Mushers de père en fils

DÉFI. L’athlète de traineau à chiens Martin Massicotte, de Saint-Tite, revient tout juste du Maine où il a remporté pour une neuvième fois la Can-Am International Sled Dog Race, la plus grande compétition d’attelage dans l’Est de l’Amérique du Nord. Depuis l’hiver dernier, le champion partage sa passion avec son fils Étienne, 16 ans, qui s’est lui aussi lancé dans la course.

Le musher Martin Massicotte a débuté cette dernière compétition le samedi 3 mars, à 10h, pour la terminer le lundi 5 mars, à 3h du matin… soit 41 heures plus tard. Le défi ne reposait pas que sur les 400 kilomètres de neige et de froid à parcourir avec ses chiens.

«La piste est en montagne et les temps d’arrêts sont courts. On n’a droit à aucune aide extérieure», explique-t-il, de retour à Saint-Tite quelques jours plus tard. Pas le temps de dormir pendant ces pauses où il doit notamment veiller au bien-être de ses chiens.

Martin Massicotte à l’arrivée.

«Je me rends compte que je cours contre des gars qui font des marathons et des IronMan», observe l’entrepreneur dans le monde de la construction. C’est en effet un sport où il faut pousser son corps à l’extrême. «J’ai passé 48 heures sans dormir. Tu es tout le temps en mouvement, en train d’essayer d’aider les chiens», raconte-t-il. «La première fois que j’ai fait le Labrador 400, ça m’a pris six jours et demi et j’ai maigri de 25 livres. À Dawson, j’ai été quatre jours sans dormir à des températures de -40 à -57 degrés», raconte-t-il.

En plus de ses nombreux titres à la Can-Am International Sled Dog Race, le musher de Saint-Tite a une feuille de route impressionnante.

Son rêve ultime? L’Alaska en 2020 pour se mesurer à la Iditarod Trail Sled Dog Race, un défi de renom de plus de 1800 kilomètres. «Je ne cherche pas à gagner, c’est une mission impossible d’aller courir avec des gars qui ont des chenils cinq fois plus gros que le mien, avec cinq fois plus de personnel. Je veux juste être le premier Québécois à la faire», lance-t-il.

De la relève

Étienne Massicotte, 16 ans, a grandi en voyant la passion dans les yeux de son père. «J’attèle des chiens depuis que je suis jeune… mais ce n’était pas moi qui partait avec eux! J’avais envie d’essayer.»

L’hiver passé donc, l’adolescent s’est impliqué plus sérieusement. «J’ai commencé à m’entrainer et à préparer moi-même les chiens pour les courses», explique-t-il. Son père, qui ne voulait pas imposer sa passion, attendait que la demande vienne de son fils.

Ses débuts dans la compétition sont prometteurs, lui qui vient de se classer quatrième dans le Maine après une course de 160 kilomètres qui aura duré 13 heures.

Cette passion commune rapproche inévitablement un père et son fils. «Maintenant, on se parle de chiens! Personne ne l’écoutait attentivement avant», lance Étienne en riant. «J’ai compris le défi. C’est épuisant! Il faut être constamment aux aguets à l’arrière du traineau, à l’affût d’une bosse, d’une courbe, d’un chien qui bouette, d’un endroit où il faut ralentir. Ça donne le goût de performer tout le temps. Tu veux améliorer tes positions et repousser tes limites», raconte-t-il.

Toujours remettre en question

Martin Massicotte, aujourd’hui âgé de 49 ans, avait huit ans lorsqu’il a commencé à atteler des chiens pour faire des balades. C’est en 1995 qu’il a commencé à faire des compétitions, lorsqu’un ami l’a invité. «Je ne pensais pas en refaire, mais ça n’avait pas très bien été… j’ai donc retenté ma chance l’année suivante.» Il n’a jamais arrêté depuis.

«Ce que j’aime, c’est d’être capable de donner les soins et l’entrainement nécessaires aux chiens pour accomplir une telle performance sans qu’ils ne ressentent de fatigue. Finir une course de 400 kilomètres dans des conditions difficiles et passer le fil d’arrivée avec des chiens prêts à repartir, c’est ça qui a de la valeur à mes yeux, plus qu’une bourse ou une position.»

L’une des clés de son succès? Remettre en question ses techniques. «Ça fait 25 ans que je teste. Je ne suis jamais complètement satisfait, même quand je termine premier.»