Malgré l’épreuve et les cicatrices

Un soir de juin, Sylvia Garand, âgée de 37 ans, était loin de se douter que sa vie allait basculer. Non, elle n’avait pas oublié de mégot de cigarette dans son lit, elle n’avait pas non plus oublié de vérifier la pile de son détecteur de fumée. Le fruit du hasard seulement mena la femme à être profondément brûlée au troisième degré sur 91% de son corps.

C’est un mégot de cigarette oublié sur le plancher des toilettes d’un bistrot de Shawinigan qui fut fatal pour Sylvia Garand, le soir du 20 juin 1996. Collé sur son pantalon, le mégot allumé s’est enflammé avec le déplacement d’air causé par l’ouverture de la porte de la salle de bain. Une torche humaine, voilà ce qu’était Sylvia Garand. Encore consciente, elle brûla sur place en quelques minutes.

11 ans plus tard, la Shawiniganaise se bat maintenant pour autre chose, amasser des fonds pour la recherche. Porte-parole québécoise de la Lotopompier 2007, elle affirme que sans la recherche, elle ne serait pas aujourd’hui sur ses deux pieds. «Si la Fondation (la Fondation des pompiers du Québec pour les grands brûlés) n’avait pas existé, il n’y aurait pas eu de recherche, et sans recherche, pas d’hôpital spécialisé, et sans hôpitaux, il n’y aurait pas eu de culture de peau», explique la dame en conférence à la caserne des pompiers de Shawinigan.

Faible, certes, mais dotée d’une force inouïe, Sylvia Garand a su se battre. Un coma de quatre mois, 72 interventions chirurgicales: les médecins avaient prédit qu’elle ne remarcherait plus. «Moi, j’ai décidé de me battre. Mon plus grand défi a été de réapprendre à marcher. Maintenant, je marche avec une canne et j’ai parfois besoin d’une marchette ou d’un fauteuil roulant, mentionne la porte-parole. J’aurais pu rester dans le ressentiment, mais j’ai décidé d’être heureuse.»

Elle qui était enseignante au niveau primaire avant cette soirée du 20 juin continue dans sa vocation pédagogique: elle donne maintenant des conférences un peu partout pour sensibiliser les gens.

Par son histoire qu’elle raconte avec émotions et aussi par sa force et son courage, Sylvia Garand saura toucher les Québécois. Épaulée de près dans la campagne de la Lotopompier par Robert Marien, artiste québécois, la femme de 48 ans et l’équipe de la Fondation sillonnent le Québec pour lancer un cri du cœur. «Environ 80% des accidents c’est du domestique! Une cigarette oubliée, une friteuse, une explosion ou de l’huile», explique le coporte-parole, Robert Marien.

La Fondation des pompiers du Québec pour les grands brûlés

La Lotopompier, la campagne majeure de la Fondation, en est à sa 24e édition. Chaque année, les pompiers, ou tous ceux se sentant interpellés par la cause, peuvent vendre des billets. Près de 500 000$ sont amassés annuellement lors de cette campagne.

Comme l’explique la directrice de la Fondation, Sylvie Tremblay, la Fondation des pompiers du Québec pour les grands brûlés a permis d’amasser jusqu’à maintenant plus de 10 millions$ qui ont servi à l’établissement de deux hôpitaux spécialisés, un à Montréal et un à Québec, qui reçoivent annuellement près de 200 patients chacun, en plus de contribuer à la recherche. De plus, la Fondation a aidé financièrement l’hôpital Sainte-Justine et son centre des "petits brûlés".