Profession? Serrurier!

MÉTIER. Roger Cooke, 78 ans, est serrurier depuis plus de 50 ans. Il a tout appris au commerce de son père, transmis de génération en génération depuis 1824. Les clés de maison ou de voiture, les serrures, les cadenas et les coffres-forts… il connait!

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«Quand quelqu’un a un problème avec une clé, c’est à Cooke qu’ils pensent», reconnait-il. Roger Cooke a ouvert son propre commerce à Shawinigan en 1974, aujourd’hui devenu une institution sur l’avenue Saint-Marc. C’est son frère qui a repris le commerce familial à Trois-Rivières.

Sans grande surprise, lorsqu’on y entre, on voit surtout…des clés! Au comptoir du fond: trois employés qui vont et viennent au rythme des demandes des clients qui souhaitent un double de clé de maison, qui cherchent à faire réparer une vieille serrure ou encore qui téléphonent parce qu’ils ont égaré leur clé de voiture.

«C’est très difficile de trouver de bons employés. Ça prend quelques années avant d’être le moindrement bon», soutient Roger Cooke qui travaille toujours six jours sur sept.

Minutie et résolution de problèmes

«J’ai appris sur le tas à l’âge de 17 ans», explique le gérant du commerce Paul Lacerte, serrurier depuis 36 ans. «C’est un métier assez technique et manuel, ça prend un à deux ans avant d’être laissé seul.»

«Ça demande de la minutie», appuie son collègue Robert Vallières, serrurier depuis 33 ans, qui s’affaire à modifier le barillet d’une serrure pour qu’elle puisse être utilisée par une clé passe-partout. «Là, je dois jouer avec la hauteur et la profondeur du mécanisme selon les dents de la clé», explique-t-il.

Le tableau des clés n’a plus de secret pour les serruriers. «Quand je regarde une clé, je sais tout de suite que c’est une Dominium Lock, par exemple. Je sais de quelle entrée de clé il s’agit et je peux même visualiser l’intérieur de la serrure parce que je l’ai travaillée.»

Sébastien Bourassa, le plus jeune des trois employés, en poste depuis 2008, a suivi une formation en serrurerie. Ce qui l’intéressait? «La minutie, la résolution de problèmes, la mécanique. Ça marche au millième près», explique-t-il. «On apprend tous les jours.» C’est aussi le fait de rendre service qui l’attirait vers cette expertise.

Les serruriers sont tous biens conscients que leur métier est en pleine évolution avec l’arrivée de la technologie.

Quelques expériences hors du commun

Grâce à son métier, Paul Lacerte a vécu plusieurs expériences uniques, comme la pose de serrures pour Hydro-Québec au réservoir Gouin, où on l’a amené en hélicoptère, ou bien l’installation de serrures dans le fond du parc national de la Mauricie!

Il arrive également aux serruriers de collaborer avec les policiers qui souhaitent ouvrir une porte plutôt que de la défoncer ou encore de changer la serrure d’un expulsé à la demande des huissiers.

Les serruriers sous surveillance

Les serruriers peuvent techniquement… ouvrir n’importe quelle serrure, ou presque. «Il y en a beaucoup qui nous questionnent là-dessus. Quand tu es honnête tu ne penses pas à ça», rigole M. Cooke.

Comment s’assurer que des esprits mal intentionnés ne s’immiscent pas parmi les serruriers? Ceux-ci sont accrédités annuellement pas le Bureau de la sécurité privée, en plus de faire l’objet de vérifications régulières auprès de la Sûreté du Québec.