L’art hybride de Liliane Pellerin
CULTURE. C’est à travers la musique, les mots et l’intervention sociale que Liliane Pellerin déploie son travail et sa réflexion artistiques. Elle présente actuellement à travers le Québec la tournée de son dernier album.
La Grandmèroise d’origine ose aller dans les zones d’ombre, de tourment et de douleur. « Je suis attirée à m’approcher des gens qui souffrent, ce n’est pas tout le monde qui peut faire ça, je pense. Je m’intéresse à la souffrance et à avoir un impact là-dedans parce que ça me fascine et ça m’émeut », témoigne-t-elle.
Liliane Pellerin débute sa carrière en poursuivant des études dans le domaine de l’intervention sociale au Cégep de Trois-Rivières. « De là, j’ai travaillé à l’organisme Point de rue. J’y ai travaillé pendant 10 ans, puis à travers ça, je suis allée faire l’École nationale de la chanson à Granby. Je n’ai jamais fait de cours de musique avant ça, j’ai toujours été autodidacte ». Elle soutient que pendant ses années de travail pour l’organisme Point de rue, il y avait une omniprésence de divers médiums artistiques dans son travail. « Rapidement en intervention, j’utilisais l’art pour être en lien avec les autres. Donc il y a eu toute sorte de projets artistiques que j’ai mis sur pied à Point de rue parce que c’est comme deux affaires que je travaille ensemble ».
En combinant sa musique à ce besoin d’aller vers les autres, l’artiste propose notamment une formule de spectacle dialogue, soit l’idée de faire interagir les chansons et le public afin de créer un espace sain de discussion et de libération d’émotions. « C’est le besoin de connecter à soi pour connecter à l’autre et le besoin de connecter à l’autre pour connecter à soi qui m’anime. C’est pour ça que les rencontres que je fais sont aussi puissantes, parce que ça fait écho à mon cheminement et mon cheminement fait écho au leur », relève Liliane Pellerin.
Quand la nature intervient
La musicienne dévoile une affection particulière pour la nature qu’elle associe notamment à son enfance alors que sa famille avait un chalet au nord de La Tuque. « On allait là-bas aussitôt qu’on avait un peu de temps. On passait l’été là. Comme enfant j’ai eu cette chance de grandir en suivant mon rythme et non pas en étant surchargée. J’ai besoin de la nature moi, on dirait que ça me régule ».
Elle raconte d’ailleurs que c’est dans ce contexte qu’elle a appris à jouer de la musique. « J’ai grandi à Grand-Mère, mais je dis souvent que c’est plutôt au bord du grand lac Bostonnais que j’ai grandi. C’est là que je prenais de l’expansion, que je devenais ce que je suis profondément ». Liliane Pellerin affiche donc un fort lien d’appartenance pour ce secteur de La Tuque.
« Nature et musique sont proches pour moi. Ce sont des lieux de ressourcement. Ce que la nature me fait, puis ce que l’écriture me fait, ça se ressemble. Je pense que c’est pour ça que quand j’amène l’écriture en intervention. Les deux sont des chemins de ressourcement et j’invite l’autre à ça ».
Ouvrir un chemin
L’artiste souhaite à travers sa démarche paver la voie à l’écoute des traumas intériorisés. « J’ai appris plein d’affaires en allant à l’école, ou dans l’adversité, mais par l’intérieur de nous-mêmes, on apprend d’autres affaires. Mon objectif dans l’art s’est de traverser des couches et ouvrir des chemins pour m’aimer mieux. Après ça, quand c’est avec les autres, c’est pour ouvrir des chemins ensemble ».
Elle soulève notamment sa rencontre avec des femmes victimes de violence. « J’ai été approchée pour venir rencontrer des femmes et créer un projet dans le cadre des 20 ans du CALACS. L’organisatrice voulait qu’on parle de reprise de pouvoir, puis comment se relever des défis de la vie, de rapatrier les morceaux, de réhabiter son corps ». Liliane Pellerin a ainsi proposé un atelier d’écriture qui a ouvert à des discussions et des textes desquels elle a construit une œuvre intitulée Un champ de fleurs qui pousse sur l’effondrement du monde. « J’ai été hyper privilégiée de voir des femmes si fortes, puis de prendre parole pour elles ».
Lorsqu’on lui demande ce qui la rend fière, la musicienne parle des chemins possibles. « Ce qui me rend fière c’est assez général… Ce serait que le chemin que je parcours dans ma propre création puisse aussi servir à éclairer et faire sens pour d’autres chemins ».
Pour tout connaître des projets de Liliane de Pellerin, visitez le lilianepellerin.com