Lumineuse dans l’ombre

CHRONIQUE. Les familles anciennes québécoises avaient de nombreux enfants et chacun d’eux se voyait attribué un rôle à jouer au sein de la maisonnée. Chaque rejeton savait se forger une voie d’accomplissement qui le rendait heureux, harmonieux, productif et satisfait de lui-même. La famille de souche que je vous présente en fait bien la preuve dans ses branches générationnelles et fraternelles.

La famille de Anita Matteau et de Ovila Lacoursière, de regrettée mémoire, comptait huit enfants. "Maman Anita était très accueillante et chaleureuse. Elle était non voyante, elle ne voyait rien mais faisait tout dont principalement de remonter le moral de ses proches", de me raconter Madeleine Lacoursière, la 7ième de la famille. Quant à son papa Ovila, elle dira: "Il était très impliqué dans la société principalement du côté religieux. En famille, le dimanche, on écoutait de la musique, on avait droit à de belles lectures de celui qui gagnait sa vie comme imprimeur. Ce sont mes plus beaux souvenirs de jeunesse. Nous avons été élevés dans l’odeur de l’encre, du papier et des livres", de renchérir Madeleine dans un hommage ressenti à l’endroit de ses parents.

Rejetons prestigieux

L’ainée de la famille, Jacqueline, est la mémoire, l’encyclopédie de la famille. Lorsqu’un nom, qu’un fait ou qu’une date nous interpellent, on sollicite son assistance, sa confirmation. Son illustre frère Jacques Lacoursière, historien canadien, conteur hors pair, se fait le chantre d’une histoire vivante et humaine du Québec (Histoire populaire du Québec en 5 tomes). Ses talents de raconteur font qu’il exprime à la radio et à la télé de vive voix ce qu’il a produit par la voie de l’écriture. En page 1619 du dictionnaire "Le Petit Larousse illustré 2014" son nom y figure comme célébrité. Quelle fierté pour sa population d’origine, à l’époque Shawinigan Falls. Que dire de la romancière historique et conférencière Louise Lacoursière, aussi charmante, attachante que volubile lorsqu’elle parle principalement de ses écrits, la vie de Ann Stillman et La Saline. Leurs renommées vont bien au-delà des frontières du Québec. Ils sont l’orgueil de leurs racines démographiques et culturelles, Shawinigan.

Madeleine, la bénévole discrète et rayonnante

Madeleine aura fait carrière dans l’enseignement de 1966 à 1997 avec un riche séjour d’enseignement à Tours en France. De 1977 à 1986, elle fera l’acquisition d’une terre à Ste-Thècle où toute la famille, frères et sœurs, viendra y cultiver, y jardiner. Toutefois, son plus bel apport à la société demeurera son implication sociale bénévole. Elle s’occupera d’échanges étudiants, participera à des comités d’école, s’engagera cœur et âme au CA du défunt organisme Héritage Shawinigan. De plus, elle prendra une part active aux Fêtes du Centenaire de Shawinigan de 2001 à titre de responsable du comité d’histoire et de celui des activités.

Présentement, Madeleine Lacoursière est lumineuse dans ses rôles de secrétaire, de publiciste et de relationniste de la Société d’histoire et de généalogie de Shawinigan. Elle est chaleureuse et attentionnée comme sa défunte maman pour l’accueil des conférenciers des Jeudis pour se parler d’histoire. Elle est rigoureuse comme son frère historien au comité de la toponymie. Dans l’ombre, sans tambour ni trompette, Madeleine est radieuse et rayonnante comme sa sœur romancière pour cet organisme qui existe par et pour ses membres. Elle affirme que ce bénévolat répond à un besoin chez-elle, qu’il la nourrit intellectuellement et affectivement. Elle incite toute personne à se joindre à la confrérie de l’S.H.G.S. Ça évite la déprime hivernale, ça apporte rigueur et discipline, ça crée de belles amitiés, ça permet de travailler en équipe en respectant les différences de chacun.

Les bienfaits du bénévolat

Pour Madeleine, le bénévolat se doit d’être plaisir, engagement sans demi-mesure, désir de se rendre utile, respect de ses capacités et de ses limites sans omettre le difficile apprentissage à dire non. Aux yeux de Madeleine, le bénévole est en meilleure santé. Le bénévolat favorise une plus agréable longévité, il est un remarquable remède pour le cerveau émotionnel. Pour Mado, la serviable, dans l’ombre et le détachement, le bénévolat est la plus noble, exaltante et essentielle contribution à notre société contemporaine.