Les dignes héritiers du Dr Honorius Ricard

COMMUNICATION.  C’est un mode de communication qui existait il y a déjà plus d’un siècle mais encore aujourd’hui, à l’ère des satellites et des réseaux cellulaires, la radio-amateur compte encore ses irréductibles défenseurs.

Fondé en 1982, le Club de radio-amateur de Grand-Mère (CRAGM) s’avère un digne héritier du Dr Honorius Ricard qui, en avril 1912 dans son cabinet à Grand-Mère, avait entendu en direct sur son appareil de télégraphie sans fil (T.S.F.) les appels de détresse du commandant du Titanic.

Signe des temps, l’Agence spatiale canadienne organisait en avril dernier un échange via une radio-amateur entre l’astronaute québécois David Saint-Jacques, dans la Station spatiale internationale, et une classe d’élèves de Québec.

«En soirée durant la saison de chasse à l’automne, ça ne dérougit pas, tu entends tout le monde sur les ondes», explique Jean Doucet, secrétaire du CRAGM qui compte 165 membres. «On a déjà été 275», ajoute le président Normand Joncas, expliquant que devant l’amélioration du réseau cellulaire, un grand nombre d’utilisateurs délaisse ce mode de communication.

Plusieurs membres du CRAGM proviennent de l’extérieur de la région, justement parce qu’ils possèdent un chalet en Haute-Mauricie et que le seul moyen de communiquer avec leurs proches demeurait jusqu’ici la radio-amateur.

Le CRAGM possède deux répéteurs sur une tour de 80 pieds située au sommet d’une montagne à la sortie de Grandes-Piles. Du haut du Mont Washington, aux États-Unis, à près de 400 km de Shawinigan, il est possible d’avoir une communication directe sans relais.

Grâce aux quatre répéteurs du Club radio-amateur de La Tuque répartis sur son territoire, la communication est relativement aisée pour les chasseurs et pêcheurs qui vont rejoindre leur camp en Haute-Maurice. «Il faut juste connaître les fréquences des régions où on se déplace», explique Jean Doucet.

Équipé pour 300$

Le système du CRAGM fonctionne encore en mode analogique mais les administrateurs ne s’en plaignent pas. «Ça griche mais avec un peu de chance, le signal finit parfois par se rendre même s’il y a des montagnes alors qu’avec les nouveaux systèmes numériques, ça passe ou ça casse», explique Pierre Poulin, vice-président du club.

Certains adeptes sont équipés avec des appareils valant quelques milliers de dollars mais avec un mobile à une bande (environ 200$) qui peut être installé sur une table  ou dans une voiture; un power supply (environ 30$) – indispensable en cas de panne d’électricité -; et une antenne (environ 75$), un néophyte peut se lancer à l’aventure.

Une radio-amateur portative de qualité peut se détailler aujourd’hui à moins de 50$ alors qu’il en coûtait plus de 500$ il y a vingt ans. «Mais il faut avant tout ça passer l’examen menant à la délivrance d’un certificat d’opérateur délivré par Industrie Canada», précise Normand Joncas.

«Ça demande quand même une préparation mais c’est bien moins difficile qu’auparavant, explique Jean Doucet. Dans les années 1970, il fallait apprendre le morse et être capable d’écrire 30 mots à la minute», termine-t-il en souriant.

Le saviez-vous?

Afin d’accélérer les interventions en cas d’urgence, particulièrement dans les zones non desservies par les réseaux cellulaires, les codes pour entrer en communication directe avec la Sûreté du Québec, la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) et le service d’urgence aéroporté AIRMÉDIC ont été programmés dans le répéteur du Club de radio-amateur de Grand-Mère.