Un panier pour aider à se relever
TÉMOIGNAGE. «À un moment donné, j’ai pilé sur mon orgueil. Le manque de sous, le manque de bouffe.» Pas facile de trouver un bénéficiaire des paniers de Noël qui accepte témoigner. Julie (nom fictif), 40 ans, de Shawinigan, a accepté de rencontrer L’Hebdo du St-Maurice.
«Je viens chercher des paniers aux deux semaines et aussi à la rentrée scolaire et à Noël depuis quatre ans», explique celle qui souhaite rester anonyme. «Un jour prochain, je veux que ce soit moi qui donne les paniers», lance-t-elle.
«Je travaillais, j’ai été élevée dans un milieu assez snob, pas juste aisé», confie-t-elle. «J’ai accouché et j’ai recommencé trop tôt. Je suis tombée en dépression. La DPJ est venue chercher deux de mes enfants»», raconte-t-elle. «Je me suis remontée depuis, mais je ne veux pas me priver de voir mes enfants en famille d’accueil. Je veux pouvoir leur offrir quelque chose à manger», poursuit-elle.
«Quand tu es habituée de manger des repas avec une entrée et un dessert et que tu tombes à une croûte de pain, la débarque est toff. Ce n’est pas parce que tu as eu une vie aisée que tu ne peux pas tomber. C’est la façon dont tu te relèves qui te définit. La pauvreté ça n’a pas de visage», explique-t-elle.
Chaque fois qu’elle passe chercher un panier, c’est la fête pour la petite famille. «Ce qu’on n’a pas besoin d’acheter pour mettre sur la table, on peut le mettre ailleurs. Les enfants sont contents, ils font des suggestions de repas. Ce sont des choses qu’on n’achète pas habituellement. Par exemple, des biscuits Oreo, c’est trop cher.»
Elle comprend les préjugés à son endroit, mais elle lance un message. «J’invite tout le monde à venir passer une semaine dans mes souliers. J’ai fait vraiment une grosse dépression. Je suis fière de m’être relevée, mais je ne veux pas retomber, c’est pour ça que je prends mon temps.»
Aujourd’hui, elle envisage un retour au travail et même aux études, possiblement en travail social. «J’en ai voulu à la DPJ. D’un autre côté, c’est peut-être la meilleure chose qu’ils ont faite, même si ça m’a arraché le cœur.»
Petit à petit, elle est confiante que l’avenir sera plus rose. «Comment pourrait-on apprécier le bonheur si on n’avait pas connu le malheur?»