Redressement héroïque

CHRONIQUE. C’est par la généreuse et authentique confidence d’un homme qui a vécu dans le brouillard et l’obscurité du monde de la polytoxicomanie qu’il m’est possible de confirmer que son témoignage n’a qu’un seul but celui de mettre en garde quiconque consomme des produits dopants qui transforment et déforment la personnalité d’un être humain.

Personnellement, je voue une admiration et une affection pour tous ces êtres qui ayant trébuché surmontent ce fléau qui détruit leur vie et celle de leur entourage. Pour avoir présidé le conseil d’administration du Centre d’entraide aux Rayons du Soleil de 1991 à 2001 sous l’égide de son fondateur feu Jean-Guy St-Onge, je peux mieux en comprendre les effets néfastes mais surtout l’énergie qu’il faut déployer pour se sortir de ce guêpier infernal.

Ce limpide personnage se nomme Léandre "Rocket" Carrier. Il est le 11ième enfant d’une famille de 17, fort bien reconnu pour ses habiletés d’exceptionnel mécano pour l’entretien, la vente et la réparation de tout genre de véhicules récréatifs sur eau comme sur terre. À son atelier Rocket Énergie Mécanique 2000 qui a pignon sur rue au 2013, de la Montagne, à Shawinigan, cet as de la mécanique possède toutes les pièces neuves et usagées pour n’importe quel petit moteur 2 et 4 temps. Laissons sa fille Alexandra nous parler de son père: "Léandre a eu la force et le courage de surmonter les épreuves qui l’ont affecté tout au long de sa vie. Un découragement profond l’envahissait au point de penser à en finir pour de bon avec cette vie d’enfer qui le hantait. Papa a su surmonter et vaincre le mal de vivre qui l’habitait. Cet homme au cœur tendre et généreux a dû se reconquérir lui-même. Il est à mes yeux un homme digne de confiance qui n’hésite pas à partager ses connaissances. C’est un grand passionné doué d’une extrême patience". Quel respectueux et sublime hommage filial!

L’amour de deux femmes lui vaut sa résurrection

C’est par une grâce divine et par l’amour de sa fille Alexandra qu’il doit sa résurrection. "Elle n’était qu’une adolescente de 16 ans mais toujours prête à me supporter dans cet enfer esclavagiste de la boisson et de la drogue", de m’avouer Léandre. "Un jour, la voyant dormir, je l’ai prise par la main, je lui ai tendrement caressé le front, je lui ai dit que je l’aimais de tout mon être, que dorénavant c’est moi qui la protégerais et qui veillerais sur elle, que je ne boirais plus jamais et que je ne tenterais plus de porter atteinte à mes jours", de renchérir d’une voix tremblante, un Léandre, repenti et reconnaissant. Quinze jours plus tard à cette confession ultime, Léandre fit la rencontre de son âme sœur, la charmante Lucie Boisvert qui partage sa vie depuis plus de 18 ans.

Alexandra, la bien aimante, la bien aimée

C’est bien prouvé qu’après de dures épreuves, nos joues peuvent encore laisser perler des larmes de joie. Alexandra ne l’a pas eu facile par la vie tourmentée de son père. Aujourd’hui, elle a atteint la trentaine, née le 16 février 1984. Après avoir suivi des cours de santé animale (2005), de toilettage (2007), de soins infirmiers (2010), elle parachèvera un baccalauréat en soins infirmiers dès le début de session universitaire en 2015. Elle travaille à temps plein au département de chirurgie du CHRM. Elle bénéficie présentement d’un congé de maternité ayant donné naissance à un poupon prénommé Léam, né le 29 juin 2014. Elle dit avoir hérité de la vaillance, de la détermination, de l’audace et de l’exceptionnelle énergie de son père Léandre. Après avoir suivi des cours préparatoires au baptême, fait inusité, elle-même et son poupon Léam Bousquet, ont reçu le sacrement du baptême à l’Église de St-Gérard-des-Laurentides, le 30 novembre 2014. Enfin, Alexandra veut épouser religieusement son actuel conjoint Pascal Bousquet dans un avenir rapproché.

Lucie, la magnifique

Lucie Boisvert, son actuelle conjointe, agit auprès de lui à titre de secrétaire-comptable. Elle est sa source quotidienne d’encouragement et de bonheur. En 2004, Léandre a subi les ravages de l’incendie majeur de son établissement commercial. Alors qu’en pleine nuit, parmi les cendres encore fumantes, des faux amis et même des clients assidus allaient voler ce qui restait de potable que l’on pouvait vendre à nouveau sur le marché noir. En 2012, Léandre, pour vaincre un cancer, doit se soumettre à une très sérieuse intervention chirurgicale. On lui a enlevé une partie de la trachée-artère. Depuis l’intervention chirurgicale réussie, il "pète le feu". Podomètre à la hanche, il marche d’un pas alerte à travers les trois étages de son établissement entre 15 et 20 kilomètres quotidiennement. Aujourd’hui, le bonheur l’habite, il le diffuse à quiconque le côtoie.