique, même après la covid.»

On se retrousse les manches!

Dès les premières journées de la crise, une vague de solidarité s’est fait sentir et des dizaines de noms ont été recueillis via la plateforme web Jebenevole.ca. Depuis, le CAB compte sur de nouveaux bénévoles pour compléter ses équipes et continuer d’offrir ses services essentiels.

C’est le cas notamment de Claire Pépin et Anne-Marie Lacombe, deux amies qui ont décidé de se porter volontaires pour cuisiner pour les personnes âgées qui demeurent à domicile. L’une étant retraitée depuis quelques mois, l’autre depuis deux semaines à peine, elles ont répondu à l’appel au bénévolat du gouvernement Legault et se sont jointes au service de popote roulante.

«C’est pas parce qu’on est à la retraite d’un emploi qu’on occupait à temps plein qu’on devient inactif!», rappelle d’entrée de jeu Claire Pépin.

À raison d’une matinée par semaine, les nouvelles bénévoles se retrouvent dans la cuisine du CAB, à deux mètres de distance évidemment, et préparent 30 repas pour des aînés à domicile. «C’est vraiment agréable, commente Claire Pépin. C’est personnellement très enrichissant. Quand on sait que ce qu’on prépare va s’en aller dans les maisons d’aînés qui vivent seuls.

«Quand on fait du bien aux autres, ça nous fait du bien à nous»

– Claire Pépin

Elles savent que les quelques heures qu’elles consacrent à cette tâche contribueront à faire une différence et même égayer le quotidien d’autres personnes. «J’aime ça, ça fait du bien de faire du bénévolat, raconte Anne-Marie Lacombe. J’imagine toujours la personne âgée qui est seule chez elle et qui reçoit ce repas, c’est réconfortant!»

Les deux amies le confirment déjà: elles ont bien l’intention de poursuivre leurs implications auprès du CAB de Grand-Mère lorsque la vie reprendra son cours normal.

«C’était dans mes projets de faire du bénévolat à ma retraite. Ça fait partie de mon ADN», ajoute Mme Lacombe, dont les parents ont été bénévoles pour le CAB de Grand-Mère et son service de popote pendant une trentaine d’années. «Pour mes parents, le bénévolat c’était toute leur vie! Ils étaient tellement impliqués partout, donc ils nous ont élevés comme ça.»

«Je veux demeurer active et continuer de servir et d’aider ma communauté», termine Mme Pépin, qui compte aussi reprendre son autre implication bénévole laissée en suspend par le contexte actuel, des cours de vie-active à la Résidence Grand-Mère.

De Moisson Mauricie jusqu’aux familles

Le comptoir alimentaire est aussi un service très précieux pour les familles plus vulnérables de la région. Ann Belley, enseignante à l’école secondaire du Rocher, a choisi de profiter de son horaire allégé dû à la suspension des cours pour offrir son temps en bénévolat.

«On ne reste pas là à rien faire parce qu’on s’occupe quand même de nos élèves, mais c’est beaucoup moins prenant que quand on enseigne alors j’avais du temps libre», raconte Mme Belley.

Depuis le début du confinement, elle fait du bénévolat tous les jeudis matin au comptoir alimentaire de Grand-Mère. Cela en plus de ses autres implications, dont le service profs-livraison.

«J’adore ça! Je trouve ça très gratifiant, j’aime me lever le jeudi matin pour y aller!»

Celle qui enseigne à des jeunes de différents niveaux scolaires est bien au fait des difficultés rencontrées par de nombreuses familles de la communauté. «Je trouvais ça particulièrement significatif d’aller donner de mon temps dans le secteur Grand-Mère étant donné que je ne pouvais pas y enseigner.»

«On joint l’utile à l’agréable!»

– Ann Belley

Guy Larivée abonde dans le même sens. Étant enseignant dans le domaine de la santé à l’école Bel-Avenir, ce Grand-Mérois a proposé ses services au comptoir alimentaire de sa communauté, offrant aussi d’aider à implanter un nouveau fonctionnement avec les mesures de distanciation en place.

«On est privilégié, on ne manque de rien, donc je veux redonner à mon tour», raconte-t-il en ajoutant que le travail se fait toujours dans le plaisir, avec des personnes agréables à côtoyer.

De leur côté, le bénévolat se fait le jeudi matin. Pour M. Larivée, la journée commence tôt alors qu’il va chercher les aliments chez Moisson Mauricie, les charge dans un camion et les apporte au comptoir alimentaire de Grand-Mère. Il participe ensuite aux autres tâches à accomplir afin que les paniers soient complétés pour être prêts à être distribués aux familles.

«Je serai à la retraite l’an prochain. J’ai l’intention de m’impliquer dans mon milieu, alors je me suis dit que ce serait aussi l’occasion de voir comment ça se passe, voir si c’est dans mes cordes et si j’aimerais ça. Et la réponse est oui!»

«Ça nous conscientise, ça nous fait réfléchir!», termine M. Larivée.